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Photo du rédacteurNabil Z.

Mouloudji, la Star Kabyle de la Chanson Française.

Marcel Mouloudji est né d’un père Kabyle, Saïd, et d’une mère Bretonne, en 1922 à Paris. Après une enfance difficile, il est remarqué pour sa voix et son style, et introduit dans le milieu artistique français.


Marcel Mouloudji est connu pour être auteur-compositeur, chanteur et acteur. Il a connu et côtoyé de grands noms de la scène artistique française : Barbara, Nicole Croisille et tant d’autres. Il fréquente Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir qui sont impressionnés par le personnage et font référence à lui dans leurs œuvre « La Force de l’âge » et « La Force des choses ». Le célèbre poète français, Jacques Prévert se montre émerveillé par le jeune prodige. Il dit de lui : « Quand j’ai rencontré Mouloudji, c’était un enfant, un petit garçon. Il n’avait pas ce qu’il est convenu d’appeler une jolie voix, mais une voix vraie, vivante, troublante, drôle et parfois déchirante, c’était la sienne, la voix des rues, la voix du cœur, il a grandi mais il chante pareil. De là son charme ». Marcel va gravir les échelons un par un, et s’imposera sur la scène française, alors qu’à l’époque, triomphaient des chanteurs comme Georges Brassens, Jean Ferrat, et Jacques Brel. Il commence sa carrière en étant un simple interprète avant de se lancer dans la composition et l’écriture, puis dans la production musicale. En 1953, il obtient le Grand Prix du Disque avec « Comme un p’tit coquelicot ».

Courage politique

En 1954, alors que la France venait de perdre la guerre au Vietnam, la chanson « Le Déserteur » de Boris Vian est interdite d’antenne. Mouloudji va la reprendre, la retoucher et en faire un véritable succès. Dans les années quatre-vingt, cette même chanson a été adaptée en Kabyle par Imazighen Imoula. Mouloudji signe avec cette chanson le premier pas de son engagement politique. Durant l’Occupation, Marcel vit dans la semi clandestinité, évitant de faire des apparitions publiques. Le film dans lequel il joue « L’Enfer des anges », est sélectionné au Festival de Cannes. Mais le temps est à la guerre, et le Festival est annulé. Mais le film sort quand même, en 1941. Après la Guerre, il s’engage dans le combat contre la peine de mort, soutient le candidat François Mitterrand, et fait de nombreuses apparitions publiques, donne de nombreux galas et assure de nombreux événements musicaux sur la scène musicale française. Sa chanson « Faut vivre » est sur toutes les lèvres des français, et les radios la diffusent en permanence. Un véritable hymne à la vie.

Graeme Allwright

Dans sa maison de disque, il encourage de nouveau talents. Il les encadre, les produits et les accompagne vers la gloire. C’est ainsi qu’il découvre un talent venu de Nouvelle Zélande, un certain Graeme Allwright. Celui-ci a la particularité de reprendre des chansons de la musique Folk américaine, totalement inconnues de la scène française. Il les traduit et les adapte. Il reprend ainsi Woody Guthrie et Leonard Cohen. Ses chansons sur l’aventure, les voyages, l’amour et l’amitié font mouche, et Mouloudji, après avoir produit son premier Album, convainc laMaison de Disque Philips de le produire, pour mieux le distribuer et le faire connaître, au vu de ses réseaux et de ses grands moyens.

Mouloudji fait aussi du Cinéma, et joue de nombreux rôles qui le font remarquer comme un excellent acteur. C’est dans le film « Claudine à l’école, sorti en 1937 que le rôle du petit Moulou lui a été confié. Depuis, il est connu par son nom de famille qui est devenu son nom d’artiste, Mouloudji.

Décès de Marcel Mouloudji

Mais dès le début des années quatre-vingt, Marcel se sent fatigué. Malgré la sortie d’un nouvel album et une grande tournée dans toute la France, il sent le besoin de prendre du recul. Il publie un livre sur sa jeunesse « Le Petit invité » en 1989. Deux ans plus tard, il publie un autre livre « La Fleur de l’âge ». Malgré la maladie qui l’a diminué, il continue de chanter. Et donne un dernier récital à Nancy en 1994. Une année plus tard, il s’éteint à Paris et est enterré au cimetière du Père Lachaise. Mais les français ne l’ont pas oublié, puisqu’ils lui ont dédié un square Marcel Mouloudji dans le 19eme arrondissement de Paris, Une rue Mouloudji à Lyon, et une école au nord de Paris.

Riche répertoire

Marcel Mouloudji laisse un impressionnant répertoire constitué de près d’une trentaine d’albums, entre enregistrés entre 1953 et 1994, et plusieurs participations dans des œuvres collectives. Taos Amrouche l’avait interviewé en 1962 sur Radio France dans l’émission Etoile de Chance », et les échanges furent très vifs. La journaliste voulait lui arracher des informations sur sa façon de travailler, son inspiration et ses relations, et l’intrépide Mouloudji a su subtilement se défaire des pièges de sa compatriote. Il y reconnait cependant ses origines, et la vie dure qu’il a vécue enfant, sa mère ayant été dépressive et son père aux moyens modestes.

Il est certain qu’aujourd’hui, presque personne en Algérie ne connaît le fils de Leflaye dans la commune de Sidi Aich dans la wilaya de Béjaia. Tout comme on ignore l’origine des stars comme Edith Piaf et tant d’autres. Plusieurs des chansons de Mouloudji sont disponibles sur Internet. Il serait de bon ton de les découvrir.

Nabil Z.

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