Il y a plusieurs années Redha Malek avait publié un livre intitulé la 7eme wilaya, en faisant allusion à l’action du FLN en France durant la Révolution. Plus tard, et au vu du nombre important d’émigrés algériens vivant à Marseille, la ville phocéenne fut surnommée la 49eme wilaya. Et s’il y avait du vrai dans tout cela ?
Marseille est sans doute la ville la plus ancienne de France. C’est ce qui ressort de l’ensemble de la documentation concernant la deuxième plus importante ville de l’Hexagone. Les spécialistes remontent son histoire au sixième siècle avant Jésus-Christ et avancent l’hypothèse de son occupation première par des colons grecs.
L’histoire officielle parle ainsi de gens venus de Grèce venus y ouvrir des comptoirs pour commercer avec les habitants de la région, avant l’arrivée des phéniciens. Des guerres opposèrent les différents occupants, finissant par donner la victoire à Carthage, qui y resta de nombreuses années.
Selon l’encyclopédie en ligne Wikipedia, « c'est en 600 av. J.-C. qu'est fondée la ville par des colons venus de la ville de Phocée. Elle deviendra la principale cité grecque de la Méditerranée occidentale et principale porte de communication entre les civilisations grecques et gauloises. » Elle ajoute : « Au dernier millénaire avant notre ère, la région était occupée par les Ligures peuple autochtone qui pourrait avoir connu des invasions celtes. De même, les habitants de cette côte purent entrer en contact avec des commerçants Phéniciens, Étrusques notamment, mais aussi ibères. Aux alentours du site de Marseille, dominait un peuple celto-ligure, les Salyens, dont l'oppidum était Entremont, près de l'actuelle Aix-en-Provence. »
Tout indique donc, que la ville de Marseille serait peuplée dès les origines par des populations européennes, sans relation avec les autres peuples, ceux vivant au sud de la Méditerranée. Mais quand il s’agit de demander les raisons pour lesquelles la ville portait le nom de Massilia et non de Phocéa, par exemple, certains avancent l’idée que le nom de Massilia dériverait du grec. Soit, mais alors que tout le monde sait que les grecs ne nomment des lieux qu’en fonction d’une histoire, d’un symbole ou d’une tribu, personne n’arrive à expliquer le sens de ce nom, et sa relation avec une quelconque histoire, légende ou tribu grecque.
Eurocentrisme occidental
Comme à leur accoutumée, les occidentaux sont euro-centristes en tout. L’historien algérien, Mohamed El Hadi Hareche avait pour habitude de dénoncer l’appellation de la civilisation Ibéro-maurisienne par ce nom. Car il insinue que cette civilisation aurait été d’origine ibérique, c'est-à-dire espagnole, alors qu’il n’y a aucun indice qui le montre. Les éléments factuels montrent plutôt que cette civilisation était entièrement nord-africaine. Ainsi, les occidentaux se croient toujours le nombril du monde et que c’est à partir de leur territoire que la civilisation aurait commencé.
Mais voilà, dans le cas précis de Marseille, la toponymie de la ville suggère une autre origine. Et qui est loin d’être européenne. Car Massilia est le nom d’une des principales tribus berbères, dont était originaire Massinissa lui-même. En fait, des siècles avant Jésus-Christ, il y avait deux grandes tribus en Afrique du Nord appelées l’une Massyles, et l’autres Massaessyles. La première fut célèbre grâce à Massinissa qui en a fait le royaume de la Numidie, avec Cirta pour capitale. La deuxième avait été rendue célèbre par Syphax, battu par le premier qui a réussi à dissoudre sa tribu et l’intégrer dans le royaume Numide pour créer la grande confédération des tribus nord africaines.
Marseille et M’Sila
Tout laisse croire donc que les premiers habitants de la ville de Marseille furent les numides Massyles. Il existe encore aujourd’hui une ville en Algérie qui en porte le nom : M’Sila.
L’histoire de Marseille est donc depuis le début, liée à l’Afrique du Nord et aux berbères. Aujourd’hui, c’est une des villes les plus prisées par les migrants des pays du monde entier. C’est un grand port et la ville reçoit des gens qui viennent de partout. Ce qui en fait une ville ou le melting pot n’est pas un vain mot. Il serait temps que les historiens occidentaux se tournent vers la rive sud de la Méditerranée, qui leur a tant apporté et qui va encore le faire.
Nabil Z.
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