C’est un coup de tonnerre qui a eu lieu au Maroc ses dernières semaines. Le roi vient d’autoriser le libre choix de la religion pour tout individus dans son pays.
Ainsi, désormais, le marocain peut changer de religion et adopter celle qu’il veut. L’apostasie ne relève plus du domaine pénal, et le fait de quitter l’Islam pour adopter -ou pas- une autre religion n’est plus passible de la peine de mort.
Le Conseil Supérieur des Oulémas du Maroc a revu sa copie, en réexaminant la Fetwa émise en 2012 qui considérait que l’apostat méritait la peine de mort. Les oulémas ont dû relire et réexaminer les conditions dans lesquelles le Hadith en relation avec l’apostasie a été prononcé. Selon ce Hadith « Quiconque change de religion, tuez-le » a été prononcé dans des circonstance plus politiques que religieuses. Selon ces Oulémas donc, Le Prophète Mohamed parlait dans un contexte politique, puisqu’à l’époque la religion était l’identité même du musulman. Le fait de changer de religion était susceptible de mener l’apostat vers la trahison des siens, mettant ainsi la nation en danger. Le Conseil Supérieur des Oulémas du Maroc, présidé par le roi Mohamed VI, considère désormais, que l’apostasie concerne la personne qui trahit son pays, et non sa religion. Il rappelle que de toutes façons, le Maroc est signataire de toutes les conventions internationales, dont la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen, qui reconnait à tout individu le droit de conscience et de culte, le droit de pratiquer ou non une religion, et le droit d’en changer.
Qu’en est-il en Algérie ? La constitution reconnait effectivement le droit de conscience et la liberté de culte. Mais les personnes qui changent de religion ne sont pas encouragées à pratiquer librement leur culte, surtout depuis la promulgation de la loi de 2016 encadrant les « cultes autres que musulmans ». Malgré sa caducité et son inadéquation avec la nouvelle constitution, les autorités continuent de fermer des églises, arrêter des personnes sous prétexte de prosélytisme et de les emprisonner. Pire que ça, les chiites algériens, bien que musulmans, sont régulièrement inquiétés par les autorités, et les Ahmadites, tout aussi musulmans se sont fait arrêter également. Sans parler du mépris affiché à l’égard des Ibadites qui pratiquent des rites différents, pourtant également musulmans.
Le concept de liberté de conscience ne semble pas être correctement assimilé dans le droit algérien, faisant qu’il reste lettre morte, et qu’aucun gouvernement n’a pris la peine de le préciser en promulguant des lois organiques et des décrets d’application allant dans le sens du renforcement des libertés tant individuelles que collectives.
Le Gouvernement algérien se met en peine de protéger l’Islam, comme s’il avait besoin de protection. Il remet ainsi en question la solidité de la foi des gens, et les encadre pour les empêcher de se poser des questions sur leur foi et de réfléchir sur leur devenir spirituel et leur relation avec le sujet de leur adoration. Qui peut se mettre entre un individu et son créateur ? Qui a chargé une autorité quelconque de réprimer la liberté de conscience, de pratique, de partage et d’échange ?
Dans leur ensemble, les pays du Maghreb auraient dû être les champions de la liberté religieuse, surtout que ce fut un berbère, Tertullien, qui fut le premier à réclamer cette liberté dès le deuxième siècle de notre ère. La liberté en tant que concept et mode de vie a depuis longtemps été perdu en Afrique du Nord. Ne l’ayant pas valorisé, on a été jusqu’à effacer le mot « Amazigh », Homme Libre, pour ne plus s’identifier à l’essence même de Tamazgha, pour se mettre sous le joug des envahisseurs de toutes sortes : romains, vandales, turcs, arabes, français, …
Lé décret ainsi promulgué par le roi du Maroc, devrait servir de modèle à tous les pays de l’Afrique du Nord, non seulement pour une liberté religieuse, mais pour une liberté pleine et entière dans tous les domaines. Car derrière la liberté, se cache un autre concept redoutable, celui de la responsabilité.
Nabil Z.
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