Beaucoup pensent que les grands écrivains coulent une vie douce et tranquille. Mais c’est rarement le cas. L’exemple du célèbre écrivain français Michel Houelbecq à ce propos est édifiant.
Michel Houelbecq est né dans l’Ile de la Réunion, tout à fait au sud de l’Afrique, non loin de Madagascar. Ses parents étaient des militants communistes. Sa mère, Lucie Ceccaldi est algéroise. Elle est Docteur en Médecine de l’Université d’Alger. Elle est même, major de sa promotion. L’année de naissance de Michel est encore sujette à polémique. On ne sait s’il est né en 1956 ou 1958.
On accuse en effet sa mère d’avoir falsifié son acte de naissance pour le vieillir de deux ans, car elle le pensait surdoué. Malgré cela, ses parents n’ont pas souhaité s’en occuper eux-mêmes, et le confient à ses grand-parents maternels vivant en Algérie. Mais après le divorce de ses parents, son père le récupère et le confie à sa grand-mère paternelle, Henriette Thomas, née Houellebecq, dont le futur écrivain a adopté le nom de jeune fille comme pseudonyme.
Après des études en Agronomie, Michel passe des moments difficiles, changeant de travail régulièrement, et traversant des périodes plus ou moins longues de chômage. Entre temps, il s’essaie à la littérature, notamment en publiant des poèmes. Mais il reste totalement inconnu et personne n’entend parler de lui.
Premiers romans
Encouragé par des amis, il publie en 1994 son premier roman, Extension du domaine de la lutte. L'histoire d'un cadre moyen célibataire déprimé à cause de l'inhumanité de la société française dans un détachement passif, raconté avec un certain humour désabusé. Le roman est à l’image de son auteur qui donne sans cesse l’impression d’être détaché du monde, vivant dans une bulle dépressive permanente.
Son deuxième roman sera remarqué par Patrick Poivre d’Arvor, le célèbre journaliste de TF1 qui animait à l’époque une émission littéraire. PPDA semblait subjugué par le style Houelbecq et fera beaucoup de bruit pour le faire connaître, d’autant plus qu’à l’époque, la création littéraire française était assez pauvre. Michel Houelbecq servira donc à remplir le vide, malgré le contenu médiocre de ses romans. La critique littéraire s’en prend à lui avec beaucoup de violence, qualifiant son style de « non style », de plat et dépourvu de qualités littéraires.
Mais le point fort de Michel Houelbecq, c’est justement cela. Il brise les tabous et emmène le lecteur vers les bas-fonds de sa pensée et de ses instincts. Il décrit l’Homme de façon à presque le confondre avec l’animal. D’ailleurs, comme le rappelle Wikipedia, « La définition de l’homme et l’animal est un thème central de son œuvre. Dans plusieurs romans, l’auteur dresse des parallèles entre l’animalité résiduelle des relations humaines et leur apparente sociabilité. Les hommes sont des animaux mus par la conjonction de leurs instincts et de leurs idéaux. « Les Particules élémentaires » offre ainsi de nombreuses comparaisons entre les sociétés humaines et animales (du reste, comme on apprend à la fin de ce roman que le narrateur est en réalité un néo-humain, issu de la « mutation métaphysique » opérée suite aux travaux du protagoniste Michel Djerjinski, l'humanité elle-même est décrite comme une espèce archaïque parmi les autres) ». La lecture de ce livre provoque des sentiments mitigés, entre tristesse et dégoût. Il y intègre un curieux personnage, décrit comme « une sorte de hippie à la dérive, adepte d'une communauté fondée sur la liberté sexuelle ». Ce personnage porte le nom de Lucie Ceccaldi, sa propre mère.
L’auteur ne s’arrête pas là. Il annonce que sa mère est certainement morte, et se permet des jugements scandaleux et provocateurs sur des thèmes sensibles qui le dépassent visiblement. Il est ainsi accusé de racisme, misogynie et de xénophobie. Les controverses médiatiques et littéraires à son sujet sont nombreuses et les débats sont chauds. Certains ont porté plainte contre lui devant la justice.
