Jusque-là, seul Chachnaq et sa dynastie étaient connus pour être d’origine berbère. Voici que des égyptologues révèlent que Ramses II est également amazigh.
C’est en 1886 que Gaston Maspero et le Dr Fouquet ont pour la première fois examiné la momie du plus célèbre des pharaons, Ramses II. Ils y appliquèrent les techniques de l’époque et en firent une description très précise, permettant ainsi de mieux le connaître. Mais en 1974, une équipe pluridisciplinaire fut conduite par Maurice Bucaille, a voulu connaître les raisons du décès d’un certain nombre de pharaons, dont Ramses II. De nombreux moyens techniques modernes furent utilisés, tels des explorations radiologiques et endoscopiques, des investigations dans le domaine dentaire, des recherches microscopiques, médico-légales, etc. ainsi que l'utilisation de films radiologiques de très haute sensibilité.
Ramsès II est le petit-fils de Rames I et fils de Sethi 1er. Il est le troisième pharaon de la XIXe dynastie. Né vers 1304 Avant Jésus-Christ, et a vécu plus de quatre-vingt-dix ans. Son règne a été l’un des plus longs des pharaons. Il était le mari de la célèbre Neftari et a avait onze épouses et plus de deux cents concubines, avec lesquelles il avait eu 103 enfants.
Il a été rendu célèbre par le nombre impressionnant de monuments qu'il a fait bâtir dans toute l’Egypte, et des nombreuses conquêtes militaires qu’il a réalisées, aussi bien au Sud de son pays qu’au Moyen-Orient. Au 20eme siècle, Ramses II fut découvert par le grand public en 1956, grâce à la superproduction hollywoodienne de Cecile B. DeMille, les dix commandements. Dans ce film, Ramses II est présenté comme le Pharaon qui s’est opposé à Moise dans sa mission de libérer le peuple hébreu de l’esclavage, reprenant ainsi une thèse lui attribuant ce rôle.
En 1975, le gouvernement égyptien a autorisé une équipe française à prendre la momie de Ramsès II à Paris pour faire un travail de conservation. A cette occasion, de nombreux tests ont été effectués sur le corps momifié pour déterminer les caractéristiques raciales précises de Ramses, surtout depuis qu’un savant sénégalais, Cheikh Anta Diop, avait affirmé que Ramsès était noir. Les résultats de l'étude ont été publiés dans un ouvrage richement illustré, intitulé La Momie de Ramsès II: Contribution scientifique à l'Égyptologie (1985).
Ainsi, le Professeur P. F. Ceccaldi, avec une équipe de recherche autour de lui, a étudié quelques poils qui ont été retirés du cuir chevelu de la momie. Ramsès est mort à l’âge de 90 ans, et ses cheveux étaient devenus tout-blancs. Cependant, des traces de couleur d'origine des cheveux, restent dans les racines, même dans la vieillesse avancée, comme c’était le cas pour Ramses. Les examens microscopiques ont prouvé que les racines des cheveux contenaient des traces de pigments rouges naturels, et que, par conséquent, au cours de sa jeunesse, Ramsès II avait les cheveux roux, tout comme son père Sethi 1er et de nombreux descendants. Il a été conclu que ces pigments rouges représentent en effet la couleur naturelle des cheveux de Ramses. Le Pr Ceccaldi a également étudié une section transversale des poils, et il conclut de leur forme ovale, que Ramsès avait été "cymotrich" (cheveux ondulés). Enfin, il a déclaré qu'une telle combinaison de caractéristiques a montré que Ramsès avait été un "leucoderme" (personne à la peau blanche). [Balout et al. (1985) 254-257]. Cette découverte était d’une grande importance, puisqu’elle a permis de réfuter la thèse de Cheikh Anta Diop. Balout et Roubet, des égyptologues renommés, auteurs de l’ouvrage sus-cité, conclurent :
"Après avoir effectué cet immense travail, une conclusion scientifique importante s’impose : l'étude anthropologique et l'analyse microscopique des cheveux, réalisée par quatre laboratoires : Justice Médecine (Professeur Ceccaldi), Société L'Oréal, la Commission de l'énergie atomique, et Institut Textile de France a montré que Ramsès II était un «leucoderme», qui est un homme à la peau claire, proche des Méditerranées préhistoriques et de l’Antiquité, ou brièvement, des berbères de l'Afrique. "[Balout, et al. (1985) 383.]
Une autre étude menée sur la momie de Ramsès II, par le musée de l'Homme à Paris en 1976, a conclu que le pharaon était un « leucoderme, de type méditerranéen proche de celui des Amazighs Nord Africains».
Les égyptiens ont tendance à ne pas trop diffuser ce genre d’informations. Eux qui considèrent leur pays comme la Mère du Monde (Oum Eddounia), refusent d’accepter que leurs ancêtres puissent être d’origines étrangères. Ils nient encore aujourd’hui que la ville du Caire ait été bâtie par les berbères Kutama, et refusent jusqu’à l’idée de devoir quoi que ce soit aux civilisations étrangères.
Ces études n’ont donc malheureusement pas été diffusées à destination du grand-public, maintenant ainsi la population dans l’ignorance d’un fait aussi important. L’Amazighité de Ramses II implique également celle de toute sa dynastie. Elle confirme le rôle immense joué par le peuple berbère dans l’Histoire, et confirme sa grandeur. Il est triste de constater que des informations aussi primordiales pour une meilleure connaissance de notre civilisation et de l’histoire de notre peuple passent aussi inaperçues, alors qu’elles pourraient contribuer à l’affirmation de notre identité et à la restauration de notre dignité bafouée par des siècles de dominations étrangères, allant même jusqu’à la tentative d’effacement de notre identité et la remplacer par une autre, totalement étrangère à notre région.
Chachnaq a été nommé par la Bible. Il a vécu au temps du roi d’Israël Salomon, dont il a pillé le temple et le palais après sa mort. Ramses II n’a pas été nommé dans le texte biblique. Il était simplement désigné par le terme de Pharaon. Ce sont les historiens qui l’ont identifié comme tel. Mais on peut lire son histoire dans le livre de l’Exode dans la Bible, et la confrontation qu’il a eu avec Moïse. Il faudra de toutes les façons le rajouter, lui et toute la dynastie fondée par son grand-père Ramses I, au panthéon des personnalités berbères qui ont marqué l’Histoire et qui ont contribué au développement de la civilisation humaine.
Nabil Z.
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