Une étude publiée dans la revue scientifique Nature révèle que les études génétiques n’ont trouvé aucune trace de la présence des arabes dans la péninsule ibérique. Par contre, le gène amazigh y est fortement présent.
La péninsule ibérique est diversifiée sur le plan linguistique et possède une histoire démographique complexe, y compris une longue période de domination musulmane. L’article en question, intitulé « Modèles de différenciation génétique et empreintes de migrations historiques dans la péninsule ibérique » présente l’étude de la structure génétique à petite échelle de sa population et les impacts génétiques d'événements historiques, en utilisant de puissantes méthodes statistiques basées sur des haplotypes pour analyser 1413 individus de toute l'Espagne. Ce qui représente un échantillon tous les 10 km.
Une équipe de chercheurs composée de
Clare Bycroft,
Ceres Fernandez-Rozadilla,
Clara Ruiz-Ponte,
Inés Quintela,
Ángel Carracedo,
Peter Donnelly &
Simon Myers
ont donc identifié un axe majeur de différenciation génétique est-ouest et des preuves de mouvements historiques de population du nord au sud. Ils ont trouvé des fractions d'ascendance nord-ouest africaine variant d'une région à l'autre (de 0 à 11%) chez les Ibériques d'aujourd'hui, liées à un événement de mélange entre des populations sources européennes et du nord-ouest africaines. Cet événement a été daté entre les années 860 et 1120 de notre ère, ce qui implique des impacts génétiques plus importants au début de la moitié de la domination musulmane en Ibérie. Dans l’ensemble, les résultats de cette étude indiquent des impacts génétiques clairs des mouvements de population associés à la fois à la conquête musulmane et à la Reconquista espagnole.
La différenciation génétique au sein des populations humaines ou entre elles (structure de la population) a été étudiée selon diverses approches sur plusieurs années. Récemment, les chercheurs se sont intéressés de plus en plus à l'étude de la différenciation génétique à de fines échelles géographiques. L’identification d’une telle structure permet d’étudier l’histoire récente de la population et de déterminer le risque de confusion dans les études sur les associations, en particulier lors de tests de variantes rares, souvent apparues récemment.
L'impact culturel et linguistique de la domination musulmane sur la péninsule ibérique est bien documenté, mais les archives historiques sont limitées dans sa capacité à informer de l'ampleur, du moment et de la répartition géographique du brassage génétique entre immigrants et ibériques indigènes plusieurs siècles après la conquête initiale. Des études génétiques antérieures avaient rapporté des signaux d'addition provenant de l'Afrique subsaharienne et / ou de l'Afrique du Nord à la péninsule ibérique à un moment donné. Cependant, les estimations de la date de ce mélange varient considérablement, allant de 74 générations (~ 100 avant JC) à 23 générations (~ 1330 de notre ère). Les estimations des proportions moyennes globales d'ADN de type africain dans la péninsule ibérique varient également, allant de 2,5 à 10,6%. Des différences au sein de la péninsule ibérique ont également été signalées à 11,26, sur la base de comparaisons entre les régions échantillonnées, les fractions les plus élevées étant observées dans les régions occidentales de la péninsule ibérique (par exemple, 21,7% dans le nord-ouest de la Castille) et les fractions inférieures dans le nord-est (par exemple, 2,3% dans laCatalogne). Les estimations du moment et de l’ampleur du mélange tendent à varier en fonction des populations de référence supposées représenter les groupes de mélange ancestraux (par exemple, Marocain ou Sahraoui), ainsi que de l’hétérogénéité de la composition ancestrale des échantillons ibériques modernes utilisés dans la période actuelle.
Les Espagnols modernes ont des fractions d'ascendance différentes selon les régions et appartiennent à un groupe très similaire aux Africains du Nord-Ouest modernes. Cette ascendance africaine, identifiée sans faire d'hypothèses préalables particulières sur les populations sources, résulte d'un événement d'addition daté de 860 à 1120 de notre ère, ce qui correspond au début de la domination musulmane. Nos résultats indiquent qu'il est possible de discerner des impacts génétiques clairs de la conquête musulmane et des mouvements de population associés à la Reconquista espagnole.