L’Islam dans le viseur
En termes de xénophobie, Michel Houelbecq est considéré comme appartenant à la mouvance de l’extrême droite. Une de ses cibles prioritaires, après la partie de la société française qu’il n’aime pas et qu’il critique avec une certaine violence, est l’Islam. Il dit à son sujet : « Je me suis dit que le fait de croire à un seul Dieu était le fait d’un crétin, je ne trouvais pas d’autre mot. Et la religion la plus con, c'est quand même l'islam. Quand on lit le Coran, on est effondré… effondré ! … L’islam est une religion dangereuse, et ce depuis son apparition. Heureusement, il est condamné. D’une part, parce que Dieu n’existe pas, et que même si on est con, on finit par s’en rendre compte. À long terme, la vérité triomphe. » Rien que ça ! Ces propos ont en choqué plus d’un, et les réactions ont été nombreuses, entre dégoût et condamnation.
Le romancier préféré de PPDA ne se met donc aucune limite, même morale. Il dit : « La prostitution, je trouve ça très bien. Ce n'est pas si mal payé, comme métier… » A quoi peut-on s’attendre d’un homme qui livre en pâture sa propre mère ?
Justement, dans un livre sorti en Mai dernier, Lucie Ceccaldi, la mère de Michel Houelbecq est sortie de sa réserve en publiant une réaction cinglante aux élucubrations de son fils. Elle démontre ainsi que non seulement elle n’est pas morte comme prétendu par l’écrivain, mais qu’elle est encore militante et combative. "L'Innocente" est donc le livre par lequel Lucie Ceccaldi répond à son fils qu'elle accuse de l'avoir calomniée dans l'un de ses livres, "Les particules élémentaires" sorti en 1998. Elle utilise le même langage que celui qui l’a calomniée, et devient même vulgaire, montrant ainsi que son indigne rejeton est bien digne d’elle. "Mon fils, qu'il aille se faire foutre par qui il veut avec qui il veut, j'en ai rien à cirer. Mais si, par malheur, il remet mon nom sur un truc, il va se prendre un coup de canne dans la tronche, ça lui coupera toutes les dents, ça, c'est sûr!"
L’ancienne diplômé de la Faculté de Médecine d’Alger est aujourd’hui âgée de 83 ans. Elle raconte dans cette autobiographie sa vie et son parcours de militante communiste. "Avec Michel, on pourra commencer à se reparler le jour où il ira sur la place publique, ses Particules élémentaires à la main, et qu'il dira : 'Je suis un menteur, je suis un imposteur, j'ai été un parasite (...) Et je demande pardon", écrit-elle encore.
Dans "L'Innocente", la mère de Michel Houelbecq multiplie les attaques contre son fils, jusqu'à contester sa date de naissance. Il né officiellement en février 1958. Mais d'après sa mère, il est en réalité né deux ans plus tôt, en février 1956. "M'accuser d'avoir truqué des actes de naissance alors que c'est lui qui se rajeunit de deux ans, allez savoir pourquoi, petit con coquet en plus". L’image de la tendresse éternelle entre une mère et son fils s’en trouvent bien abimée. Son avis sur le talent littéraire de son fils n’est guère plus reluisant : "L'air du temps, c'est un petit courant tout à fait éphémère de la non-pensée. C'est peut-être en raison de cette nullité qui est la 'pensée de maintenant' qu'il est en phase avec l'époque", explique-t-elle : "Et puis cette arrogance de se prendre toujours pour l'être supérieur, l'intellectuel, cette façon de dire : je suis le plus intelligent". Notons quand même que nulle part dans son livre, elle ne parle d’éventuelles remords qu’elle aurait eues suite à l’abandon de ce fils qui s’est retourné contre elle.
Cette dispute mère-fils est de nature à enflammer la scène littéraire française et promet un avenir très riche, sur un fonds moral répugnant, d’une famille qui ne tient pas à laver son linge sale dans la discrétion.
Nabil Z.
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