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Photo du rédacteurNabil Z.

Projection de « Chrétiens d’Algérie » à l’Institut Français d’Alger.

Samedi dernier, fut présenté à l’IFA le documentaire de Jean Dulon « Chrétiens d’Algérie », en présence du réalisateur et de nombreuses personnalités, en plus du public qui a pu réserver une place.


« Chrétiens d’Algérie » est un film documentaire de cinquante et une minutes, dont l’objet est de rapporter la vie de ces religieux catholiques qui vivent et activent en Algérie. Quelle vie mènent-ils, et quel rôle jouent-ils dans la société ? Et encore, quelle est leur place et leur relation avec les musulmans au milieu desquels ils évoluent ? Dans quelle mesure se sentent-ils libres de pratiquer leur foi, et quelle est leur marge de manœuvre dans leur désire d’en témoigner ?

C’est à toutes ces questions, et d’autres encore, que Jean Dulon a tenté de répondre dans ce documentaire très intéressant. Il a pu entrer au milieu de ces petites communautés catholiques (religieux et religieuses) et a montré leurs conditions de vie, somme toutes, très simple. Il les a accompagnés dans leur œuvre quotidienne au milieu de la population locale. L’Église Catholique d’Algérie se répartit en quatre diocèses, ou régions, couvrant ainsi l’ensemble du territoire national. Leur rôle est d’offrir à leurs fidèles les conditions adéquates de l’exercice de leur culte et de la pratique de leur foi. En plus, ces petites communautés se sont impliquées depuis toujours, dans des œuvres qualitatives : formation des jeunes, bibliothèques, cours de couture, de yoga, de macramé, de patchworks, activités de plein air, comme des randonnées, etc… Ils ont ainsi tissé un véritable réseau d’amitié, et comptent plusieurs musulmans parmi leurs amis. Leur crédo : vivre une église « citoyenne » qui a droit de cité sur cette terre d’Islam. Leur travail se veut donc sans message religieux et sans aucune activité prosélyte. 

Cette vision idyllique est cependant rattrapée par une autre réalité, celle des « chrétiens Algériens ». Car ce documentaire fait l’impasse sur l’existence de chrétiens algériens, certes d’autres obédiences, mais chrétiens tout de même. Il faudrait savoir que pour les catholiques, les églises issues de la Réforme Protestante de Martin Luther, Jean Calvin et autres, ne sont pas considérées comme de véritables églises, et peut être même, comme de véritables chrétiens. Les chrétiens algériens qui ont défrayé la chronique cet automne, n’ont trouvé aucune place dans ce documentaire qui n’est pas consacré aux « chrétiens algériens », mais bien aux « chrétiens d’Algérie ». La nuance est importante. Parmi les chrétiens algériens, on compte des évangéliques, des protestants, des adventistes, des méthodistes, etc… Sans grande différence entre eux, d’ailleurs.

Interrogés à ce sujet, un chrétien algérois s’est demandé ce qu’il y avait de véritablement « chrétien » dans ces œuvres caritatives faites avec autant de dévouement et d’abnégation. Ce seraient plus des œuvres humanitaires que proprement chrétiennes. Il affirme ne rien avoir contre ce travail, mais rappelle que le Yoga par exemple, n’a rien à voir avec le christianisme. Il est issu des religions orientales, d’Inde et d’ailleurs… De plus, un chrétien, sans être nécessairement prosélyte, est sensé partager sa foi- l’évangile-, car il y va du salut des gens. Ce que ces personnes ne font jamais. Et notre interlocuteur de nous citer un verset de la Bible qui dit en substance : « A quoi sert-il de gagner le monde si on perd son âme ». Or, selon lui, le plus important est de sauver l’âme des gens, sans négliger les autres besoins. Ce documentaire l’a donc un peu déçu. Il s’attendait à autre chose. Mais il est admiratif du travail de ces religieuses et religieux qui ont tout abandonné pour se consacrer à l’aide de ces personnes qui peu à peu, deviennent une partie d’eux-mêmes. Les gens qui profitent de cet engagement des « chrétiens d’Algérie » viennent de tous les milieux sociaux. Parmi eux, on trouve des gens qui viennent juste pour le plaisir de la rencontre et des échanges, même si derrière, il y a un cours de dessin ou de broderie. Car beaucoup de ces religieux ont appris les langues et dialectes locaux pour mieux échanger avec leurs interlocuteurs. Certains sont arrivés en Algérie depuis plus de quarante ans.

Quoi qu’il en soit, pour le musulman lambda, ces religieux sont des enfants de Sidna Aissa qui leur font du bien. Ils arrivent même à leur parler d’Islam et de leurs pratiques religieuses, sans que ces catholiques ne se sentent offensés. L’Église catholique a ainsi des missions quasiment partout dans le monde, et des milliers de prêtres et de religieux se consacrent à ce genre de travail, affirmant qu’ils partagent avec les autres leur sens de l’humanité. On les retrouve aussi bien en Afrique, qu’en Europe, Asie ou en Amérique.

Toutefois, une question se pose concernant ces « chrétiens d’Algérie ». La plupart d’entre eux ont atteint un âge avancé. Sauront-ils renouveler les vocations et rajeunir leur personnel, ou bien, envisagent-ils à moyen terme, une disparition pure et simple ?


Nabil Z.


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