Au quatrième siècle, un personnage exceptionnel va apparaître sur la scène nord-africaine d’abord, puis sur celle de tout l’empire romain. Aurélius Caïus dit Saint Augustin est né à Souk Ahras, dans l’est de l’Algérie, de parents berbères. La ville s’appelait alors, Thaghaste.
Après des études primaires à Madaure, près de Guelma, Aurélius, de son vrai nom Awragh (le blond) alla faire ses études secondaires à Carthage. Il s’installa plus tard à Rome ou il ouvrit une école de rhétorique, avant de se rendre à Milan ou il se convertit à Jésus Christ. Tout le long de son chemin, Augustin chercha à comprendre les mystères de la vie. Le bien, le mal, la foi, la raison. Il fut même, pendant des années dans la secte manichéenne, ou il tenta de trouver des réponses aux questions qui le taraudaient. Il finit par la quitter, après avoir compris qu’elle ne pouvait pas lui fournir les réponses aux questions qu’il se posait. Il explora la philosophie de l’époque, lisant les ouvrages de Platon, Plotin et tous les néo- platoniciens de l’époque. Le premier ouvrage qui le toucha, fut l’Hortensius de Ciceron. Livre que nous n’avons plus aujourd’hui, malheureusement. Mais ce qui le bouleversera, fut sa rencontre avec Saint Ambroise, Evêque de Milan, avec qui il pouvait enfin discuter. Ambroise était l’une des rares personnes avec qui il pouvait se permettre d’aller au fonds des choses.
Mais c’est sa découverte des Epitres de Saint Paul, dans le Nouveau testament qui l’amènera à la conviction. Il avait enfin trouvé la réponse au mystère du Mal. L’épisode du jardin de Milan est bien connu dans l’Histoire. Alors qu’il méditait dans son jardin, Augustin entendit des enfants entonner une chanson qui disait : « Tolé, Légué », prends et lis. C’était comme si Dieu lui-même était en train de lui parler. Il s’exécuta. Il prit la Bible et la lit. Deux versets en particulier vont le bouleverser au plus profonds de lui-même. Dans le premier, l’Apôtre Paul recommandait à ses lecteurs de « se revêtir de Christ ». Dans le deuxième Paul appelait à l’humilité de l’Homme qui se glorifiait de ses possessions. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? ».
La conversion de l’enfant de Thaghaste va l’emmener à revoir sa façon de penser, et de sonder les Ecritures Saintes. Après son baptême, il retourna avec des amis à Thaghaste pour se retirer dans un monastère et vivre une vie de moine.
Alors qu’il se rendit à Hippone, Annaba aujourd’hui, Augustin fut vite reconnu par la foule
dans l’église dans laquelle il s’était rendu. Acclamé, il fut immédiatement nommé prêtre par
l’Evêque de la ville et ce, malgré lui. Quelques années plus tard, ce dernier mourut, et c’est
Augustin qui fut nommé Evêque d’Hippone. Charge à laquelle il se consacrera durant trente- quatre ans, jusqu’à sa mort.
Dans l’Evêché, Saint Augustin travaillait sans relâche. S’occupant des fidèles dans tous les
domaines : spirituel, religieux, administratif, juridique, social,…Il prêchait jusqu’à deux fois
par jour. Ses réunions étaient fréquentées aussi bien par les notables que par les fermiers.
Utilisant le latin comme langue officielle, il lui arrivait régulièrement de prêcher en punique,
langue du peuple de l’époque, à laquelle il ajoutait un certain nombre d’expressions en berbère. Il était consulté par tous ses confrères d’Europe, et même les différents Evêques de Rome (les papes) faisaient appel à ses connaissances pour traiter telle ou telle question
théologique.
Il fut nommé à son poste dans une période très difficile, marquée par les divisions et les
hérésies. Il s’employa à réconcilier les fidèles, tandis qu’il combattait les doctrines
hérétiques. Il fut confronté aux donatistes qui s’opposaient à lui d’une façon très agressive.
Mais il réussissait toujours à démonter leurs arguments et à en convaincre plus d’un.
Nombreux furent les Evêques donatistes qui se rangèrent à ses arguments. Il avait une force de conviction et un art de communication sans pareil.
Saint Augustin nous laissera de grandes œuvres. Personne n’a écrit comme lui. Tous, après lui, penseurs, philosophes, théologiens, écrivains de toutes sortes ont été influencés par la pensée de Saint Augustin. Jean Jacques Rousseau, Blaise Pascal, Nicholas Malebranche, Antoine Arnauld, Martin Luther, le fondateur du protestantisme, jean Calvin le Père de la Réforme protestante, John Newman, le fondateur de l’Anglicanisme, Jansénius, René Descartes, Albert Camus, et d’autres encore se sont réclamés de lui. La réforme protestante
n’a été possible que parce que Luther et Calvin ont été profondément imprégnés de la pensée augustinienne. L’Augustinisme continue encore aujourd’hui à inspirer savants, philosophes et théologiens, à travers le monde. Il existe des communautés Augustiniennes un peu partout dans le monde. Des écoles et des universités prestigieuses enseignent la pensée de ce berbère, fils de Thaghaste. N’est-il pas temps, que son propre pays, Tamazgha tout entière, puisse lui rendre hommage en intégrant sa pensée et sa philosophie dans les programmes scolaires et universitaires ? De plus, pas seulement en hommage à ce grand penseur, mais aussi, dans le but d’en tirer le meilleur pour les enfants de cette terre qui l’a vu naître.
Qui d’autre a été un aussi bon défenseur de la foi chrétienne en Afrique du Nord, puis dans l’empire romain et plus tard, dans le monde entier, que Saint Augustin ? Reconnu par ses pairs puis par tous, comme étant le plus grand et le plus important Père de l’Eglise Latine et le plus grand penseur et philosophe de la civilisation Occidentale.
Alors qu’il nous a laissé des centaines de livres, traités et sermons, dont les plus connus sont « Confessions » et « La Cité de Dieu », aujourd’hui encore, plus de quatre cents publications lui sont consacrées chaque année dans le monde. C’est plus que pour n’importe quel autre philosophe, penseur ou théologien. Il reste encore l’inspirateur de tous ceux qui s’engagent dans la réflexion autour des thèmes majeurs de la pensée humaine.
Da Nabil
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