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Photo du rédacteurNabil Z.

Pour un Prix Littéraire Mouloud Feraoun.

Mouloud Feraoun est sans conteste un des plus grands héros de l’Algérie de ces dernières décennies. Il était instituteur et écrivain et il est mort sous les balles de l’OAS en 1962.



Mouloud Feraoun est un écrivain algérien d'expression française né le 8 mars 1913 à Tizi Hibel dans l’actuelle wilaya de Tizi-Ouzou et a été assassiné par l’OAS le 15 mars 1962 à Alger. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages qui ont marqué la littérature algérienne du 20eme siècle, au même titre que Kateb Yacine, Mohamed Dib ou Mouloud Mammeri.


Parmi les œuvres de Feraoun on peut citer le Fils du Pauvre, sorti en 1939 et salué par la critique. Il a, à cette occasion, obtenu le Grand Prix de la Ville d’Alger. En 1951, il publie La terre et le Sang et obtient le grand Prix du roman populiste. En 1957 paraît son roman Les Chemins qui montent. Et en 1960 il publie une traduction des poèmes de Si Mohand. Il est aussi l’auteur d’un Journal qu’il a tenu entre 1955 et 1962 relatant laGuerre d’Algérie.


Mouloud Feraoun était instituteur et a eu une brillante carrière. Il l’a commencée en 1952 en Kabylie, puis est nommé directeur à Fort National, l’actuelle Larbaa Nath Irathen. En 1957 il obtient une promotion pour devenir le directeur de l’Ecole Nador au Clos Salambier à Alger. En 1960 il est encore promu et devient inspecteur des centres sociaux près de Ben Aknoun. C’est la qu’il sera assassiné avec cinq de ses collègues le 15 mars 1962 par l’OAS.


Les œuvres de Mouloud Feraoun ont effectivement marqué l’histoire de l’Algérie indépendante, puisque certaines d’entre elles ont été intégrées dans les programmes de l’Education Nationale et figurait dans les manuels scolaires à une certaine époque. La plupart des personnes ayant vécu en Algérie dans les années post-indépendance se souviennent de ces écrits qui ont été diffusés maintes fois. Il y a à peine quelques années, son livre « Journal » a été mis en scène pour le théâtre par Walid Bouchebah.


En sa qualité de simple instituteur, Mouloud Feraoun a grandement honoré la famille de l’Education, ayant montré que les instituteurs sont loin d’être improductifs et incapables d’oeuvres de grande qualité. Il a montré que l’instituteur est capable d’écrire et de produire de véritables chefs d’oeuvres, tout en gardant leur liberté de penser et de s’exprimer. A cet égard, Journal est une véritable démonstration de la liberté d’expression que s’était octroyé l’écrivain. Il n’a pas craint de dire ce qu’il pensait et d’exprimer sa désapprobation quant aux événements qui secouaient le pays à cette époque. On ne peut que saluer la mémoire de cet écrivain hors pair, sorti du sein du peuple, ayant réussi à gravir les échelons et à se faire une place dans le concert des penseurs et écrivains.


Prix « Mouloud Feraoun »

Mais comment lui rendre hommage ? Baptiser des écoles et des centres culturels, voire même des places publiques du nom de ce géant de la littérature algérienne paraît amplement insuffisant et indigne de la grandeur de son œuvre. Il est temps de passer à un stade supérieur et honorer la plume et la pensée de ce fils de l’Algérie.


Il existe aujourd’hui dans la famille de l’Education Nationale, riche de centaines de milliers d’instituteurs, de nombreux écrivains, poètes, dramaturges et autres producteurs littéraires inconnus et qui ne demandent qu’à se faire connaître et diffuser leurs œuvres. Souvent, certains d’entre eux vont jusqu’à financer eux même l’impression de leurs œuvres, sans réussir à les faire connaître du grand public faute de marché du livre correctement organisé.


Il est possible cependant de faire d’une pierre deux coups. D’un côté il est possible, et même souhaitable d’instituer un prix littéraire « Mouloud Feraoun » exclusivement destiné aux enseignants. Ce prix récompenserait les œuvres des enseignants de l’Education Nationale dans les trois langues principales, entre Tamazight, Arabe et Français. Il serait même possible de créer différentes catégories, comme celles des romans, des essais, des nouvelles et de la poésie. Les jurys seraient alors constitués exclusivement de retraités de l’Education Nationale, avec des représentation par langue. Ce prix « Mouloud Feraoun » sera alors décerné officiellement à la date du 15 Mars de chaque année, date du décès de l’auteur.


L’intérêt de la chose est multiple. D’un côté, cela permettra de révéler les talents cachés dont regorge la famille de l’Education. D’un autre, cela permettra de stimuler la production littéraire en créant une sorte de compétition nationale annuelle, avec pour récompense le prestige et les honneurs. Mais pas seulement. En s’engageant à enrichir l’ensemble des bibliothèques scolaires du pays par les œuvres des gagnants, la récompense, en termes de droits d’auteur, pourrait être un immense stimulant pour ceux qui cherchent à embrasser la carrière d’écrivain parmi nos enseignants. Cela stimulera également le goût de la lecture, aussi bien chez les enseignants eux-mêmes, que chez leurs élèves et parents d’élèves. Enfin, cela contribuera grandement à relancer la machine de l’édition en Algérie. Machine qui s’est depuis longtemps grippé, n’ayant pas trouver l’huile nécessaire pour la dérouiller. Madame la ministre de l’Education Nationale, serait bien inspirée de travailler cette idée. Nous l’y encourageons.


Nabil Z.

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