Il existe trois villes en Afrique du Nord qui portent des noms curieusement proches. Y aurait-il un lien entre elles ?
Tunis, proche de Carthage est une ville riche en histoire. Son origine remonte aux temps les plus anciens, puisque même les Carthaginois n’ont pas pu lui changer de nom. Son étymologie renvoie à la racine berbère TNS, dont le sens pourrait vouloir dire se reposer ou plus exactement, passer la nuit. Ce serait une sorte de halte entre deux points figurant dans un parcours ou un voyage. C’est aussi le cas de nombreuses localités le long de la côte africaine de la Méditerranée comme Tuniza l’actuelle El Kala, Thunusuda qui est aujourd’hui Sidi Meskin, Thinissut (Bir Bouregba), Thunisa qui est l’actuelle actuelle Ras Jebel , et…. Ténès.
Selon l’historien anglais Shaw, Tenes est une ville qui date de plus de 3000 ans. « Au temps de Moise, les gens de Ténès étaient des magiciens renommés. Le Pharaon d’Egypte en aurait fait venir quelques-uns, parmi les plus habiles, pour les opposer a un thaumaturge Israélite qui battait tous les magiciens du bord du Nil. » Et Ténès était déjà connue en ce temps-la. Plus tard, les phéniciens y ont établi un comptoir commercial, puisque le lieu semblait se situer au milieu du chemin reliant les villes qui se feront appeler plus tard Alger à Oran.
Plus tard, et au vu de sa situation géographique centrale, Massinissa l’arrachera aux mains de Syphax dans une longue guerre qui prit une dizaine d’années. Et cette ville sera de tout temps utilisée comme un lieu de repos pour les garnisons romaines, et les autres armées qui dévaleront dans la région durant les siècles suivants.
A l’autre bout de l’Afrique, juste à l’ouest du delta du Nil se trouve également une ville dont le nom rappelle ceux de Tunis et de Ténès. Il s’agit de Tanis. Il s’agit de Tanis. Cette ville royale a été considérée comme la Thèbes du nord et la capitale de Ramsès II. Après avoir été un évêché du temps des byzantins, elle est tombée dans l’oubli après la conquête arabe. Elle porta actuellement un nom d’origine grecque mais sa fondation remonterait à 1070 avant J.C, à peu près à la même période que Tunis et Ténès. Le temple d’Amon et les tombes des rois Psusennes II et Osorkon II y ont été trouvés et sont actuellement exposés au musée du Caire dans l’espace réservé au Trésor de Tanis.
La proximité linguistique de ces trois toponymes suggère une histoire commune qui remonte aux temps les plus anciens. Et leur racine montre sans aucun doute possible que ce sont des populations de la même ethnie qui les ont occupées, sinon fondées : les berbères.
Leurs histoires seront liées des siècles durant, puisqu’elles seront occupées par les phéniciens qui vont fonder Carthage près de Tunis et utiliseront ces sites comme comptoirs commerciaux, avant l’arrivée successivement des grecs, des romains, des byzantins et des arabes.
Le changement des toponymes montre un changement dans la composante culturelle de ces régions, puisqu’elle subiront des influences multiples. Certaines se contenteront d’enrichir l’existant, tandis que d’autres vont essayer de dénaturer ces populations, tentant même de les dépersonnaliser en les déculturant. Les changements de ces noms sont donc révélateur d’une histoire difficile, menant ces régions au bord de leur perte et de leur disparition. Et le fait que ces villes aient retrouvé leur noms montrent qu’il y a eu une réappropriation de leur identité et de leur personnalité. Leur berbérité a ainsi été réaffirmée et leur retour aux racines renforcés, puisque ce ne sera que de cette façon qu’il y aura une véritable restauration et reconstruction, en ouvrant ainsi des perspectives d’avenir intéressantes. Ces villes seront donc tôt ou tard des parties prenantes dans le récupération des valeurs culturelles ancestrales, indépendamment du fait qu’elles appartiennent à des pays différents.
Il y a également des légendes reliant ces villes à des divinités et légendes anciennes, dont Athéna et Tinhinan. Nous y reviendront dans nos prochaines éditions.
Nabil Z.
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