A son époque, le mot Afrique désignait le territoire situé entre l’est de l’Algérie et l’ouest de la Libye, avec la Tunisie au centre. Nonius Marcellus était bien un génie berbère qui a fait avancer la civilisation occidentale.
Macellus a souvent été surnommé le « Péripatéticien de Thubursicum », un village appelé aujourd’hui Khemissa ou il est né, non loin de Constantine. Il a vécu entre le 4eme et le 5eme siècles, donc contemporain de Saint-Augustin. Il est l'auteur d'un lexique, intitulé « De compendiosa doctrina », en 20 parties ou chapitres, dont les douze premiers concernent les questions de langue et de grammaire. Les huit autres de sujets quant à eux concernent des domaines techniques comme la navigation, l’habillement, la nourriture et l’armement.
Le travail de Nonius a consisté à réunir des travaux déjà existants et de les compiler, de sorte à offrir aux lecteurs un outil unique comprenant une multitude de sujets. Il cite ainsi les travaux de Verrius Flaccus et Aulu-Gelle, de Cicéron pour l'Hortensius qui avait été longuement utilisé par Saint Augustin, le De finibus bonorum et malorum et le Cato Maior de Senectute. Marcellus a non seulement réussi à rassembler toutes ces œuvres, il a aussi eu le mérite de les avoir conservé, car beaucoup d’entre elles ont disparu depuis tout ce temps. Et si les spécialistes en savent quelque chose, c’est grâce aux citations faites par Nonius Marcellus dans son dictionnaire. L’histoire littéraire de l’antiquité lui doit donc beaucoup.
Plus tard, plusieurs écrivains vont nommément citer le dictionnaire de Nonius, reconnaissant ainsi lui devoir quelque chose, puisque sans son travail, les travaux de nombreux autres écrivains auraient disparus à jamais. C’est ainsi que le contenu de ce dictionnaire recense les travaux d’érudits dont la liste va de Plaute à Apulée.
On sait cependant peu de choses sur Nonius. Le titre complet de son travail, Noni Marcelli Peripatetici Tubursicensis de Conpendiosa Doctrina ad filium, indique qu'il était un philosophe péripatéticien. Une inscription à Thubursicum (Khemissa), consacrée par un certain "Nonius Marcellus Herculius" en 323, indique que sa famille était basée dans cette région.
Nonius cite aussi plusieurs autres compilateurs du 2eme siècle, comme Aulus Gellius, et il est lui-même cité et loué trois fois par Priscien au 5ème siècle. Selon l’encyclopédie d'Histoire et de Littérature Classique de Cambridge, il était probablement actif dans la première moitié du 4ème siècle, bien que quelques érudits du 19ème et début 20èmes siècles aient pensé qu'il pourrait avoir vécu plus tard dans le 4ème ou même dans le 5ème siècle.
Le De compendiosa doctrina est l'une des principales sources d'œuvres perdues de la République romaine, y compris les tragédies d'Accius et de Pacuvius, les satires de Lucilius et l'histoire de Sisenna. Il se compose de mots, d'une courte définition, puis de citations d'auteurs utilisant ces mêmes mots. Il a été imprimé sous différents titres, y compris De proprietate latini sermonis et De varia significatione Verborum. C'est l'un des trois principaux dictionnaires latins préservés de l'Antiquité, avec celui de Festus, qui était un résumé de l'œuvre de Verrius Flaccus, De verborum significatu, et des Etymologiae d'Isidore de Séville.
La recherche de W. M. Lindsay et plus tard de Strzelecki a montré que Nonius possédait lui même beaucoup de ses lemmata (entrées) dont la première citation pour chacun de textes grammaticaux antérieurs qui sont maintenant perdus. Le reste des entrées et les citations supplémentaires, il les a tirées de 41 livres qu'il possédait ou empruntait à une bibliothèque locale. Pour chaque section (soit un livre ou une entrée de lettre dans un livre), Nonius a travaillé à travers de 41 listes à partir de 41 volumes dans le même ordre, d'abord pour trouver la citation principale, puis encore pour des citations supplémentaires. Basé sur cette méthodologie, on peut déterminer si Nonius cite un auteur de première main ou pas.
La Doctrine conserve des fragments des premiers dramaturges, des annalistes, des satiristes et des écrivains de l'antiquité. En organisant des citations d'auteurs, Nonius suit toujours le même ordre, en commençant par Plaute et en terminant par Varro et Cato. Les grammairiens Priscien et Fulgentius ont emprunté en grande partie de son livre, et au 5ème siècle un certain Julius Tryphonianus Sabinus a publié une édition révisée et annotée.
La Doctrina a été éditée avec des notes par J. Mercier en 1614 à Paris sous le titre De varia significatione Verborum.
Nonius a aussi écrit un certain nombre de lettres sur la négligence de l'étude, mais qui sont perdues et auxquelles il se réfère dans la Doctrine.
Le nombre de médecins, philosophes, artistes, écrivains et théologiens berbères est donc important, à la fois en nombre, mais aussi en qualité. Nonius Marcellus est l’un de ces génies produits en Tamazgha, mais que ses propres frères ne connaissent pas. Le fait de les déterrer ainsi, permet de les porter à la connaissance du public amazigh qui devrait non seulement en être fier, mais aussi le revendiquer et se l’approprier. Quant à espérer un jour les voir faire partie des manuels scolaires, il y a encore beaucoup à faire.
Nabil Z.
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