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Photo du rédacteurNabil Z.

Oublier Tipasa, de Georges Nizan

Tipasa n’a pas fini d’inspirer écrivains et poètes. Depuis l’antiquité, elle a fait couler beaucoup d’encre. Le dernier roman de Georges Nizan lui est consacrée.


Nous sommes en 1957, en plein dans la guerre d’Algérie. A Paris, Henri Atlan, reporter photographe indépendant réputé, coule des jours insouciants. Il est dans sa quarantaine et rêve de devenir de plus en plus important dans ce métier en plein développement. Mais il y a un élément qui trouble sa quiétude : « les événements d’Algérie ». Henri a laissé un peu partout dans ce pays cinq fois plus grand que la France, sa famille. Des juifs qui y vivent depuis de longs siècles, totalement fondus dans le paysage social du peuple autochtone. Rien ne semble distinguer les ancêtres d’Henri de ceux de son environnement immédiat. A part peut être la religion. Mais cela ne constituait pas un obstacle pour lavie commune entre les différentes communautés vivant sur les terres de Massinissa.

La censure imposée par le gouvernement français faisait que les informations reçues dans l’Hexagone était fortement filtrée. Seul le courrier que lui envoyait régulièrement sa mère lui révélait l’ampleur de la gravité de la situation.

L'appel au secours que lui envoie sa mère décide Henri à prendre l'avion pour Alger. Il apprend que son jeune frère Simon qui était révolté par le comportement des troupes françaises dans la Ville blanche, a rejoint le FLN. Henri part le chercher dans la campagne algérienne. Ses recherches l’emmènent à Bordj, ou il retrouve Jacques Chevrier, colon à la tête d'un domaine. Un homme intègre et juste, apprécié de tous. Mais ce n’était plus le temps de l'humanisme et le domaine n'est pas épargné par la violence aveugle.

Le livre de Georges Nizan interpelle sur une partie méconnue de l’histoire de l’Algérie. Il aborde également la question de l’engagement d’un certain nombre de juifs dans les rangs de l’ALN. Combien étaient-ils, et comment le FLN les considérait-il ? Certes, ce n’est qu’un roman, mais son histoire interpelle. Entre les magnifiques descriptions de l’Algérie faites par l’auteur, et le climat de violence qui est décrit dans le livre, on est balancés entre beauté et horreur. Un livre plein d’émotions, qui interroge sans donner de réponse, tout en poussant délicatement le lecteur à réfléchir sur une histoire qui nous a été sciemment cachée.

L’auteur,Georges Nizan est architecte de formation. Il est devenu réalisateur de documentaires et écrivain. Il a publié de nombreux ouvrages, dont Le duc de Naxos et réalisé une quinzaine de films documentaires, dont Les Témoins de la Bible : les Juifs de Djerba, L'Apocalypse joyeuse, Chroniques du Danube, Arthur Koestler, du commissaire au yogui, Jazz movie in Paris : Henri Texier Quintet.

Oublier Tipasa, Georges Nizan, l’Harmatan, Mai 2019.


Nabil Z.

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