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  • Photo du rédacteurNabil Z.

Massinissa Raconté par les Historiens Antiques

Massinissa nous est connu par son mausolée et par les descriptions qu’en ont fait les historiens de l’antiquité. Qui sont ces historiens, et qu’ont-ils dit de Masensen ?


Si ce n’était le travail de trois historiens majeurs, rien ou presque, ne nous serait parvenu du plus grand roi amazigh, fondateur du plus grand royaume de Tamazgha. Ayant encouragé l’apprentissage des langues et l’acquisition du savoir, et ayant envoyé ses propres enfants en Grèce pour s’y former, il ne nous a cependant laissé aucun document biographique nous permettant de mieux le connaître. Ce sont essentiellement trois historiens grecs qui nous ont fait connaître Aguelid Amokrane, le Grand Roi.

Il faudrait cependant prendre soin de rappeler que les œuvres de ces historiens relèvent quelque peu de l’historiographie, et pas toujours de l’histoire. Car en effet, les déclarations qu’ils ont faites ont parfois été critiquées par les historiens modernes qui nuancent les affirmations de ces écrivains, en y apportant des corrections ou des précisions. Si nous citons ces trois auteurs antiques, ce n’est que pour rapporter un échantillon de ce qui se disait à l’époque sur le roi des Berbères. Il est évident que d’autres également en ont parlé.

Polybe :

C’est un historien grec né vers 200 avant Jésus-Christ, dans une famille largement engagée dans le jeu politique de l’époque. Il a été témoins des changements majeurs de cette période et il est devenu la source incontournable sur l’histoire de la République de Rome et de la chute de Carthage, à laquelle Massinissa prit une part active. Le livre de Polybe, « Histoires », est un recueil de quarante volumes. Cependant, tous ne nous sont pas parvenus. Seuls cinq d’entre eux sont complets. Le reste ne nous est parvenu que de manière fragmentaire. 

Polybe chercha avec persévérance à tirer la leçon de ces bouleversements, et à comprendre son époque et son temps. Selon l’Encyclopédie Universalis, « Son œuvre constitue un document capital sur une phase décisive de l'histoire du monde. Esprit d'une rare profondeur, il renouvela la méthode historique, tant au niveau de l'analyse objective des faits qu'à celui de la vision synthétique de l'évolution d'ensemble. Il mérite d'être considéré, avec Thucydide, comme le plus grand historien de l'Antiquité ». Il nous rapporte entre autres, des descriptions très élogieuses de Massinissa et des récits d’une grande partie de sa vie.

Pour lui, Massinissa a fait entrer les Berbères dans la période de sédentarisation en leur apprenant les techniques de l’agriculture. Auparavant, les habitants de Tamazgha nomadisaient à la recherche de pâturages pour leurs troupeaux dont ils se nourrissaient.

Selon l’historienne Ouiza Ait Amara :« L’historiographie antique est très favorable à l’égard de Massinissa. Elle lui a attribué le développement de l’agriculture et le mérite d’avoir sédentarisé des nomades. »  Et elle ajoute : « Mais, c’est souvent par allusion à des évènements méditerranéens indirectement liés à Massinissa que les sources s’expriment sur ce roi. L’image du roi que l’historien grec Polybe a laissée, s’est durablement imposée ». On peut donc dire, qu’à tort ou à raison, c’est Polybe qui nous a construit l’image de Massinissa.

Polybe est donc le meilleur biographe du Grand Aguelid. Il semble même séduit par le personnage, tellement il en est élogieux. Il n’hésite pas à affirmer que « Massinissa, le roi des Numides, fut le meilleur et le plus heureux des monarques de son temps et qu’il régna longtemps avec une parfaite santé. Il vécut très vieux et atteignit l’âge de quatre- vingt-dix ans. Il l’emportait sur tous ses contemporains par la vigueur du corps. Quand il fallait rester assis, il n’éprouvait jamais le besoin de se lever. Il endurait les fatigues que lui imposaient les longues randonnées à cheval poursuivies de nuit comme de jour, sans se ressentir aucunement d’une pareille épreuve ». Il ajoute : « Son œuvre la plus belle, la plus divine fut celle-ci : avant lui, la Numidie tout entière était inféconde et l’on pensait que son sol ne pouvait donner de récoltes. Mais avec ses seules ressources, il prouva que la Numidie pouvait produire toutes espèces de fruits, autant que n’importe quelle autre contrée, en constituant des domaines particuliers de dix milles plèthres qu’il répartit entre ses fils et qui se révélèrent extrêmement fertiles. Il est juste de rappeler cela, pour rendre à sa mémoire un hommage mérité ».

Appien :

Après Polybe, Appien, historien grec né à Alexandrie vers quatre-vingt-quinze avant Jésus-Christ, proche de plusieurs empereurs romains, prit le relais pour parler du grand personnage que fut Massinissa. Il a publié en grec à la fin de sa vie une œuvre monumentale en vingt-quatre volumes dont un consacré à Hannibal et la troisième guerre punique dans laquelle Massinissa joua un rôle décisif. Il rapporte de ce dernier des informations fort-intéressantes :  « Physiquement Massinissa, était un homme plein d’une grande vigueur, même dans son extrême vieillesse, et qui, jusqu’à sa mort prit part aux combats, montant à cheval sans l’aide d’un écuyer. Voici la meilleure preuve que je donnerai de sa vigueur : alors que des enfants lui naissaient et mourraient en grand nombre, il n’en avait jamais moins de dix en vie, et il laissa, à quatre-vingt-dix ans, un enfant de quatre ans ! ». Ses éloges ne s’arrêtent pas là : « Massinissa disposait en personne ses troupes : bien qu’il fût âgé de quatre-vingt-huit ans, c’était encore un rude cavalier qui montait à cru, selon l’usage numide, et s’acquittait de ses fonctions de chef des armées et de simple combattant. De tous les Africains, les Numides sont en effet les plus vigoureux, et leur longévité dépasse celle des autres, qui est grande ». Il ajoute plus loin : « Massinissa fut un homme favorisé par la fortune, auquel la divinité accorda le royaume de ses pères, dont les Carthaginois et Syphax l’avaient dépouillé, et de lui donner une grande extension, depuis la Maurétanie, voisine de l’Océan, jusqu’au royaume de Cyrène, vers le milieu du continent. Elle lui permit ainsi de mettre en culture un immense territoire alors que, dans l’ensemble les Numides se nourrissaient de plantes sauvages, faute de pratiquer l’agriculture, et de laisser à ses héritiers de grands trésors ».  

Strabon :

Le troisième historien est Strabon. Il a publié une immense encyclopédie intitulée Geographica, en dix-sept volumes, ou il donnait l’ensemble des données géographiques disponibles sur le monde à son époque. Le volume XVII était consacré à l’Égypte et la Libye. Ce travail lui a demandé plus de quarante ans de recherches et de rédaction, entre -20 et vingt-trois après Jésus-Christ. Il était également grec et a suivi des formations pour devenir à la fois historien et géographe. 

Parlant de Massinissa, il affirme que « c’est ce prince qui le premier civilisa les Numides et les façonna à la vie agricole ». En cela, Strabon ne fait que répéter ce qu’il aurait probablement lu chez ses prédécesseurs ; Mais cela prouve que l’idée était déjà ancrée dans l’esprit des gens que Massinissa était un grand roi qui a apporté la prospérité à son pays et à son peuple.

Nabil Z.

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