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Photo du rédacteurNabil Z.

Paysages Musicaux: De la Chanson kabyle à la Musique Universelle

Dernière mise à jour : 7 août 2020

Ait Menguellat fait partie du patrimoine musical algérien depuis une cinquantaine d'années. Il est le poète de la chanson kabyle par excellence. Celui qui a su imposer son genre musical par la rigueur de son travail. Rachid Sairi l'a bien remarqué. Il a donc porté quelques unes de ces œuvres sur la plateforme de la musique universelle.


Un certain nombre de Chefs d'Orchestres en France ont remarqué le talent exceptionnel de ce jeune kabyle travaillant à Universal Musique. Il a été détecté lors de la présentation d’un album dont il avait fait les arrangements. Les patrons du géant de la musique ont demandé à le rencontrer et lui ont proposé du travail. Il y côtoiera la crème du monde culturel et de la Jet Set française. Il y découvrira aussi un monde nouveau, d’une dimension qu’il ne connaissait pas. Son passage à Universal va lui ouvrir les yeux sur les possibilités qui s’offraient à lui. C’est ainsi qu’il fréquentera l’Ecole de Musique de Pantin à Paris.

Rachid Sairi est né à Tizi-Ouzou. Mais tout de suite après, il se retrouve à Paris ou il a fait sa scolarité. Les maths et la géographie n’étaient pas tout à fait sa tasse de thé. Il préfère la poésie et la musique. Il s’essaie aux instruments et il aime ce qu’il découvre. Mais dès l’adolescence, il rentre en Algérie pour s’installer avec ses parents à Azazga. Il travaille dur et perfectionne sa maîtrise des instruments de musique. Avec le temps, il deviendra arrangeur pour plusieurs grands noms de la musique algérienne : Ferhat Imazighen Imoula, les Abranis, Idheflawen, Ali Meziane, Louiza, Tinhinane, Yugherthen, Malika, Rabah Asma, et tant d'autres noms de la chanson kabyle.

Universal Music

Pendant quelques années, Rachid travaille dans un studio d’enregistrement à Akbou. Mais sa soif de connaissance et son talent le poussent à aller plus loin. L’Algérie devenait musicalement trop étroite pour lui. Alors, il repart en France en quête de moyens de se développer davantage et de mieux exprimer son talent dans un univers musicalement plus favorable. Tout en travaillant à Paris comme arrangeur pour quelques chanteurs, il perfectionne son art. En écoutant un album qu’il avait arrangé pour un chanteur kabyle, Raphaël Garout, directeur de A-Z Universal Music est impressionné par la qualité musicale du produit et demande à le rencontrer. Ce qu'il avait entendu lui plaisait et son instinct lui disait qu'il y avait quelque chose d'assez exceptionnel chez ce musicien. Rachid Sairi commence sa carrière chez Universal Music, en tant que maquettiste et arrangeur. C’est ainsi qu’il rencontre ou croise plusieurs noms parmi ceux qui comptent sur la scène parisienne. Des Acteurs, des chanteurs, des musiciens, des journalistes, etc...Comme les les acteurs Gérard Depardieu, Jean Reynaud, les chanteurs Elton John, Shimen Badi, les journalistes Patrick Poivre d'Arvor, Emanuel Chain, Jean-Claude Delarue, Guillaume Durand, et plusieurs autres...Il travaille également dans Star Académie et ses patrons lui font rencontrer Jean Jacques Goldman chez lui. Le chanteur et créateur des Restos du Coeur le reçoit à la maison. Rachid se souvient de ce moment exceptionnel. « Il était d’une grande simplicité et d’une grande gentillesse ». Sur le mur du salon, était accrochée la guitare que lui avait offert Colluche pour le démarrage de leur célèbre engagement humanitaire en faveur des défavorisés. Après avoir bien discuté, Goldman dit à Rachid : « Je peux t'aider à devenir quelqu'un d'important avec un seul coup de fil et tu seras sur les rails du succès. Mais les gens vont t'aimer et te respecter à cause de moi, et non pour ton véritable talent. Il vaudrait mieux pour toi que tu galères un peu et que tu te fasses un nom tout seul, sans rien devoir à personne. De toutes les façons, tu as tout ce qu’il faut pour réussir » lui a-t-il ajouté.

