La réédition de ce livre est passée quasiment inaperçue en Algérie, alors qu’il s’agit d’un des livres les plus importants sur le sujet, et qu’il y a lieu de l’examiner pour en tirer partie. Il s’agit d’un roman historique.
La première édition de la « Princesse berbère » date de 1984, alors que de nombreux autres livres sur le sujet existaient déjà et continuent à être publiés. Sa sortie valut à son auteur d’obtenir le prix « Mare Nostrum » et connut un vif succès dans tous les milieux francophones.
C’est que le personnage de la Kahina a de tout temps passionné le public, surtout que beaucoup de légendes ont été construites autour de son histoire. Certaines de ces légendes ont même été rapportées par Ibn Khaldoun, pour dire combien ce personnage a de tout temps suscité l’intrigue et les passions.
Ce roman a été longtemps redemandé par le public et il a été réédité trois fois. Et l’année dernière, une nouvelle édition a été mise sur le marché, et son succès ne se dément pas.
Le mystère de la Kahina est entretenu par le peu d’informations fiables disponibles à son sujet. Pour les uns, ce fut une sorcière, puisque les arabes qu’elle a combattu l’auraient affublée de cette étiquette pour la discréditer. Car ils étaient choqués de constater que ce fut une femme qui dirigeait les armées berbères et qui livrait le combat contre les envahisseurs.
Il y a aussi le fait que cette héroïne hors pair est issue de la tribu des Djraoua dans les Aurès. Et cette tribu était réputée juive berbère. Le nom de Kahina viendrait en réalité de celui qui a donné le nom Cohen. Nom qui signifie prêtre, ou chargé de culte. Et dans l’histoire hébraïque, les Cohen appartiennent à une tribu spéciale, celle des Levi, consacrée à la pratique religieuse. Moïse lui-même est issu de cette tribu, et c’est son frère Aaron qui a été le premier Cohen. Dihia-Kahina serait donc en réalité seulement une Cohen que la berbérisation de ce nom a transformé en Kahina.
Mais il y a plus, et c’est justement en rapport avec cette tribu. La Kahina disait recevoir des messages directement venus du Ciel, et qu’elle entendait des voix qui lui disaient ce qu’elle devait faire pour défendre son pays et son peuple, Tamazgha et ses habitants dont elle faisait partie et qu’elle avait l’honneur de diriger. C’est ce qui a inspiré José Castano dans le choix du titre de son roman, « Jeanne d’Arc Berbère ». Car en effet, laGaule a connu une histoire similaire avec une jeune femme qui disait également entendre des voix, Jean d’Arc.
Pour José Castano, « cet ouvrage consacré à la kahéna : « La Princesse berbère » est venu réconforter le peuple amazigh longtemps privé de la connaissance de son histoire. C’est un plaidoyer, une œuvre de mémoire qui répond à l’attente des uns et des autres... Et à travers ces lignes imprégnées de poésie, de couleur, de vérité et de vie, ensemble, les berbères aujourd’hui s’imaginent participer à la fabuleuse aventure de cette reine qui marqua d’une empreinte indélébile la résistance berbère en Afrique du Nord ».
« C’est à travers des faits réels rapportés par les éminents historiens que furent Ibn-Khaldoun, Gautier, Gsell, Marçais, que l’épopée de cette reine berbère est contée dans cet ouvrage selon la vision d’Ibn-Khaldoun : « Le but poursuivi est d’établir une règle sûre pour distinguer dans les récits la vérité de l’erreur… un instrument qui permette d’apprécier les faits avec exactitude ». Tel est, en effet, le but que je me suis proposé d’atteindre en respectant les faits, la chronologie des événements et jusqu’aux paysages de cette époque qui servent d’écrin à l’extraordinaire épopée de cette « Jeanne d’Arc berbère » qui incarna avec tant de grandeur la folie d’indépendance et la fierté passionnée d’un peuple ».
Et il ajoute : « Aujourd’hui, l’épopée de la Kahéna est encore fréquemment le sujet des poèmes que psalmodient les rhapsodies indigènes dans les villages berbères. Une gloire, un vague nimbe, une auréole à peine esquissée flottent au-dessus de sa tête et les Aurésiens gardent au cœur son souvenir parce qu’elle est leur passé, parce qu’elle est et demeurera pour des siècles encore leur kahéna et qu’elle cesserait d’exister s’ils cessaient d’y penser et de l’aimer.
Nabil Z.
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