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Photo du rédacteurNabil Z.

Nouveau Livre de Boualem Sansal: Le train d’Erlingen ou La Métamorphose de Dieu

L’écrivain algérien à succès, Boualem Sansal vient de publier un nouveau roman chez Gallimard. Il fait suite au précédent- 2084-dans sa thématique, puisqu’il est encore une fois question de l’intégrisme. Il sortira le 15 Août prochain.



Cette fois-ci, l’histoire se déroule en Allemagne. L’auteur de « Gouverner au nom d’Allah » a imaginé une situation inextricable. Un village en Allemagne entièrement investit par des migrants.

«Je plaisante, je plaisante, mais la situation est affreusement désespérée. L’affaire était louche dès le début pourtant, l’ennemi n’est pas tombé du ciel, il sortait bien de quelque trou, verdammt, un enfant l’aurait compris. Quand avons-nous cessé d’être intelligents ou simplement attentifs?» 

La problématique de la prise de pouvoir par les islamistes, y compris en Europe hante l’écrivain. Il se lâche et laisse son imagination l’entraîner dans un scénario catastrophe. Voici l’histoire telle que présentée sur le site de Gallimard son éditeur :

Ute Von Ebert, dernière héritière d’un puissant empire industriel, habite à Erlingen, fief cossu de la haute bourgeoisie allemande. Sa fille Hannah, vingt-six ans, vit à Londres. Dans des lettres au ton très libre et souvent sarcastique, Ute lui raconte la vie dans Erlingen assiégée par un ennemi dont on ignore à peu près tout et qu’elle appelle «les Serviteurs», car ils ont décidé de faire de la soumission à leur dieu la loi unique de l’humanité. La population attend fiévreusement un train qui doit l’évacuer. Mais le train du salut n’arrive pas. 


"Il y a en chaque homme un caméléon qui fait cohabiter en lui différentes identités." Telle est la force de l’écrivain Boualem Sansal, aimant adopter de multiples styles pour se glisser dans la peau de divers personnages. Cette fois, il prend les traits d’une victime des attentats de Paris. C’est en tous cas comme ça que le magazine Livres Hebdo présente cet ouvrage.


Pour le moment, il y a encore trop peu d’informations sur le livre. Et on annonce une tournée promotionnelle de Sansal dans plusieurs villes de France. On en saura certainement un peu plus. Mais le peu qu’en disent les libraires nous permet d’avoir un premier aperçu sur son contenu.


Toujours est-il, que comme dans son ouvrage précédent, Boualem Sansal prend des risques regrettables qui affaiblissent considérablement la portée des ses essais politico- philosophiques. Dans 2084, faisant écho au 1984 de George Orwell, il a essayé de se projeter en avant, pour annoncer l’arrivée des islamistes au pouvoir et l’installation du chaos dans le monde. Scénario catastrophiste s’il en est, même si le danger est bien réel. Le problème avec Sansal, c’est qu’il confond souvent religion et Dieu, foi et intégrisme. Il ne semble pas savoir que Dieu n’est la propriété de personne, et que cette image du Souverain Créateur a été manipulée par toutes les religions. Sait-il au moins que la foi peut être vécue de façon intime, sans en faire un instrument de prise de pouvoir politique ?


Le titre choisi pour ce dernier roman n’est pas rassurant à ce sujet, puisqu’il y est question de « métamorphose de Dieu ». Un concept flou, et philosophiquement inconsistant. S’il y a métamorphose, elle est certainement en l’Homme et non dans le divin. Si Dieu se métamorphose, que resterait-il de divin en lui ? En a-t-il à ce point peur qu’il rejette sur lui tout le mal du monde, en faisant mine de s’en dédouaner ? Confond-il entre la crainte que le croyant à de Dieu et la peur qu’en ont les intégristes -et quoi qu’en en dise, les athées ?

« Et si cette histoire n’était que le fruit d’un esprit fantasque et inquiet, qui observe les ravages de la propagation d’une foi sectaire dans les démocraties fatiguées? «  ajoute Gallimard. Car l’angoisse de Boualem Sansal s’étale de plus en plus, tout au long de ses romans. La lecture du « Train d’Erlingen » apportera-t-elle autre chose que de l’angoisse ? Ne risque-t-elle pas de créer chez le lecteur un réflexe de rejet ? Dans ce cas, ce genre de littérature risquerait de s’écarter du plaisir pour plonger le lecteur dans ce qui fait redouter le pire à son écrivain.


Comme dans 2084, Boualem Sansal décrit la mainmise de l’extrémisme religieux sur les zones fragiles de nos sociétés, favorisée par la lâcheté ou l’aveuglement des dirigeants. Et il le fait bien. Sa plume, sa façon de conter, permettent de suive, même lourdement, le cheminement de l’histoire. Surtout quand on a déjà lu Sansal et que l’on constate qu’il tourne souvent autour du même sujet. On devine presque la suite de l’histoire, ôtant ainsi au lecteur toute surprise.


Il est vrai que la littérature a aussi pour but de déranger, interroger et provoquer. Et émettre des idées aussi farfelues soient-elles est dans l’ordre des choses littéraires. Cependant, on peut constater que malgré les idées ingénieuses de l’auteur, il n’arrive pas à percer dans son pays, se contentant le plus souvent d’émerveiller les allemands, suivi de pas tant que ça de français. En Algérie sa littérature semble lourde et parfois même, indigeste. En plus du fait que ses livres demeurent chers, Sansal n’arrive même pas à percer dans le milieu universitaire, chez les enseignants et étudiants. Alors que la thématique qu’il aborde avec tant de courage est partagée par tous, le style Sansal reste marginal dans la littérature algérienne. C’est un peu dommage, car avec le talent qui est le sien, il aurait pu contribuer à élever le débat dans ce pays, et installer sa thématique comme sujet incontournable d’autant plus qu’il reste d’une actualité brûlante. Boualem a préféré le reléguer aux calendes allemandes du future, qui marquent ainsi de façon décisive un décalage avec le calendrier Chachnaquien.


Nabil Z.

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