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Photo du rédacteurNabil Z.

Les Siciliens jouent à Béjaïa

Le Shuluq Ensemble de Sicile, quatuor de musiciens italiens, est venu, la semaine dernière, présenter un concert au Théâtre Régional de Béjaia, intitulé «L’ile au trésor», dans le cadre du Festival européen de la culture.



Le mot Shuluq veut dire ‘’vent du Sud’’, ou le vent dit Aqebli en kabyle. Vent chaud et sec, le Siroco. Il s’agit d’une histoire réelle, racontée par un poète Ibn Hamdis vivant en Sicile. Cette histoire raconte un événement exceptionnel qui s’est déroulé dans le passé et qui avait défrayé la chronique à son époque. Au large de la Tunisie, non loin de l’ile italienne de Lampedusa, était apparue soudainement une ile sortie des profondeurs de la Méditerranée. Après l’effet de surprise, beaucoup de gens s’y sont installés. L’île suscita la convoitise de trois grandes puissances européennes, désireuses d’étendre leur influence sur le commerce maritime. Le lieu est en effet hautement stratégique, permettant à celui qui s’en emparerait de contrôler la navigation maritime entre l’est et l’ouest de la Méditerranée.


L’Italie, la France et L’Espagne se disputèrent donc la propriété de l’île et la tension entre les trois voisins influa sur la vie des habitants de l’île toute proche de la Sicile. Et c’est là qu’Ibn Hamdis intervient pour raconter de façon poétique cette histoire. Mais celle-ci se termine aussi brusquement qu’elle avait commencé, puisque, quelques temps plus tard, l’ile en question est retournée d’où elle était venue, dans les profondeurs de la mer. Elle disparut et emporta avec elle les convoitises des nations.


Le concert a été exécuté par trois musiciens, utilisant essentiellement des instruments traditionnels. On peut citer le bendir, le mandole et la flûte. De vrais sons de la Méditerranée, avec entre autres Calogero Giallanza à la flûte et Andrea Piccioni aux percussions. Il faut également noter la présence dans le groupe d’un musicologue algérien, Salim Dada au chant et au mandole. Il est Chercheur ethnomusicologue au CNRPAH d’Alger, doctorant en musicologie à l’Université Paris-Sorbonne (IReMus) et compositeur en résidence de l’Orchestre Symphonique Divertimento en Île-de-France. Il participe aux principaux événements musicaux en Europe.


Le récital a été joué comme un dialogue entre le poète et son roi, en quatre langues : arabe, français, italien et sicilien. Il y avait dans l’air plusieurs types de musique : andalouse, chaouie et classique… Ce concert récital a drainé beaucoup de monde. Des curieux venus découvrir un style musical inhabituel, venu de l’autre coté de la Méditerranée. La découverte a plu au public qui en a profité à fond, se plaignant même de la durée trop courte du spectacle (une heure à peine). Les responsables du Festival Européen de la Culture n’écartent pas, d’ici la fin du mois, la possibilité d’une autre surprise, hors programme officiel. Les échos furent en effet très positifs à travers la ville de Béjaïa. Les organisateurs espèrent pouvoir faire plus dans le développement des relations culturelles entre les deux rives de la Méditerranée à l’avenir, notamment avec la capitale des Hammadites.

N. Si Yani

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