Nous savons que les premiers Chrétiens d’Afrique du Nord furent Simon de Cyrène et ses deux fils, Alexandre et Rufus. L’évangélisation de la rive sud de la Méditerranée a donc commencé à l’Est de la Libye et a peu à peu, concerné l’ensemble de l’Afrique du Nord.
Dès le premier siècle, Epainète fut l’Evêque de Carthage et des communautés Chrétiennes constituées de Berbères convertis se sont constituées petit à petit dans tout le pays, avec une concentration particulière sur les montagnes des Babors. Mais on s’est longtemps demandé comment l’Evangile est arrivé au Maroc, appelé à l’époque Maurétanie Tingitane. L’ensemble du territoire Nord-Africain était alors appelé Royaume de Maurétanie et était dirigé par Ptolémée de Maurétanie, fils de Juba II. Il a par la suite été renversé par les romains qui ont annexé le pays Berbère. Les pays Maure et Numide furent donc sous domination romaine à partir de l’an 42 et furent annexés à l’Empire.
Mais, cela n’a pas empêché les populations de se déplacer, notamment pour des raisons commerciales. Car il y avait beaucoup d’échanges entre différentes parties de l’Empire et, profitant de cette situation, les nouveaux convertis ont sillonné le pays pour annoncer l’Evangile.
Beaucoup de recherches ont eu lieu pour essayer de comprendre l’histoire Chrétienne du Maroc, notamment depuis ses débuts. Pour cela, deux instruments sont nécessaires : la documentation et l’archéologie.
Sources documentaires :
Concernant la partie documentaire, nous pouvons citer Tertullien qui pour ce qui cite au IIIème siècle « les nombreux territoires Maures » où l’Evangile est prêché. ainsi que « les diverses tribus des Gétules » De son côté, en 251 Cyprien, l’Evêque de Carthage, dans un courrier adressé à Corneille, l’Evêque de Rome, rappelle que son action touchait la Numidie et les Maurétanies. C’est à dire la Césarienne et la Tingitane. Tertullien et Cyprien avaient beaucoup d’autorité et d’influence sur les communautés Chrétiennes des premiers siècles en Afrique du Nord. Et leur réputation avait atteint tout l’Empire.
Les listes des participants aux différents Conciles organisés à Carthage, jusqu’à l’époque de Saint Augustin montrent que malgré l’éloignement de la Maurétanie Tingitane de Carthage, certains Evêques faisaient le déplacement pour y participer. Autrement, ils recevaient des courriers leur expliquant les décisions qui y ont été prises.
Artefacts et objets archéologiques :
Au plan archéologique, on a retrouvé de nombreux objets et artefacts qui attestent que dès le IIIème siècle, il se trouvait des Chrétiens un peu partout au Maroc. Des tessons de poterie à des pierres tombales, des statuettes à des lampadaires, tout indique que déjà, il y avait des communautés Chrétiennes au Maroc. Des inscriptions ont même été retrouvées à Volubilis, l’ancienne résidence secondaire du roi Juba II, indiquant qu’il y avait une forme de vie Chrétienne dans cette région. Mais l’essentiel des traces qui ont été trouvées jusqu’à aujourd’hui, indique que c’est dans le nord du pays qu’il y avait le plus grand nombre de fidèles. Cela n’exclut pas les petites communautés du sud, malgré un début difficile dû à des périodes de persécution.
Arrivée de l’Evangile :
Certains spécialistes considèrent qu’il y a une forte probabilité que l’Evangile soit arrivé par Tingis, l’actuelle Tanger, puisqu’elle était considérée comme la porte d’entrée du Maroc. Située sur la côte Nord du pays, dans le détroit de Gibraltar, elle fait face à l’Espagne et son port pratiquait le commerce aussi bien avec les ville côtières d’Afrique Méditerranéenne qu’avec l’Europe. D’autres mettent l’accent sur les découvertes archéologiques faites dans la région de Maghnia, suggérant ainsi que ce serait de ce côté-ci, c’est à dire l’Est, que les premiers évangélistes seraient arrivés. Toujours est-il que le premier témoignage écrit qui nous soit parvenu sur l'existence des chrétiens au Maroc date de l’an 298 concernant le martyre de celui qui sera appelé Saint Cassien de Tingis, mort décapité pour sa foi.
Les sources bibliques :
Mais comme à chaque fois, l’historiographie officielle ne se base que sur les récits rapportés par la littérature occidentale, ignorant une autre source d’évangélisation qui fut la crucifixion même de Jésus. Car nous savons que ce jour-là, jour de la Pâque biblique, se trouvaient à Jérusalem des Juifs venus de tout l’Empire, et même au delà, pour célébrer la première fête de Pèlerinage de l’année. Il y avait donc certainement des Juifs venus de toute l’Afrique du Nord, dont Simon de Cyrène et sa famille. Cinquente jours plus tard, à la deuxième de ces fêtes, Pentecôte, les Evangiles citent la présence de Juifs venus de Libye, nom donné à l’époque à toute l’Afrique du Nord.
De retour dans leur pays, ces Juifs Berbères ne manquèrent certainement pas de rapporter ce qu’ils ont vu (la crucifixion de Jésus) et ce qu’ils ont entendu (l’effusion du Saint-Esprit), avec le message du Christ. Ces Juifs Numides, Maures ou Gétules ont certainement continué à se réunire dans les synagogues, comme partout ailleurs. Mais avec l’augmentation du nombre de convertis, il y a eu certainement des débordements et les nouveaux Chrétiens ont du commencer à se réunir dans des maisons avant de penser à construire des lieux dédiés au culte, pratiquement tous disparus aujourd’hui. Un flux incessant d’échanges avait lieu entre les différentes villes de Maurétanie : Tanger, Volubilis, Maghnia, puis l’Oranie toute proche. Il ne faut pas non plus oublier qu’en même temps, des conversions ont eu lieu en Espagne et en Catalogne. Car en effet, les sources documentaires émanent du Canon de Muratori nous rapportent que Saint Paul, accompagné des deux fils de Simon de Cyrène, était allé évangéliser l’Espagne et la Catalogne, créant ainsi des communautés locales qui se sont par la suite développées. Et au vu des échanges commerciaux qui avaient lieu dans cette région, les Maures et les Hispaniques ont du largement s’influencer mutuellement.
De Nombreux évêchés ;
Les conversions ont du être nombreuses puisque plusieurs évêchés furent établis. Tanger, Ceuta, Russadir, Lixus, et Oppidum furent les sièges d’évêchés connus. Il y en a eu certainement d’autres dont les noms sont encore débattus, comme ceux de Volubilis et Sala. A la fin du VIIème siècle, les Arabes qui avaient envahi l’Afrique du Nord avaient établi la liste des évêchés qu’ils avaient trouvés et au Maroc fuguraient Lixus, Oppiné, Rouadité et Tiggi.
La fin de la période Chrétienne au Maroc commença à l’arrivée des Musulmans. Idris Ier s’installa à Volubilis en 789 et obligea les Chrétiens et les Juifs à embrasser l’Islam. Et ce fut ainsi également avec ses successeurs. Le dernier Evêque d’Afrique du Nord fut celui de Bougie, Servandinus, mort en 1100. Depuis, nous n’avons presque plus de traces de communautés Chrétiennes importantes. Il a dû certainement y en avoir, mais petites et discrètes.
Nabil Z.
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