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Photo du rédacteurNabil Z.

Les Pyramides d'Algérie Ou Les Djeddars de Frenda

Le pyramides d’Égypte sont mondialement connues, alors que celles de Libye et d’Algérie, restent encore dans l’anonymat, alors qu’elles racontent une partie de notre histoire avec ses gloires et ses magnificences. Qu’en est-il des Djeddars de Tiaret ?



Il existe en Algérie plusieurs monuments historiques de grande importance, et qui ne bénéficient d’aucun statut particulier. Le plus connu est certainement celui connu sous le nom de « Tombeau de la Chrétienne », le célèbre Tombeau Royal de Maurétanie, situé à Tipaza. Vient ensuite le tombeau d’Imedracen à Batna. On peut aussi citer de nombreux autres monuments et villes, tels que le tombeau de Massinissa à El Khroub, les villes de Timgad et de Djemila, etc… Les Djeddar de Tiaret sont pourtant également d’une grande importance, même si les autorités publiques n’ont pas mis les moyens pour les faire connaître.


Les Djeddars sont situés sur des hauteurs à l'ouest de Medroussa, près de Frenda à 30 kilomètres de Tiaret. Ils auraient été construits entre les Ve et Vie siècles de notre ère. Cependant, certains historiens comme Adrien Berbrugger les remonte à une époque plus lointaine, celle des Vandales ou même avant, à l’époque romaine.


Ces pyramides sont au nombre de treize. Seuls trois d’entre eux sont encore en bon état. Les autres ont subis des dommages dus à la fois aux affres du temps et également à la main de l’Homme. Il ne semble pas que le Ministère de la Culture soit pressé de mettre la main à la poche pour préserver ce qui reste et restaurer ce qui est en ruine. C’est en cela que l’Égypte nous dépasse, elle qui a misé sur le tourisme, en valorisant les pyramides et villes anciennes. 


Ces monuments étaient connus des historiens et archéologues depuis longtemps. Gabriel Camps en a parlé, ainsi que d’autres célébrités du monde de l’histoire et de l’archéologie, comme Stéphane Gsell. Les Djeddars ont également été fouillés en 1968-69 par une archéologue algérienne, Fatima Kadra. Ses travaux ont grandement contribué à faire connaitre le site archéologique et ont attiré de nombreux visiteurs sur les lieux. Malheureusement, en termes touristiques, il n’y a aucune infrastructure d’accueil, ni de service de valorisation disposant des moyens et compétences nécessaires.


Tout comme en Égypte, on dit que les pyramides de Tiaret sont des tombeaux royaux. Ce seraient donc des mausolées royaux. Leur existence montre, si besoin est, qu’il y avait des royaumes et des principautés berbères encore du IVe au VIe siècles, et qu’ils n’étaient nullement sous domination étrangère romaine, vandale ou byzantine. Cela démontre également qu’il y avait encore à cette époque une culture et une civilisation purement berbères, et qu’elles étaient tellement large qu’elles partageaient plusieurs caractéristiques avec les autres monuments situés à des centaines et des milliers de kilomètres. 


Caractéristiques des Djeddars.

Les Djeddars au nombre de treize, ont tous des soubassements carrés et une élévation pyramidale. Les pierres de taille ayant servi à leur construction comportent des noms des constructeurs, tous berbères : Ballenis, Zarutum, Acoraiu, Cillia, Cilloa, Ami, Bannorus, Istilani.


 Les dimensions de leur base varient entre 11,5 mètres à 46 mètres. La hauteur maximale atteinte est de 18 mètres. Ces pyramides ont été numérotées de A à M. Celle portant la lettre F comporte dix-huit salles. La pyramide A, comportant huit salles, possède un édifice extérieur servant de salle de culte. Trois d’entre ces pyramides, qui semblent être les plus anciennes, se situent sur le Djebel Lakhdar, tandis que les dix autres se trouvent au sommet du Djebel Araoui, non loin de là. 


A l’intérieur de ces pyramides, on trouve des dessins et inscriptions. Il y a d’abord des formes générales comme des rosaces, des étoiles et des chevrons. On y trouve aussi des représentations d’animaux comme le cheval, le lion, l’antilope et le taureau, ainsi que des scènes de chasse. On y trouve encore des signes distinctifs chrétiens, comme la Colombe (représentant le Saint-Esprit) et le Calice (représentant la coupe dans laquelle Jésus a bu quelques heures avant sa crucifixion). Ces signes et symboles montrent que ces royaumes ou principautés Berbères étaient chrétiens, et datent donc effectivement de notre ère. Il serait difficile de les dater d’avant. La plus ancienne de ces pyramides comporte aussi une inscription latine portant le nom d’un personnage qu’on n’arrive pas à situer dans l’Histoire. Etait-il un prince ou un roi, un haut dignitaire ou un prêtre ? 


Les Djeddars ont été construits en deux partie, durant une période de deux siècles. Les trois premiers l’ont été depuis l’an 320, à en croire la datation au Carbone 14 effectuée sur une des poutres retrouvées sur place. Ce qui nous emmènerait en pleine période romaine, et démontrerait que les romains n’avaient aucune prise sur cette région à cette époque. La deuxième période, pour les dix autres Djeddars a été entamée pendant l’ère vandale, démontrant également la liberté dont jouissait cette région, par rapport aux envahisseurs. Le nom même de Djeddar pose problème, puisqu’il viendrait du mot arabe Djidar qui désignerait un mur. Ce qui semble incohérent comme explication, puisqu’ils datent de plusieurs siècles avant les invasions arabes. Localement, les habitants ont tendance à perler de Ternaten (Tumulus en Berbère ?) qui est aussi le nom de l’endroit où furent construites les dix dernières pyramides sur le mont Araoui. Une des pyramides est appelée actuellement Keskes, à cause de sa forme qui rappelle un couscoussier. 


Il y a de fortes présomptions pour dire que les dynasties à l’origine de ces constructions pourraient être venues des régions situées plus au sud, près du Sahara. Car le type d’architecture se rapproche d’autres constructions qu’on y retrouve. Il s’agirait de dynasties berbères converties au christianisme, à en croire l’architecture intérieur et les dessins et gravures qui y ont été retrouvés.


Le plus ancien document qui rapporte l’existence des Djeddars est un récit d’un historien du Xe siècle connu sous le nom d’Ibn Rakik, ayant vécu sous la dynastie Ziride, et rapporté par Ibn Khaldoun : « Ibn Rakik rapporte qu’El-Mansour rencontra dans une expédition des monuments anciens, auprès des châteaux qui s’élèvent sur les Trois Montagnes (les Djeddars). Ces monuments étaient en pierre de taille, et vus de loin, ils présentaient l’aspect de tombeaux en dos d’âne ». Ensuite, ils semblent être rentré dans l’oubli, jusqu’en 1842 quand un commandant de l’armée française les a découverts. Deux spécialistes se sont alors intéressés à cette découverte et en en font des descriptions assez détaillées : De la Blanchère et Mac Carty.


Sur le plan touristique, il y a un grand intérêt à s’occuper de ce site, comme d’ailleurs tous les autres. Ils racontent une partie de notre histoire et nous permettent de mieux nous enraciner dans notre identité et notre culture. Ils sont aussi un moyen d’attirer des touristes du monde entier, si seulement on prenait soin de les valoriser et de mettre en place l’infrastructure nécessaire à l’accueil des visiteurs.

Nabil Z.

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