Parmi les génies amazighs qui ont laissé leur nom dans l’histoire et la culture occidentale, il y a Priscien de Césarée, un poète grammairien de Cherchell.
Selon E.F. Corpet, « PRISCIEN de Césarée naquit dans la dernière moitié du cinquième siècle (vers 470, soit quarante ans après la mort de Saint Augustin et l’arrivée des Vandales), vécut sous les empereurs Zénon, Anastase et Justin, et mourut probablement sous Justinien, vers le milieu du sixième siècle ». Cet intellectuel hors pair comme nous le verrons, avait été formé par de grands maîtres. « Il eut pour mettre un grammairien nommé Théoctiste, qu’il cite deux fois avec les plus grands éloges. Il professa la grammaire à Constantinople (l’actuelle Istamboul): son rare savoir, l’étendue et la variété de ses connaissances donnèrent beaucoup de succès et d’éclat à ses leçons.
Car Priscien était enseignant. Pédagogue hors pair, il a laissé son nom dans les milieux académiques pendant plusieurs siècles. Ses livres ont été largement copiés et reproduits, et ont servi de référence et de modèle pour tous ceux qui l’ont suivi.
La grandeur de l’homme était reconnue de tous. A ce titre, il a reçu la protection des empereurs qui avaient beaucoup de respect pour lui. En contrepartie, il leur vouait un respect digne de leur rang et n’omettait jamais de les mentionner dans ses œuvres, allant même jusqu’à leur dédicacer ses livres. « La protection de la cour et des grands, qu’il sut se ménager habilement par un panégyrique en vers à la louange de l’empereur et des membres de la famille impériale, et par les dédicaces de ses principaux écrits adressées aux plus considérables personnages de l’empire dû lui attirer de riches et nombreux disciples ». Ainsi, il a eu la joie de compter parmi ses élèves, à partir de l’an 525, les enfants des riches. Car ce que recherchait ce professeur c’était de diffuser son savoir dans tout l’empire. Et seuls des élèves riches en avaient les moyens. Ce qui n’a pas manqué de se réaliser, puisque les livres de Priscien ont fait le tour de l’Europe. « Il eut le bonheur de compter parmi ses élèves, Eutychès d’abord, qui enseigna comme lui la grammaire à Constantinople, et qui rend un bel hommage à ses lumières ; puis Théodore, qui fit plus encore pour sa gloire, en transcrivant lui-même et en multipliant les copies de ses ouvrages ».
Malheureusement, et pendant longtemps, ses poésies, ont été pour la plupart attribuées à d’autres auteurs. « Le plus considérable de ces ouvrages en vers est une Description de l’Univers. C’est un livre que Priscien avait rédigé à l’intention de ses élèves. En bon chrétien de son époque, il avait tenu à rendre hommage à Dieu et à lui seul, évitant soigneusement d’honorer les divinités païennes du monde gréco-latin dans lequel il vivait. On n’y trouve donc, contrairement aux livres de ses collègues, aucune référence à Apollon, Heraclès ou encore vénus. Il écarte également toute allusion à la mythologie profane, et ajoute à la description de chaque contrée le détail, tiré de Pline et de Solin, des richesses minéralogiques et des curiosités naturelles qu’elle renferme.
« Le poème des Poids et Mesures, qui paraît être aussi un ouvrage élémentaire composé par un maître pour ses élèves, contient une nomenclature des différents poids et mesures adoptés par les médecins de l’antiquité, et dont on trouve encore les listes et les figures dans plusieurs traités sur la science médicale ; puis la description des divers procédés employés pour reconnaître la pesanteur spécifique des liquides et l’alliage dans les métaux ».
A partir du constat que les œuvres de Priscien ont été attribués à d’autres, ce génie berbère est longtemps resté dans l’anonymat, avant que des chercheurs ne déterrent la vérité, en retrouvant ses manuscrits éparpillés dans différentes bibliothèques, en Autriche, en Italie et ailleurs. Ces œuvres sont depuis, petit à petit, republiés dans différentes langues, tout en les réattribuant à qui de droit, Priscien de Césarée.
Selon l’encyclopédie en ligne Wikipedia, « Son principal ouvrage est sa grammaire (Institutiones grammaticae), qui a été la base de l'enseignement à partir de la renaissance carolingienne sous l'impulsion d'Alcuin. Les copies manuscrites des Institutiones grammaticae se multiplient alors : on connait 61 manuscrits complets ou fragmentaires écrits entre 790 et 900, tandis que les plus récents se comptent par centaines. La grammaire était l'une des disciplines du trivium qui, avec le quadrivium, formait les arts libéraux, base de l'’éducation au moyen-âge ».
Quand on parle de livre, il faudrait se rappeler qu’il n’était pas rare qu’un livre soit composé de plusieurs volumes faisant ainsi plusieurs centaines de pages. Les Institutiones grammaticaeen dix-huit livres suivent un plan que Priscien veut novateur : Ils contiennent tous les détails de la grammaire latine : le son, la lettre, la syllabe : les parties du discours ; la construction ou syntaxe, partie d'étude qui est une innovation. On a également gardé de lui quelques autres écrits sur des sujets de grammaire, comme l’usage des accents, des mètres et des déclinaisons ; un traité en vers De ponderibus et mensuris, la Périégèse, l'Éloge d'Anastase, etc…
Nabil Z.
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