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Photo du rédacteurNabil Z.

Tariq Ramadan dans la Tourmente

Le célèbre islamologue égypto-suisse, petit fils du fondateur des Frères Musulmans Hassan El Benna, star des télévisions, enseignant et conférencier de renom vient d’être accusé par de nombreuses femmes de viols et agressions sexuelles.



Son nom est suffisamment connu pour susciter des scandales un peu partout dans le monde. En effet, plusieurs plaintes ont été déposées auprès des tribunaux, et de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles appellent un prédateur sexuel.

Depuis de nombreuses années, des soupçons ont pesé sur le célèbre islamologue. Nombreuses ont été les femmes qui l’ont dénoncés, pour en avoir été les victimes. Mais la loi du silence a toujours prévalu, surtout quand les plaignantes ont refusé de s’identifier et de porter plainte de manière ouverte et officielle.


Mais ces dernières semaines semblent avoir sonné le glas de cette situation. Deux françaises ont décidé de rompre le silence en l’accusant ouvertement de viol, en allant jusqu’à déposer plainte devant les tribunaux. Le mis en cause à tout de suite réagit, niant les accusations et déposant à son tour plainte pour « dénonciations calomnieuses », dénonçant également « ses farouches ennemis de toujours ». Se disant serein et déterminé, Tariq Ramadan a été néanmoins mis en congé par ses employeurs pour lui permette d’organiser sa défense. En effet, l’islamologue controversé est enseignant à l’université d’Oxford. Suite à ces graves accusations, celle-ci, d’un commun accord avec lui, a décidé de le mettre en congé, pour lui permettre de faire face au scandale dont il est l’objet.


Quand les médias s’en mêlent

En s’emparant du sujet, et le médiatisant, la presse a contribué à délier les langues. Ainsi, plusieurs autres femmes ont franchi le pas, dont des étudiantes suisses qui l’accusent d’avoir abusé d’elles alors qu’elles étaient mineures. L’une d’entre elles n’avait que quatorze ans au moment des faits. Aujourd’hui, on compte une quinzaine d’accusations à son encontre, et la liste, selon les médias, est loin d‘être close.


Une des plaignantes suisses avait également dénoncé « le charme d’un professeur qui s’est mué en un ascendant psychologique qui aura gâché sa jeunesse ». La presse suisse se demande « Comment Tariq Ramadan, ce leader en devenir, qui prêchait déjà une morale rigoureuse et condamnait l’adultère, s’accordait un comportement licencieux. Un grand écart surprenant pour un intellectuel musulman qui élaborait déjà sa pensée autour de la morale et de ses préceptes religieux. Sa parole est bue aujourd’hui par des millions de musulmans – il a plus d’un million de followers sur Twitter et deux millions sur Facebook. Contactés, ses avocats genevois, Me Yaël Hayat et Me Marc Bonnant, «n’entendent pas réagir devant des instances médiatiques». D’autres médias, parlant de « la face cachée de Tariq Ramadan », rappellent qu’il se présentait « comme « professeur de philosophie et d’islamologie à l’université de Fribourg ». Or, il n’était ni professeur, ni même assistant. Tariq Ramadan se contente de donner bénévolement chaque semaine un exposé d’une heure sur l’islam aux étudiants fribourgeois. Néanmoins, c’est cette carte de visite biaisée qui lui permet de se faire passer à l’étranger pour un universitaire. « Malgré un bagage intellectuel assez léger, Ramadan se prévaut aujourd’hui d’enseigner à Oxford. Il oublie simplement de préciser que sa chaire universitaire est financée intégralement par le Qatar », souligne Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité à la DGSE.


Réactions sur les réseaux sociaux

De son côté, l’hebdomadaire Le Point consacre un article sur la réaction des réseaux sociaux à cette affaire. « Très vite, les réseaux sociaux s'enflamment, les positions des pro et des anti-Ramadan apparaissent incroyablement tranchées. Pour les admirateurs de l'islamologue, qui s'expriment sur le site Oumma.com, « c'est complètement impossible et ça pue le coup monté », dit l'un. « Pour moi, c'est impossible, je ne le crois pas une seule seconde. » Un autre déclare : « Évidemment, cette femme est une menteuse, une manipulatrice. » 


Chez les détracteurs de Tariq Ramadan, on ne fait pas non plus dans la dentelle : « Je lui ai toujours trouvé une tête de pervers. Maintenant, il a une tête de cochon. » Ou encore : « Pas de moratoire, on le lapide. » Dans un commentaire posté sous l'article du Point consacré à l'affaire, un internaute estime que Henda Ayari « ne doit pas être la seule » et ajoute : « Il était temps que ce personnage sulfureux et connu comme tel par les observateurs lucides (P. Bruckner et quelques autres…) soit traité comme il se doit : un manipulateur XXL. »


