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Photo du rédacteurNabil Z.

Revista Argelina: une Revue Espagnole sur l’Histoire et la Culture Algériennes

Une intéressante revue électronique éditée par une université espagnole est consacrée à l’Algérie. Aussi intéressante que surprenante.



Argelina magazine. Revista semestral de Estudios Argelinos est une publication électronique semestrielle publiée en plusieurs langues par le Département d'études arabes et islamiques de l'Université d'Alicante. Il publie deux volumes annuels de recherche et de réflexion sur les lettres, la culture, l'histoire et l'actualité de l'Algérie. Une version étendue du magazine est publiée sur papier par l'Editorial Hispano Árabe. Elle est dirigée par Naima Benaicha Ziani, de la Faculté de Philosophie et des lettres à l'Université d'Alicante.

Cette revue est ouverte aux contributions de plusieurs acteurs de la vie culturelle en rapport avec l’histoire de l’Algérie, de son évolution ainsi que de sa situation actuelle. Parmi les contributeurs, on trouve des artistes, des enseignants, des écrivains, des chercheurs, etc. Et c’est peut être en cela que réside son intérêt. Elle permet l’expression d’une certaine diversité d’opinions, puisque le sujet est complexe et pas toujours facile à cerner. D’ailleurs, la revue avertit que les opinions exprimées dans ses colonnes n’engagent en rien la publication et mais relèvent de la responsabilité de leurs auteurs. Ce qui implique que le comité scientifique n’a pas de parti-pris dans l’orientation de son contenu. Du moins, en apparence.


Dans son comité scientifique, on trouve des personnalités importantes, faisant partie d’organismes et institutions aussi bien espagnols qu’algériens. On y trouve ainsi, Emilo Sola de l’Université de Alcalà de Henares, Abdallah Hammadi de l’Université de Constantine, et d’autres personnalités des universités de Madrid, Salamanque et Valence.


Parmi les contributeurs, on peut trouver l’écrivain Karim Akouche, Merime Skander, Danielle Pister, Mohand Ibrahim, Ahfir Abdallah, Mohand Akli Haddadou, Javier Figuero, etc. Et les sujets abordés concernent lalittérature berbère, les fêtes amazighes, l’arabisation de l’Afrique du Nord, Apulée, la Kahina, Cervantes et la culture maure, le rap algérien, le Mouvement de Libération National, etc.


Les textes sont rédigés en plusieurs langues : l’espagnol et le français en priorité. Ce qui la rend accessible au public algérien, et en fait un intéressant outil de travail pour nombre d’étudiants et de chercheurs. En plus, les articles reprennent de nombreuses illustrations, ce qui donne l’impression parfois, que la revue se rapproche du format magazine, donc destiné également au grand public.


Dans un de ses éditoriaux, la directrice de la revue écrit en espagnol : « Le phénomène amazigh représente dans l'Algérie d'aujourd'hui beaucoup plus qu'un instrument de communication entre les membres de cette communauté. Il est également un symbole d'identité auquel les berbères s'accrochent au-delà de la langue et de l'identité, de leur culture. Ce phénomène provient d'un processus évolutif millénaire qui a tant marqué le comportement linguistique amazigh ainsi que les comportements socioculturels en Algérie ». Elle ajoute : « Le Tamazight ou Amazigh existe depuis la préhistoire à nos jours, comme une seule langue. Cependant, l’Amazigh est loin d'être un cas scolaire isolé, une découverte exotique ou inhabituel. C'est un cas parmi tant d'autres dans le monde qui reflète aujourd'hui l'image de la revendication identitaire, à la fois autochtone et authentique.


Par rapport à d'autres langues, Tamazight, langue maternelle du nord du pays a réussi à maintenir en vie une grande partie de ce pays depuis les deux derniers millénaires, et ce malgré une succession d'invasions, servitudes et colonisations….. C'est aussi un cri contre l'oppression, l'hégémonie et la répression. C'est aussi pour les peuples amazighs  une détermination à réclamer cette nature nationale inaliénable qui est aussi profonde que sa culture et ses racines. Il est nécessaire de souligner que pour les spécialistes les plus avertis, la langue est considérée comme une institution sociale qui n'existe qu'en vertu d'une convention établie entre les membres de la communauté linguistique en question. Le peuple algérien a l'honneur d'être le possesseur de sa culture millénaire qui a participé à l'enrichissement de la culture Méditerranéenne et d’être le dépositaire du patrimoine d’une langue telle que Tamazight, riche par son patrimoine linguistique et culturel ».


Ce texte a le mérite d’être clair, puisqu’il rend hommage à la culture berbère dans son ensemble et au peuple qui la porte. Il y a peu d’ambiguïté dans les autres textes, notamment à ce sujet. Les contributions des différents auteurs apportent vraiment des éléments qui réchauffent le cœur.


Cependant, il faut relever un élément qui contribue à maintenir une certaine idée des berbères.


En effet, « Revista Argelina » est une publication du Département des Etudes Arabes et islamiques de l’Université d’Alicante. La version papier est assurée par l’Editorail Hispano-Arabe. Ce qui de facto révèle une confusion dans la pensée de ses responsables. En effet, selon cette vue, l’amazighité est mise sous la coupe de l’histoire hispano-arabe, et non hispano-berbère ou à la limite, hispano-maure. Il y a de facto une tutelle sur tout ce qui est amazigh, et les espagnols, couverts par leurs homologues algériens, n’arrivent pas à se détacher de cette erreur millénaire de l’arabité de l’Algérie. Cette publication peine à s’en détacher, malgré les compétences de ses responsables et malgré l’évolution historique que vit l’Afrique du Nord dans son ensemble qui revendique haut et fort sa berbérité historique, sa berbérité actuelle et sa berbérité de toujours.


Il est vrai que les étrangers peuvent se tromper- ou à la limite le faire exprès - et vouloir nous maintenir dans une identité qui n’est pas la notre, une culture qui a voulu effacer la notre et s’imposer au détriment des plusieurs millénaire d’histoire. Mais, pourrait-on justifier le fait que des amazighs authentiques comme ceux cités plus haut, servent de couverture au déni de la vérité tant culturelle, ethnique qu’historique ?


Par ailleurs, plusieurs articles abordent bien la période pré-islamique de l’histoire algérienne, puisqu’on y parle entre autres d’Apulée de Madaure. Comment alors passer quasiment sous silence l’histoire judéo-chrétienne et païenne de cette région du monde ? Son antiquité, sa préhistoire ? L’Homme D’Afalu, l’Ibéromaurisien, Chachnaq, Saint Augustin, la Kahina, Tinhinan, ne font-ils pas partie du patrimoine algérien ? Faut-il se laisser bloquer dans une vision uniforme de cette histoire et en exclure ses fondements et ses racines ?


Certes le contenu de la revue est très intéressant et contribue au débat. Mais son enveloppe, son emballage porte gravement à confusion, et il ne serait pas de trop d’avertir à la fois les responsables de la revue ainsi que ses contributeurs, de l’urgence de réparer cette erreur qui porte préjudice au combat identitaire amazigh et qui va à l’encontre du mouvement de l’Histoire.


Nabil Z.

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