Des enfants, peuvent-ils lutter contre tout un système en Algérie ? Alors que des millions d’adultes manifestent contre le régime depuis plus de six mois, Kaouther Adimi met en scène des enfants en lutte contre des apparatchiks, sur un terrain vague de Dely Ibrahim
Kaouther vit en France. Elle a quitté l’Algérie alors qu’elle n’avait que quatre ans. En la retrouvant des années plus tard, elle a été frappée par la situation du pays, et elle a décidé d’écrire pour en parler. Son précédent roman, « Nos Richesses » a obtenu deux prix littéraires, Prix Renaudot des lycéens et le Prix du Style. Mais dès son premier roman, « L’envers des autres », elle a été saluée par la critique et elle a obtenu le Prix de la Vocation. « Les Petits de Décembre » paru au Seuil est son quatrième roman.
Cette dernière publication raconte l’histoire de trois gamins qui se retrouvent régulièrement dans un terrain vague à Dély Ibrahim dans la Banlieue d’Alger, pour y jouer. Terrain de football improvisé, il sert également à toutes sortes de jeux. Qu’il pleuve ou qu’il vente, cet espace servait de lieu d’évasion pour ses enfants, dans un pays qui n’a rien de mieux à leur offrir.
Un jour, des apparatchiks du Système débarquent et décident de s’approprier de ce lieu pour y construire leurs villas de luxe. Mais c’était sans compter avec la résistance de ces enfants qui alertent voisins et famille pour repousser ces intrus.
Avec la rage et l’innocence de leur âge et la volonté de préserver leur terrain, les enfants s’en prennent directement aux deux généraux, qu’ils molestent. La résistance s’est organisée, et elle est menée par Inès, Jamyl et Mahdi, alors que leurs parents mesuraient les risquent encourus en s’en prenant à des gens aussi importants. Mais rien ne peut arrêter ces gamins résolus à préserver leur bien, sans même en mesurer les risques. La tension monte, et la machine du régime se grippe. A travers cette histoire, Kaouther serait-elle en train de faire le parallèle avec ce que l’Algérie vit en ce moment ? Ce texte, a-t-il été rédigé avant le déclenchement de cette révolte populaire ? Ce qui en ferait une histoire d’une prémonition étonnante. Ou bien, serait-ce la manière dont l’auteure s’engage dans le combat contre le système toujours en place, avec ce message subliminal : si les enfants ont réussi, la foule a toutes ses chances de renverser le régime.
Kaoujther Adimi, en plus de son talent d’écrivaine, se montre au travers de ses écrits comme engagée dans le combat politique, même si elle ne se mouille pas au niveau politicien. Elle montre une force intellectuelle intéressante et un avenir à la fois littéraire et philosophique à surveiller de près.
Nabil Z.
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