C’est vers quinze heures du dernier jour de festival, le quatre novembre, que le commissaire du FITB, Omar Fatmouche, a réuni l’ensemble de la presse qui a couvert la septième édition du Festival international du Théâtre à Béjaïa.
Présentant le bilan de la semaine écoulée, le commissaire du FITB a commencé par rendre hommage à la famille de la presse, sans qui, ledit festival n’aurait pas eu autant d’écho au niveau national et même international, puisqu’un correspondant du célèbre journal égyptien Al Ahram et un autre du Daily Mail de New York étaient présents. Un hommage appuyé a, ainsi, été rendu aux médias publics, nommément cités, au détriment de la presse indépendante, pourtant présente en grand nombre. «Nous avons atteint tous les objectifs que nous nous sommes fixés», a affirmé Omar Fatmouche. «80% des pièces présentées, cette année, sont de meilleure qualité que celles de l’année dernière», a-t-il ajouté. Dans l’ensemble, il cite également le respect global de la programmation, et les spectacles qui ont bien été répartis entre les différents lieux de représentation : théâtre de rue, TRB, maison de la culture, Bordj Moussa, résidences universitaires, Amizour, Tichy et Sidi Aïch.
L’édition de cette année, à en croire le commissaire du festival, a beaucoup axé ses efforts sur la formation. D’ailleurs, plusieurs formateurs de haut niveau ont animé des ateliers au niveau de la maison de la culture, et il y a eu des conférences sur de grands thèmes du théâtre comme celle consacrée à Meyerhold, le fameux spécialiste russe de la biomécanique théâtrale, ainsi que la conférence relative à la musique dans le théâtre. Omar Fatmouche rappelle aussi, que comme chaque année, à l’occasion de ce festival, un colloque international est organisé autour d’une thématique particulière. Pour cette septième édition, c’est le thème du «Rite et du Sacré dans le théâtre» qui a été choisi. Le niveau de cette rencontre entre spécialistes a été particulièrement relevé avec la présence de l’ancien mufti de Marseille, Soheib Benchikh. Omar Fatmouche, lors de cette conférence de presse de clôture a, également, rappelé que pour la première fois, un ministre de la Culture a été présent et a même assuré son ouverture officielle. Une manière de rappeler que l’événement, quoi qu’institutionnalisé depuis longtemps, commence à attirer le regard des officiels qui tiennent à s’afficher en ce lieu particulier et à ce moment précis.
Concernant la participation, Omar Fatmouche a surpris tout le monde en avançant le chiffre de quatre-vingt à quatre-vingt-cinq mille participants. Selon lui, en retrait par rapport à l’année dernière où on avait évalué la participation à plus de cent mille personnes. Ce chiffre a fait réagir les journalistes qui lui ont demandé sur quelle base cette évaluation a été faite. Les responsables du FITB ont comptabilisé également la foule qui avait été présente dans les rues à l’inauguration du festival, ainsi que celle qui se trouvait à la place Gueydon à la célébration du premier novembre et dans l’ensemble, tous les badauds qui ont été présents aux côtés des troupes à toutes les représentations. Pas seulement ceux qui ont gagné les salles de spectacles. Les visiteurs étrangers ont été toujours selon Omar Fatmouche, surpris par le nombre et la qualité des spectateurs. Un des points positifs que le commissaire du FITB a tenu à souligner, c’est que ce festival a été un véritable lieu de rencontre entre spécialistes du théâtre, puisqu’à cette occasion, plusieurs conventions ont été signées entre différentes troupes venues de différents pays, comme celle engagée entre le Sénégal et la Hongrie, ou bien encore entre l’Allemagne et l’Algérie. Toujours à l’actif de ce festival, il faut signaler la présence de plusieurs représentants diplomatiques de pays étrangers, dont celui de la Hongrie, avec la présence de l’ambassadrice en personne qui a tenu à réserver des places dès maintenant pour la prochaine édition, promettant que son pays reviendrait en force l’année prochaine pour participer plus activement à cet événement. L’Autriche, la Suisse et la Croatie ont également «réservé» leurs places pour la huitième édition du ce FITB.
Cependant, Omar Fatmouche en bon communicateur, a su éviter de parler des vraies insuffisances de l’édition de cette année. Même s’il est vrai que les coupes budgétaires n’ont pas permis de réaliser tout le programme comme souhaité on ne peut s’expliquer par exemple, l’absence du théâtre Amazighe, dans une ville amazighe qui a tant besoin de se faire connaître, et de faire connaître sa civilisation et sa culture. De même que la commune ne s’est impliquée que très peu encore une fois, en ne faisant pas le nécessaire pour créer une atmosphère festive partout dans la ville. Rien n’a été fait pour encourager les magasins à ouvrir plus tard que d’habitude, et les moyens de transports ont cruellement fait défaut en soirée, empêchant les habitants des quartiers éloignés de profiter des spectacles nocturnes. De plus, à l’occasion de la célébration de l’année de la lumière, telle que décidée par l’Unesco et le FITB en a fait son symbole, Béjaïa, ville de la Bougie et de la lumière n’a pas brillé par son illumination. Pas de guirlandes lumineuses ni animation visuelle dans les rues et les quartiers tout au long de ce festival. Rappelons enfin, l’absence des autorités politiques et culturelles de la région pendant ce festival. Nos sénateurs, députés et autres responsables des bureaux locaux des partis politiques, ont brillé par leur discrétion, sinon leur absence. Les politiques se sont donc tenus à l’écart du festival et n’ont pas honoré l’événement organisé dans leur région par leur présence. Certains ne se sont manifestés qu’à l’occasion de la venue du ministre, pour s’éclipser une fois Mihoubi reparti. On ne doit leur réapparition qu’à l’occasion de la célébration du premier novembre en présence du wali.
Ce dernier semble plus important à leurs yeux que le public et le théâtre, quitte à décevoir par un tel comportement. Dans l’ensemble, cette septième édition du festival international de Béjaïa a été une réussite, même si plusieurs imperfections restent à prendre en charge. Et comme l’a rappelé son commissaire, Omar Fatmouche, «ce n’est en réalité que la quatrième fois que ce festival se déroule à Béjaïa. Auparavant, il avait lieu à Alger. Il a besoin de s’améliorer et se perfectionner pour se stabiliser. J’ai visité plusieurs festivals un peu partout dans le monde, dont celui d’Avignon en France qui existe depuis plus de soixante ans, et il souffre toujours d’un certain nombre d’insuffisances». Alors patientons et soyons plus vigilants pour la prochaine édition.
N. Si Yani
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