Les romains ont abondamment combattu le christianisme dès ses débuts, craignant qu’il finisse par les faire disparaître. Il y a eu des moments ou la répression avait atteint des sommets incroyables, surtout en Afrique du Nord.
L’Evangile s’est très vite répandu en terre amazighe, et le nombre de conversions à cette « nouvelle religion » ne cessait de croître, malgré l’opposition des empereurs et gouverneurs romains. Un peu partout dans l’empire, et à des degrés différents d’une région à l’autre, la répression de ces nouveaux croyants qui refusaient de se prosterner devant les statues des divinités romaines, avait été organisée.
C’est vers la fin du troisième et le début du quatrième siècle que la répression a été la plus féroce. Quatre empereurs successifs vont s’acharner contre les croyants de façon brutale et violente.
L’encyclopédie en ligne Wikipedia nous apprend qu’il a eu une période connue sous le nom de la Grande Persécution. « La Persécution de Dioclétien ou Grande persécution désigne la dernière répression du christianisme sous la Tétrarchie, particulièrement sous le règne de Dioclétien au début du IVe siècle. En 303, les empereurs Dioclétien, Maximien, Galère et Constance Chlore prirent une série d'édits révoquant certains droits des Chrétiens en leur imposant de se conformer aux pratiques religieuses traditionnelles. Certains édits ultérieurs ordonnèrent le sacrifice aux dieux. » ... Ce n'est qu'à partir des années 250, sous les règnes de Dèce et Valérien que de telles lois furent promulguées. Selon ces lois, les Chrétiens furent soumis au sacrifice aux dieux païens sous peine d'emprisonnement et d’exécution.
C’est à cette époque qu’a vécu Marcienne, une jeune croyante amazighe, originaire de la ville de Dellys, appelée à l’époque Adyma, ou Rusuccur Cette ville, comme bien d’autres avait depuis longtemps adopté le culte d’une divinité féminine appelée Diane. Ce culte était très rependu dans tout le bassin méditerranée, et faisait la joie de nombreux commerçants, un peu comme aujourd’hui avec les objets religieux liés au culte de Marie : statuettes, pendentifs, parfums, tissus, …
Dans la Bible même, nous est racontée une histoire relative à Diane dans la ville d’Ephèse en Grèce ou il y avait aussi un temple qui lui était consacré. L’Apôtre Paul essayait de convaincre les éphésiens d’abandonner le culte des idoles et de se tourner vers Dieu : « Un nommé Démétrius, orfèvre, fabriquait en argent des temples de Diane, et procurait à ses ouvriers un gain considérable. Il les rassembla, avec ceux du même métier, et dit : O hommes, vous savez que notre bien-être dépend de cette industrie ; et vous voyez et entendez que, non seulement à Ephèse, mais dans presque toute l’Asie, ce Paul a persuadé et détourné une foule de gens, en disant que les dieux faits de main d’homme ne sont pas des dieux. Le danger qui en résulte, ce n’est pas seulement que notre industrie ne tombe en discrédit ; c’est encore que le temple de la grande déesse Diane ne soit tenu pour rien, et même que la majesté de celle qui est révérée dans toute l’Asie et dans le monde entier ne soit réduite à néant. Ces paroles les ayant remplis de colère, ils se mirent à crier : Grande est laDiane des Ephésiens ! Toute la ville fut dans la confusion. Ils se précipitèrent tous ensemble au théâtre, entraînant avec eux Gaïus et Aristarque, Macédoniens, compagnons de voyage de Paul. ».
A Dellys, Marcienne va provoquer une situation similaire, et c’est Tertullien qui va raconter cette histoire, lui, avocat de métier, qui s’était chargé de la défense des chrétiens persécutés, avant de se convertir à son tour.
Sur la place centrale de la ville de Dellys, le Forum, était dressée la statue de Diane, et les gens lui vouaient une grande vénération, et chacun avait à coeur de la saluer par une caresse tous les matins en faisant ses petites courses au marché. On déposait à ses pieds fruits et convives, ainsi que des dons de tous genres, espérant ainsi attirer sa bénédiction.
Mais cette pratique gentillette et païenne ne plaisait pas à Marcienne. Un beau matin, elle prit son panier comme pour aller au marché et y cacha un maillet. Arrivée sur le forum, elle s’approcha de la statue et commença à la frapper pour la détruire. Elle réussit à l’abîmer sérieusement. Mais la foule accourut et l’empêcha de finir de la détruire. Marcienne fut immédiatement jetée en prison en attendant de décider de son sort. Toute la ville était en émoi, et les païens exigeaient des autorités de punir la malheureuse femme de façon exemplaire pour à la fois dissuader d’autres de faire de même, et apaiser la colère des dieux.
Le lendemain, Marcienne fut conduite vers les gladiateurs pour être abusée et violée par eux. L'histoire raconte, que, nue devant ses bourreaux, Marcienne fit preuve de tant de pudeur que sa virginité fut épargnée. Aucun gladiateur n’osa la toucher, ce qui troubla énormément ses geôliers.
Quelques jours plus tard, elle fut transférée à Césarée, la ville de Cherchell, emmenée au cirque pour être livrée aux fauves. Le premier qui s'approcha d'elle, attachée à son poteau et en toute petite tenue, fut un lion qui avait refusé de lui faire du mal. Reniflant la jeune fille, il passa son chemin. Mais, après lui, les organisateurs du spectacle, voyant l’excitation de la foule, ont mis les moyens pour assurer l’horreur. On lâcha contre elle des taureaux et l'un deux lui défonça le ventre d'un coup de corne. Puis, pour rendre le spectacle encore plus odieux, et satisfaire la demande du public, on envoya contre elle un léopard qui la déchiqueta, ayant senti le sang répandu par le coup de corne du taureau.
Les témoins racontèrent que l’image qui les avait le plus frappés fut celle de Marcienne en train de prier et chanter des louanges au milieu de l’arène sans montrer ni crainte ni frayeur. Ce fut en l’an 303. Saint Augustin dira plus tard que toute l’Afrique du Nord a été arrosée par le sang des martyrs pour amener la foi à cette contrée, malgré la répression féroce de l’empire romain qui finit par se rendre à l’évidence et abandonner ces pratique une dizaine d’années plus tard. Et l’exemple de Marcienne ne fut ni isolé ni rare..
Nabil Z.
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