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Photo du rédacteurNabil Z.

Les Papes Berbères dans les Timbres Tunisiens.

La Poste tunisienne vient de publier une série de trois timbres aux effigies des trois papes de Rome, d’origine amazighe.


Ces trois papes sont connus. Il s’agit de Victor 1er, Miltiade et Gélase 1er. Ils ont tous les trois marqué leur passage à la tête de l’Église de Rome par des décisions et des réformes historiques. On peut même dire que l’organisation et la structure de l’Église Catholique doit tout à ces papes venus d’Afrique du Nord.

La Pape Victor :

Victor premier a été pape à la fin du deuxième siècle. Il a été contemporain de Tertullien, et a été comme lui, le premier à utiliser la langue latine dans la littérature chrétienne. Car avant eux, c’était le Grec qui était utilisé par tout le monde lettré. Tertullien dans son œuvre philosophique et théologique, et Victor dans son œuvre ecclésiastique. Ce dernier a marqué ses dix années de pontificat par l’organisation rigoureuse qu’il a instaurée au niveau de toutes les églises qui étaient sous son autorité. Il avait engagé un bras de fer avec les églises d’orient, quant à l’instauration d’un calendrier des fêtes liturgiques, à commencer par la fixation de la date de celle des Pâques, si chère aux catholiques. Il s’est ainsi distingué des chrétiens d’Orient qui tenaient à garder et respecter la date déjà fixée depuis des siècles par le calendrier biblique.

Le Pape Miltiade :

Miltiade a eu un pontificat plus court, d’environs quatre années. Il est arrivé au moment où l’Église de Rome était en pleine crise. Il a exercé au quatrième siècle et s’est directement impliqué dans la crise donatiste qui divisait alors l’Église d’Afrique, essayant par mille moyens de réconcilier les croyants entre eux. En même temps, il a contribué à la publication de l’Édit de Milan, reconnaissant à toutes les religions la liberté de Culte, après des décennies de persécution, notamment par l’empereur Dioclétien. Il a été en poste au moment de l’arrivée de l’empereur Constantin au pouvoir. L’une des actions qu’il a menée lors de son pontificat fut la décision de distribuer gratuitement du pain aux pauvres. A cause de ces actions et pour le défendre des accusations donatistes, Saint Augustin le surnomma un siècle plus tard, « Le Père du peuple chrétien ».

Le Pape Gélase :

Il est probablement le plus célèbre des papes berbères, notamment à cause de l’institutionnalisation qu’il avait faite de la Saint Valentin. Le pontificat du Pape Ghilas n’a duré que quatre années également, mais durant lesquelles il a fait des œuvres d’une grande importance pour l’Église de Rome. Gélase a publié de nombreux traités et a laissé de nombreuses lettres. Il a exercé son ministère durant une période de troubles, après la chute de Rome en 410 sous les coups des Vandales puis de l’arrivée des ostrogoths à Rome en 493 au beau milieu de son pontificat qui avait démarré en 492. Il a dû défendre avec acharnement l’indépendance de l’Église par rapport au pouvoir politique, restant intransigeant vis-à-vis des nouvelles autorités qui espéraient pouvoir le contrôler et infléchir la doctrine de l’Église de Rome en faveur de celle de l’Orient. Mais pour Gélase, le domaine spirituel est supérieur au domaine temporel. L’empereur n’est pas prêtre, mais simple chrétien qui doit se soumettre aux préceptes de l’Église. Ainsi, le pape et l’Empereur demeurent souverains, chacun dans le domaine qui lui est propre, sans que l’un se mêle des affaires de l’autre. Gélase a été celui qui a supprimé la dernière fête païenne (les Lupercales) officiellement pratiquée par les romains.

Si la Tunisie a ainsi officiellement célébré les trois papes berbères, il lui reste encore à reconnaitre l’Amazighité du pays. Car en effet sur les effigies de ces trois personnages, il n’est pas fait mention en arabe, de leur amazighité, mais de leur africanité. Mais en français, curieusement, il est dit qu’ils sont berbères. 

La Tunisie a besoin de reconnaître avec courage son amazighité et de la revendiquer pleinement. Car elle fait partie de leur histoire, de leur culture et de leur personnalité. Certes, l’actuel président se préoccupe plus de la Palestine que de l’identité amazighe de son propre peuple, comme quand Boumediene se préoccupait plus du Mozambique que de la restauration de la culture ancestrale de son peuple. Mais il y a en Tunisie de nombreux intellectuels qui ont pris conscience de leur identité réelle. Il y a de plus en plus d’artistes, d’écrivains et de dramaturges qui revendiquent la berbérité de leur pays, réalisant peu à peu que leur identité a été dévoyée par les turpitudes de l’histoire, manipulée allègrement par les politiques qui ont vendu leur âme au diable.

Il n’en reste pas moins que ce premier geste de la poste tunisienne appelle une suite. Et pas seulement en Tunisie. La Libye, l’Algérie et le Maroc ont aussi besoin de s’y mettre. Il y a cinq « Pères de l’Église », tous berbères qui ont besoin également de reconnaissance. Il s’agit de Minucius Félix, Tertullien, Cyprien, Victorinus et Augustin. Il y a aussi de nombreux écrivains de cette époque glorieuse ou les berbères ont inspiré et guidé le passage de la civilisation occidentale, de la gréco-romaine qu’elle était à la judéo-chrétienne qu’elle est devenue.

Nabil Z.

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