Selon Ibn Khaldoun, il y aurait bien eu un prophète en terre Amazighe : Moussa Ibn Salih. Qui était ce personnage et qu’est ce qui en faisait un prophète ?
Nous avons déjà parlé sur ces mêmes colonnes de deux autres prophètes en terre Berbère : Josué, le bras droit de Moïse, appelé Sidna Youchaâ et la mère de Massinissa. Les légendes construites autour de ces personnages nous privent de l’accès à des sources historiques dignes de confiance. Surtout que le récit biblique, dans le cas de Josué, ne nous permet pas de supposer qu’il ait quitté la terre de Canaan après sa prise par le peuple hébreux de retour d’Égypte après des centaines d’années d’esclavage. Quant à la mère de Massinissa, plusieurs sources grecques et romaines affirmaient son existence et le rôle qu’elle aurait joué auprès de son fils. Cependant, les historiens ne semblent pas en faire grand cas.
Mais, Ibn Khaldoun, dans sa Moqadema, mentionne l’existence d’un prophète chez les Zénètes, dans la tribu des Ifrène ou des Ghomara, du nom de Moussa Ibn Salih, contemporain du roi Juba II. Or on sait que ce dernier a vécu juste avant l’entrée en ministère de Jésus-Christ. Cela veut dire que ledit prophète ne pouvait pas être Arabe et que le Christianisme et l’Islam n’existaient pas encore. Il n’était donc ni musulman, ni Chrétien. On sait également que les tribus des Ifrène et de Ghomara avaient été largement judaïsées, devenant des tribus Judéo-Berbères. Autrement dit, Moussa Ibn Salih devait s’appeler en réalité, Moshé Ben Shelah.
Mais, qu’est ce qui fait que ce Moshé Ben Shelah soit considéré comme prophète ? Et quelles ont été ses prophéties ? Et comment se sont-elles réalisées, si tel est le cas ?
Les Ifrène et Ghomara étaient des tribus Berbères qui ont marqué l’histoire, comme nous le verrons plus bas. Elles se sont judaïsées, ayant accueilli le message de la Torah apporté par des réfugiés Juifs fuyant les violences fréquentes en terre d’Israël, soit au temps des Grecs ou des Romains, après avoir connu les invasions Assyrienne et Babylonienne. A l’époque de Moshé Ben Shélah, tout le Proche-Orient était sous domination Romaine. Mais on ne sait pas à quel moment Moshé et sa famille auraient pu émigrer vers l’Afrique du Nord ou bien, tout simplement, s’ils n’étaient pas des autochtones Berbères judaïsés. Toujours est-il que la tradition prophétique était très ancienne dans la religion Juive. Moïse, Samuel, David, Esaïe, Jérémie, … et Jésus lui-même étaient tous Juifs.
Moshé ben Shelah a donné des prophéties qui se sont avérées justes. Certes, elles ne se sont pas réalisées de son vivant, mais bien plus tard. Ce qui augmente de leur puissance, car elles n’auraient pas pu venir de la déduction de son cerveau ni de l’analyse de son intelligence.
Qu’a-t-il prophétisé ?
Selon Ibn Khaldoun, Moshé Ben Shelah aurait annoncé à son peuple que les Zénètes, dans un temps lointain, allaient fonder un État fort qui allait s’étendre sur une grande partie de la région, allant même jusqu’à menacer les Romains. Ce qui bien sûr, arriva avec les royaumes et dynasties Berbères des Almoravides, des Almohades et des Mérinides dès le 11ème siècle. Les deux premiers royaumes ont même dominé sur l’Espagne en même temps que sur une grande partie du Maghreb.
L’autorité spirituelle de Moshé Ben Shelah s’étendait sur tous les territoires Zénètes et ceux de leurs alliés, allant même jusqu’aux Aurès. Ses prophéties étaient données sous forme de vers et de poèmes en langue Berbère. Ses révélations s’étendaient donc à des temps éloignés, mais aussi à son époque. Il a beaucoup travaillé à unir les tribus Zénètes pour combattre contre Juba II et ses alliés Romains. D’ailleurs, sa mort en l’an 10 de notre ère a été attribuée à Juba II qui voyait en lui un ennemi dangereux.
Mais avant de mourir, Moshé Ben Shelah annonça l’imminence de l’arrivée du Messie. A des milliers de kilomètres de là, comment pouvait-il savoir que ce dernier venait de naître dans un modeste village de Judée, non loin de Jérusalem et que ses parents, craignant pour sa sécurité étaient partis se réfugier en Égypte. Ce n’est que vers l’an 27 que Jésus-Christ révéla sa véritable identité, annonçant qu’il était le Messie, le Fils de Dieu.
Nabil Z.
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