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Photo du rédacteurNabil Z.

Parution «Dialogue Islamo-Chrétien… La Kalâa des Béni Hammad» de Kamel Drici

Kamel Drici est enseignant dans le domaine de l’hôtellerie et du tourisme. C’est un spécialiste de l’histoire d’Annaba, notamment l’antique Hippone, dont il est spécialiste des sites archéologiques de l’époque de Saint Augustin.



Kamel est très au fait de l’histoire de l’Afrique du Nord en général et de celle de l’Algérie en particulier. Depuis 1994, alors qu’il découvrait Annaba dans son aspect historique, il ne cesse de correspondre avec des spécialistes de diverses communautés, dont celles des Pères Blancs, à qui il ne manque pas d’envoyer un courrier circonstanciel à l’occasion de la fête de Noël. Dans ce livre, Kamel Drici retrace l’histoire du dialogue entre musulmans et chrétiens dans l’histoire de l’Algérie, insistant sur le fait que le respect de l’autre et le dialogue avec les communautés de courants différents remonte à la nuit des temps, avec le dialogue entre Saint Augustin et les donatistes. Il retrace aussi l’histoire de l’Emir Abdelkader qui avait fortement contribué à sauver les chrétiens de Syrie, ainsi que les actions de Fatma Nath Mansour et sa fille Taos Marguerite Amrouche.


Le dialogue avec l’autre semble être une constante de la civilisation berbère, à l’exemple, aussi, du royaume des Hammadites. La Kalâa des Béni Hammad, située près de Msila, a été construite par un chrétien de la région en 1007, nous informe Kamel Drici. Son nom était «Bouniache». Plus tard, alors que les Hammadites déménagent à Bougie, le sultan El Nacir se rend compte qu’il existait une forte communauté chrétienne dans cette ville. Il n’hésite pas à s’adresser au Pape de Rome pour lui demander d’envoyer, dans son royaume, un évêque pour s’occuper de la vie spirituelle de la communauté chrétienne de la ville. C’est ainsi que « Grégoire, serviteur des serviteurs de Dieu» répond favorablement à la demande du roi de Bougie. «Ta noblesse nous a écrit cette année même pour que nous consacrions évêque suivant la loi chrétienne, le prêtre Servandus». Le remerciant pour les cadeaux qu’il lui a fait parvenir et la libération des captifs chrétiens retenus à Bougie, le pape ajoute : «C’est certainement Dieu, créateur de toutes choses, Dieu sans qui nous ne pouvons rien faire ni même penser de bon, qui a inspiré à ton cœur cette bonne action, car il éclaire tout homme venant en ce monde et il a éclairé ton esprit à cette occasion. Dieu tout-puissant, en effet, qui veut que tous les Hommes soient sauvés et aucun ne périsse, n’apprécie rien tant chez chacun de nous que l’amour du prochain, après l’amour de Dieu».


Poursuivant sa lettre, le souverain Pontif ajoute : «Depuis qu’ils connaissent par nous la grâce que Dieu t’a accordée, plusieurs nobles de Rome admirent sans réserve ta bonté et tes vertus et les publient». Exprimant ainsi son admiration et son soutien pour le souverain Hammadite, le pape assure El Nacir de son désir de développer leur relation, et lui envoie des émissaires à même de répondre à ses demandes. Il termine sa lettre par une formule fort agréable : «Nous demandons des lèvres et du cœur qu’il (Dieu) te reçoive lui-même, après un long séjour ici-bas, dans le sein de la béatitude du très saint Patriarche Abraham». Kamel Drici développe son ouvrage en insistant, qu’en terre amazighe, la tolérance a toujours existé et que les échanges de toutes sortes ont toujours prévalu entre les berbères et les européens. Un hommage a ainsi été rendu à plusieurs acteurs de l’histoire berbère en Algérie, en commençant de l’antiquité relevant au passage l’existence de papes berbères, à l’exemple de Gélase et Victor, mais aussi de pères berbères de l’Eglise, à l’instar de Saint Augustin. Les rapports entre les berbères musulmans et l’Europe chrétienne ont toujours existé et le génie berbère a contribué à les maintenir et les développer. De plus, et grâce à ce fameux «Bouniache» et à la demande d’El Nacir de recevoir un évêque pour s’occuper de la communauté chrétienne locale, on découvre, qu’au sein même de cette population, il existait des courants de pensée et de culte différents, et qu’ils vivaient côte à côte, sans que des incidents majeurs n’aient été rapportés par l’Histoire.


L’ouvrage de Kamel Drici se laisse lire facilement. On y apprend beaucoup de choses dans ce livre de moins de quatre-vingt pages. Il mériterait d’ailleurs d’être approfondi, tellement le sujet est intéressant. Le lecteur prendra plaisir à faire ce voyage dans le temps. Il ne manquera pas d’être éclairé sur un certain nombre de sujets, dont la problématique demeure d’actualité. On y découvre, même succinctement, l’existence d’une pluralité de pensées de cultes et de philosophies au sein des sociétés berbères. La démocratie n’était pas qu’un simple slogan chez les Amazighs, elle était vécue au quotidien, et l’Occident en restait admiratif, même si sa propagande disait le contraire. «Dialogue Islamo-Chrétien» de Kamel Drici, aux éditions odyssée, au prix de 250 dinars.


N. Si Yani

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