Mozart

Le modèle musical de Rachid Saïri a toujours été Mozart. Il passe un temps fou à l’écouter. Quand il parle de lui, on sent la passion qui l’anime au regard de la grandeur du plus grand musicien de tous les temps. Il connaît sa vie, son œuvre, ses amours et toute son histoire. Il a lu tout plein d’histoires le concernant et en parle sans arrêt. « Mozart s'appelle Amadeus, ce qui veut dire, « aimé de Dieu ». Non seulement Mozart était aimé de Dieu, mais Il a fait don de sa musique à l'ensemble de l'humanité » nous a-t-il déclaré. La spiritualité n'est d'ailleurs jamais très loin des propos de Rachid qui a développé une sensibilité très délicate aux choses de l'Esprit.

Paysages

La passion de la beauté et la recherche de la perfection dans la musique qu'avait le jeune Rachid, l'avait emmené à explorer de nouvelles pistes musicales pour créer un nouveau genre et un nouveau style. Plutôt que de composer directement des œuvres classiques, il préfère réunir ses musiques préférées en un seul morceau. Mozart et Ait Menguellat. Il s'attaque donc à la musique classique universelle et adapte quelques grands titres de Lounis en classique. Il intitule son travail « Paysages ». Ce chef d’œuvre tourne aujourd'hui sur Internet. La rumeur l’attribue à l'Orchestre Philharmonique de Kiev. Ait Menguellat lui même, en découvrant ce qui a été fait de sa musique a été ému, reconnaissant la beauté du travail effectué par Rachid Sairi. En France, en découvrant ces morceaux, les professeurs et chefs d’orchestre de l’Ecole de Musique de Pantin, dépendant du ministère de l’Education Nationale l’invitent à jouer devant leurs étudiants. Khodda Wallace, après avoir écouté Rachid dit de lui la chose suivante : « Ayant vu Rachid Sairi à l’œuvre, je sais que je suis devant une légende. Je le remercie d'exister pour la musique ». Cet avis est largement partagé par ses collègues qui, comme le pianiste Johann Lewinsky, déclarait que « « Paysages » est une œuvre sur laquelle chaque musicien trouverais un bonheur inouïe. Notes libres, arrangements dignes d'un Vivaldi, sérénité d'un Mozarien. Cette œuvre est un nouveau plan de recherche pour la musique ». Cet éloge a touché Rachid au plus profond, surtout que le nom de Mozart lui a été associé. Le chef d'orchestre Francis Levillier a quant à lui déclaré à ce sujet « découverte d'un enfant prodigue, ayant écouté les originaux de base, et ce que les recherches ont données, Rachid Sairi est sans aucun doute un musicien qui entrera dans ce nouveau siècle... ». Yochava Swenkint a déclaré la chose suivante : « J'ai découvert une nouvelle forme de composition. Le génie d’Ait Menguellat aux mélodies incontournables, revu par Rachid Sairi. Délice d'une alchimie de deux créateurs. Tout y est... ». Ce que n'a pas démenti le musicologue Pablo Estefan qui dit de lui « ce n'est pas de l'esbroufe, ni du tapage, ni du Cherif Kheddam. C'est de la musique kabyle vraie et pure. Travail de génie... »

Contrairement à ce qu’on serait en droit d’attendre, ces éloges ne lui ont pas fait tourner la tête. Rachid est resté aussi modeste que discret. Caractéristique des véritables génies.

Bled Star

En 2003, Mel Gibson sort son film « La Passion du Christ ». Toute une polémique était née autour de la thématique de Jésus, et la polémique autour de qui a tué le Messie. C’était une période difficile pour les grands labels qui ont commencé à perdre du terrain. Justement, en ce temps là Rachid travaillait sur une idée qu’il avait eu, suite à la sortie de la comédie musicale « Les Dix Commandements » d’Elie Chouraqui. Le thème religieux était porteur musicalement. Alors, pourquoi pas une comédie musicale sur Jésus lui-même ? Il l’appellera « Nazareth » du nom de la ville ou avait grandi Jésus. Une comédie musicale à la sauce Sairi. Ce qui donnerait un produit hors normes, au vu du talent de son créateur. Pascal Nègre, PDG d'Universal Music France qui l'avait reçu était séduit par l'idée de génie de Rachid, car « Jésus » est un thème très populaire donc très vendeur et commercialement très porteur. Pourquoi-pas associer au projet Robert Hossein, l'acteur-réalisateur et metteur en scène français spécialiste de cette thématique ? Mais les temps étaient mauvais pour l’industrie musicale, et ce n'était vraiment pas le moment d’investir dans une nouvelle comédie musicale.