Structure à grande échelle de la population en Espagne
Après analyse des données de la matrice de génotypage en phase pour 1413 individus espagnols, il est apparu qu’il existe en fait, 145 groupes distincts, ainsi qu'un arbre hiérarchique décrivant les relations entre les groupes. Les chercheurs ont utilisé les données génétiques uniquement dans l'inférence, mais ont exploré la relation entre lastructure génétique et la géographie en utilisant un sous-ensemble de 726 individus pour lesquels des informations géographiques étaient disponibles et les quatre grands-parents sont nés à moins de 80 km du centre de gravité de leur lieu de naissance. Leurs grands-parents étaient probablement nés vers la fin 19eme et début du 20èmesiècle. Ladistribution spatiale de la structure génétique décrite dans cette étude refléterait donc celle de l'Espagne à cette époque.
Ces résultats révèlentdes schémas de structure de population riche et fine en Espagne. Les Portugais ont été regroupés avec des Galiciens, ce qui montre que cette tendance s'étend à toute la péninsule ibérique. En effet, plutôt que de refléter principalement les frontières politiques modernes (communautés autonomes), la structure génétique à grande échelle de la région est remarquablement similaire aux frontières linguistiques présentes dans la péninsule ibérique aux alentours de 1300 de notre ère. Les chercheurs ont confirmé cela via des tests plus formels basés sur des simulations : l'association de la structure génétique avec le langage est statistiquement significative, même en tenant compte à la fois de la distance physique et de l'appartenance à une communauté autonome. Inversement, une fois la distance physique et la langue prises en compte, il ne reste aucune association significative avec la communauté autonome.
L'impact génétique des migrations historiques
L’étude a cherché à caractériser la relation entre les Ibères (espagnols et portugais) et des groupes non ibériques, afin de comprendre dans quelle mesure les migrations récentes en dehors de la péninsule ibérique ont influencé l’ADN des temps modernes en Espagne. Les chercheurs ont construit un ensemble de données combinées de 2 919 personnes originaires d'Espagne, d'Europe, d'Afrique du Nord et d'Afrique subsaharienne, divisés en vingt-neuf groupes.
Comme résultats, nous constatons que sur les vingt-neuf groupes, seuls six ont apporté une contribution effective dans l’évolution de la carte génétique de la péninsule ibérique, avec un apport supérieur à 1%, parmi lesquels on trouve des français, des italiens et des irlandais, en plus de l’apport basque. L’apport nord-africain est également important, mais varie fortement selon les régions de la péninsule. Il faut aussi noter la présence d’une population originaire du Sahara Occidental et de l’Afrique de l’Ouest. Mais ces derniers semblent être d’émigration plus récente que celle des nord-africains. La présence nord-africaine dans la Péninsule Ibérique semble avoir été constante depuis onze générations.
L’étude génétique confirme la présence de nord-africains en Espagne depuis l’arrivée des musulmans. Il y eut environs trente mille soldats et un nombre inconnu de civils qui ont occupé la région, en se dispersant un peu partout. Et ce, jusqu’en 1249 et le début de la Reconquista qui a abouti à l’expulsion des Maures en 1492. Six groupes de populations nord-africaines ont été ainsi identifiés. Curieusement, un de ces groupes a été trouvé en Galice, région non islamisée, ou 11% des habitants portent le gène berbère. Pour les régions plus au sud, et jusque dans le pays basque, le génome berbère reste présent en forte proportion.
Ce qui fait conclure aux auteurs de cette étude, que le génome ibérique (espagnol et portugais) est essentiellement composé d’autochtones, de français, d’irlandais, d’italiens, de berbères et de subsahariens dont la présence est récente dans la Péninsule. Pas de traces significatives d’autres populations, dont les arabes. Ces derniers ont de tout temps affirmé leur occupation de l’Andalousie durant sept siècles. Mais les études génétiques prouvent au contraire, que la seule présence en Espagne qui ne soit pas européenne à l’époque, était celle des berbères. La science vient donc au secours de l’histoire et la corrige avec des faits objectifs, quantifiables et vérifiables. Ce n’était donc pas une occupation arabe de l’Espagne, mais bel et bien berbère. La confusion faite entre arabité et islamité a ouvert les portes à une manipulation idéologique, glorifiant des fossoyeurs et humiliant des héros.
Nabil Z.
Comments