C’était hier qu’a eu lieu la sortie officielle du film adapté de l’œuvre de Yasmina Khadra, et qui était attendu depuis plus de six mois, tellement il est exceptionnel. A la fois dans son contenu et dans sa forme.
Les personnes qui ont lu « les Hirondelles de Kaboul » de Yasmina Khadra, sorti en 2002 chez Julliard se souviennent de son contenu, et de la réaction du public et de la presse en saluant une grande œuvre littéraire de l’écrivain algérien. Elle fait partie d’une trilogie comprenant également « l’Attentat » et « Les Sirènes de Bagdad ». Le livre objet de ce nouveau film raconte une histoire d’amour qui se déroule à Kaboul pendant le règne des Talibans dans les années quatre-vingt-dix du siècle dernier.
C’est l’histoire de deux jeunes, Mohsen et Zounaïra qui s'aiment. Mais les règles imposées par les Talibans concernant les relations hommes-femmes sont strictes et liberticides, tout comme le sont celles concernant le fait d’écouter de la musique, ou sortir sans son tchadri pour une femme. Cette situation bouleverse complètement la vie du couple, et c’est ce que raconte l’écrivain le plus imaginatif de la littérature algérienne d’aujourd’hui.
Ce livre a eu un énorme succès en librairie, à la fois à cause de sa thématique et grâce au style d’écriture fluide qui caractérise les œuvres de Khadra. Avec une langue châtiée, des mots bien choisis et des phrases construites de telle façon à entrainer le lecteur sans lui causer une quelconque fatigue, le public français l’a adoré, tout comme celui d’Algérie, puisque le livre continue de se vendre en librairie, presque vingt ans après sa sortie. De plus, il a tout de suite été traduit dans de nombreuses langues.
L’autre particularité de ce film concerne la technique de réalisation qui a été choisie. La presse parisienne n’hésite d’ailleurs pas à parler de « choc visuel ». Avant même sa sortie officielle, ledit film a obtenu plusieurs récompenses. Il a été sélectionné au Festival de Cannes en Mai dernier, puis à celui d’Annecy ou il a obtenu Le Valois de Diamant du meilleur film. Il a également obtenu le Prix du Jury au Festival du Film de Pauillac.
La particularité de cette œuvre cinématographique réside donc dans la technique de fabrication choisie par les deux réalisatrices, Zabou Breitman et Evéa Gobbé-Mallec. Cette technique a consisté à tourner le film avec de vrais acteurs, puis de le redessiner pour en faire une animation. Le pari n’était pas gagné, puisque la Production a d’abord dû réaliser un pilote de deux minutes qui a nécessité des fonds importants et quatre mois de tournage-montage.
Le but du pilote était d’obtenir un financement suffisant pour aller jusqu’au bout de l’idée des deux réalisatrices. Et il aura fallu attendre deux années avant que l’argent n’arrive, et encore trois ans pour arriver au bout du projet.
La première partie du tournage a consisté à filmer des acteurs (Simon Abkarian, Zita Hanrot, Swann Arlaud et Hiam Abbass ) qui devaient agir avec des gestes précis, préétablis pour les besoins des artistes dessinateurs. Il s’agissait de tout reproduire, tout en faisant en sorte que les acteurs redessinés soient reconnus. Leurs visages, leurs jeux, leurs gestuelles, …
L’une des difficultés rencontrées, reconnaissent les réalisatrices, concernait les décors tels que décrits par Yasmina Khadra dans son livre. D’abord, Kaboul d’aujourd’hui n’est plus la même que celle de la fin du siècle dernier. Ensuite, même Yasmina Khadra ne s’y était pas rendu, et n’a donc pas pu être suffisamment précis dans ses descriptions. Alors elles ont fait un travail de recherche documentaire, visionné les reportages faits à Kaboul à cette époque, étudié le comportement des gens, leurs vêtements, leurs voitures, le climat avec un soleil de plomb, la poussière omni présente, …
De l’avis des gens qui ont vu le film, le résultat a été époustouflant. La qualité des images et les animations sont une pure merveille, et la critique est largement élogieuse, déclarant même que cette production est « un grand film ». Et ce n’est pas la première fois qu’un œuvre de Yasmina Khadra est portée à l’écran. Il y a eu « Moruturi » d’Okacha Touita en 2007 ; puis « Ce que le jour doit à la nuit » d’Alexandre Arkady en 2012 ; puis « L’Attentat » de Zied Douéri en 2013. « Les Hirondelles de Kaboul » est donc le quatrième roman de Yasmina Khadra porté à l’écran.
Nabil Z.
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