Rachid Sairi rentre en Algérie et tente de mettre son expérience internationale au profit de la promotion de la musique algérienne dans son ensemble, avec les promesses d'aide de ses partenaires internationaux. Kabyle, chaoui, targuie, … Il fait donc des mains et des pieds pour lancer un projet qu'il avait baptisé « Bled Star ». Son idée a séduit bien des gens dans les domaines de la culture et de la politique, y compris au sein même de la présidence de la République qui lui accorde son parrainage. Les sponsors ont promis d'être de la partie, et l'idée avait l'air d''être partie du bon pied et l'Algérie allait se réconcilier avec son patrimoine musical dans son ensemble. Mais Rachid, est un artiste. Pas un homme d’affaires. Ignorant tout des arcanes du pouvoir et des jeux d'intérêt occultes, il s'est laissé planter un couteau dans le dos, trahi par ceux là mêmes qui avaient promis de l'aider. Le projet capote et tombe à l'eau. D'autres ont bien essayé de lui voler son idée, mais rien de comparable à celle de Rachid n'a pu voir le jour jusqu’à aujourd’hui, car biaisée par l'affairisme et l'opportunisme.

De retour à A Azazga, il ouvre un studio d'enregistrement et essaie de se consoler malgré tout, en commençant à refaire de la musique sous le nom de Kotama Musique. Mais Azazga était loin de lui suffire comme espace d'expression. L'espace y est trop étroit pour lui. Il part donc s'installer à Béjaia avec femme et enfant, et travailler pour les éditions Micro-Climat. Il est compositeur et arrangeur, travaillant sur plusieurs dizaines d'albums, pour des gens venus de toutes les régions d'Algérie. En fin de compte, il vient d'ouvrir un nouveau studio à Béjaia, sous le nom « d'Asaph Musique » ou il a commencé à travailler sur de nouveaux albums et à produire des films documentaires historiques et scientifiques. Il vient de terminer la réalisation d'un film historique sur la Révolution vue par des femmes Moudjahidate et veuves de chahids, ainsi que d'acteurs de la Révolution dans la région d'Akbou. Actuellement, il cherche à le faire diffuser par la télévision, mais des problèmes budgétaires retardent la sortie officielle du produit. D'autres projets de films de la même teneur sont sur la table. Actuellement, plusieurs produits musicaux et audio-visuels sont envisagés.

Projets d'Avenir

Dans la tête du génie justement, il y a plusieurs rêves et projets, à l'exemple de ce grand concert qu'il souhaite organiser à Ifri-Ouzellaguen, sur le lieu même de la tenue du Congrès de la Soummam. Son projet, à l'exemple de « Paysages », est de présenter au public la musique traditionnelle et révolutionnaire d'Algérie en reprenant les standards nationaux, en musique classique, en associant de grands noms algériens de la musique universelle. Pour réaliser ces projets fous et de grandes dimensions, Rachid a besoin d'aide, et notamment des sponsors, afin de faire participer les grands noms de l'économie algérienne dans la réalisation d’œuvres uniques, qui marqueront leur temps et l'histoire artistique et culturelle de ce pays. Il y a certainement un effort à faire de la part des entreprises locales et nationales, tant publiques que privées, pour relever le défi de la relance culturelle et du développement artistique en Algérie. Les fonds institutionnels seraient également les bienvenus. Rachid souhaite n'exclure personne de ses projets, pourvue que ces  futures partenaires soient de bonne foi. Les horizons restent pour lui ouverts, et l'espoir lui est permis, pour exploiter à fond ses talents et fructifier des millénaires d'investissements culturels de notre peuple qui a su garder son identité et sa personnalité au travers des œuvres de l'esprit, depuis les temps préhistoriques. Rachid rêve de hisser la musique algérienne à des standards internationaux, et l'exporter, non pas seulement pour divertir les auditeurs étrangers, mais pour faire en sorte que notre patrimoine musical devienne un standard de la musique universelle. Pour le moment, il est urgent de faire en sorte qu'il sorte de son anonymat, en lui confiant des projets sérieux ou en l'aidant à en développer. Car lui seul a l'imagination nécessaire, faite de talent et d'expérience.

Il reste quand même une chose à faire et en toute urgence. C’est la production de l’album « Paysages » pour faire connaître cet œuvre et élever le goût musical des gens et les emmener à la découverte de ce nouveau genre de musique et, pourquoi pas, susciter de nouvelles vocations parmi les milliers de jeunes talents qui se déversent sur le marché artistique national chaque année.


Nabil Z.


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