Le 20 octobre au soir, sur sa page Facebook, une jeune femme a partagé un article du quotidien suisse 24 Heures titré « Tariq Ramadan visé par une plainte pour viol » et a écrit : « A tous ceux qui n'ont pas répondu aux appels au secours durant toutes ces années, je vous laisse gérer votre conscience ! » Depuis près de trente ans, l'auteur de L'Islam et le Réveil arabe est accusé publiquement de double langage. Plus discrètement, sur les réseaux sociaux, un nombre sans cesse croissant de femmes, pour la plupart musulmanes, mettent en cause la vie privée de l'islamologue. Des griefs très souvent anonymes.

La plupart de ces jeunes femmes reconnaissent qu'elles sont d'abord tombées sous son charme. N'est-il pas considéré comme un homme très pieux, très érudit, voire un savant ? Toutes racontent plus ou moins la même histoire. Tariq Ramadan, marié et père de quatre enfants, leur jurerait qu'il vient de divorcer. Il les demanderait en mariage. Le prédicateur deviendrait ensuite odieux, puis particulièrement violent. Il les frapperait, les menacerait. Majda Laroussi, se présentant comme une ancienne maîtresse de Ramadan, avait parlé à visage découvert au Point, apportant des mails et des enregistrements très compromettants pour le petit-fils d'Hassan el-Banna, le fondateur des Frères musulmans.


« Tariq Ramadan, 55 ans, petit-fils du fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans, et brillant orateur, bénéficie d'une forte popularité dans les milieux musulmans conservateurs. Il est aussi très contesté, notamment dans les sphères laïques, qui voient en lui le tenant d'un islam politique », rappelle le Huffinbgton Post.


Ces dernières semaines, de nombreux scandales à caractère sexuel ont éclaté un peu partout dans le monde, touchant les médias et les hommes politiques. Mais c’est la première fois qu’un islamologue de renom est ainsi éclaboussé par une telle affaire. Les amis et soutiens de Tariq Ramadan dénoncent une attaque contre l’Islam, mais ses accusatrices semblent dans leur majorité être des musulmanes elles mêmes, et certaines des converties à l’Islam. Ce n’est pas une attaque contre une quelconque religion, disent-elles, mais contre le comportement inadéquat, voir criminel d’un homme utilisant la religion pour satisfaire ses bas instincts. De son côté, le Conseil Français du Culte Musulman, le CFCM a tenté d’éteindre l’incendie. « Ahmet Ogras, a souhaité vendredi que lajustice se prononce «rapidement» sur les accusations visant Tariq Ramadan, et demandé aux «adversaires politiques» de l'islamologue «de ne pas se mêler de cette affaire, dans l'intérêt des victimes».


Malgré l’ampleur du scandale, Tariq Ramadan bénéficie de la présomption d’innocence. Et chaque accusateur ou accusatrice devra prouver les faits qu’ils lui reprochent. Toujours est-il que la période de grâce dont a bénéficié l’orateur, notamment auprès des médias est bel et bien terminée.


Ceci ne présume en rien du contenu et de la qualité de ses enseignements. Le mis en cause a été de nombreuses fois dénoncé pour l’ambiguïté de son discours, prêchant une chose devant les caméras, et son contraire en privé. Il existe de nombreuses vidéos sur Youtube ou en entend l’orateur, en fonction de son auditoire, être tantôt ouvert et moderne, et d’autres fois, extrémiste et violent.


Des hommes politiques sont montés au créneau après ces révélations, à l’instar de l’ancien premier ministre français Manuel Valls qui a reproché aux médias d’avoir trop ouvert leurs colonnes au théologien islamiste qui s’avèrerait être un dangereux prédateur. Au-delà de cette situation, c’est tout le mouvement des Frères Musulmans qui en prend un coup. Un temps protégés par le président égyptien Morsi, il avait sillonné le monde prêchant le discours des « frères », prônant à l’occident un islam modéré. Attaqué par les extrémistes, il s’est montré encore plus extrême dans des rencontres avec eux.


Excellent bilingue, ayant longtemps vécu en Suisse, il connaissait parfaitement les cultures occidentales dont il savait se jouer. Aujourd’hui, et au-delà de sa personne, c’est le discours même qu’il a prôné qui se retrouve sur la sellette. Les prochaines semaines nous en apprendront plus sur ce qui va en advenir de lui, d’autant plus que les plaintes s’accumulent, renforçant l’accusation et laissant très peu de chance à Tariq Ramadan pour s’en sortir, le laissant dans une dangereuse tourmente. Surtout que des mineures ont été impliquées dans ces affaires. Affaire à suive donc.


Nabil Z.

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