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Photo du rédacteurNabil Z.

Théodore Priscien, Médecin Berbère de l’Antiquité

L’Afrique du Nord a été riche en hommes illustres, ayant marqué leur temps, et dont la renommée a fait le tour du monde durant des siècles. Théodore Priscien est l’un de ces personnages, puisqu’il était amazigh et que ses travaux en médecine comptent parmi les plus importants de son époque.



Théodore Priscien (Theodorus Priscianus) était un médecin et écrivain berbère, auteur médical de la fin du quatrième siècle, certainement contemporain de Saint-Augustin, ou ayant vécu juste après.


Théodore Priscien, à ne pas confonde avec Priscien de Césarée dont nous avons parlé dans une précédente édition, fut un disciple de Vindicianus Afer, un autre médecin berbère célèbre, ami de Saint-Augustin. Il exerça la médecine à Istanbul, ancienne Constantinople. Ses ouvrages étaient écrits en grec, langue par excellence de la Médecine. Quelque temps plus tard, il s’installa à Rome et traduisit son principal ouvrage en latin. C’est cette version qui nous est arrivée en grande partie.


Ce livre est constitué de quatre volumes, intitulés Rerum medicarum libri IV, ou Euporiston libri IV. Son sens de la famille y transparaît, puisqu’il a dédié les deux premiers volumes à son frère Timothée. Il y a eu d'abord un livre qu’il a intitulé Fænomenon a capite ad calcem liber « les symptômes de la tête aux pieds » puis, De curationibus omnium morborum corporis humani. Dans sa préface, Théodore s’en est pris aux médecins philosophes ou théoriciens de la médecine et a prôné une médecine naturelle, mieux accessible aux gens ordinaires qui n’ont pas d’éducation avancée. Le deuxième livre « Logicus » est consacré aux maladies internes, aiguës ou chroniques. Tandis que le troisième est intitulé « Gynæcia, seu de mulierum accidentibus et curis eorumdem » portant sur la gynécologie, ou ce qui était connu à l’époque comme « maladies féminines ». Il l’a dédié à une femme nommée Victoria ou Salvinia. On ne sait pas réellement qui elle était, mais en fonction des manuscrits, les uns l’appelaient Victoria, d’autres Salvinia. Peut-être s’agissait-il de la même personne ? Le quatrième livre, dédié à son fils Eusébius, est intitulé De physicis ; il ne nous en est parvenu que deux chapitres consacrés aux maux de tête et à l'épilepsie, et quelques fragments avec des recettes de remèdes et de médicaments, des développements sur le fonctionnement du corps, etc…


Théodore Priscien est considéré comme faisant partie de ce qu’on a appelé à l’époque l’Ecole Méthodique, à laquelle était également rattaché son maître Vindicianus. Mais notre médecin donne l’impression qu’il est beaucoup plus que cela, puisque ses connaissances étaient à la fois profondes et variées. Il préférait le concret, le palpable, plutôt que la spéculation théorique sur des sujets qu’on ne pouvait maîtriser. Il était ce qu’on appelle aujourd’hui, un praticien. Il n’avait jamais peur de se confronter aux tenants d’une autre médecine, celle basée sur des suppositions et jamais démontrée dans la pratique. C’est pourquoi il condamnait les pratiques relevant de la superstition, comme les amulettes ou les potions magiques. Cependant, et avec le temps, les livres II et III ont connu des ajouts ou des altérations postérieurs. D’autres médecins se sont permis de modifier, d’enrichir et de travailler le texte de ces livres, tout en omettant de le dire et de donner leurs noms. Malgré cela, les livres de Théodore Priscien ont été reconnus dans le monde antique comme étant de véritables documents de valeur scientifique. Les médecins venus après lui se sont abondamment inspiré de ses œuvres et les ont enrichis par leurs propres expériences.

Les Livres de ce médecin berbères ont connu une vaste diffusion en Europe, passant de mains de médecin à mains de médecins. Jusqu’au jour ou on s’est rendu compte que la valeur de ces livres était telle qu’ils méritaient une diffusion beaucoup plus large. Dès l’invention de l’imprimerie, on a procédé à l’impression des livres de Théodore Priscien, parce qu’on les jugeait de grande importance. Les deux premières éditions datent de1532 à Strasbourg, sous le nom d'« Octavius Horatianus », puis une autre édition a été imprimée à Bâle en Suisse, avec le vrai nom de l'auteur, mais sans le livre IV. Il y eut alors une troisième édition, encore une fois à Strasbourg, pour dire combien le livre avait du succès, en 1544, puis encore une autre édition à Venise en 1547.


Toujours est-il que les travaux de cet illustre berbère sont complètement ignorés dans sa patrie. On ne connaît aucun médecin, aucune faculté de médecine en Afrique du Nord qui cite ce génie, pourtant bien de chez nous. Ne serait-il pas temps de constituer quelque part, une véritable bibliothèque amazighe, recensant les travaux des fils de Tamazgha et les mettre à la disposition des étudiants et chercheurs, relevant ainsi la dignité de notre peuple dont le monde pense actuellement qu’il n’a rien produit, puisqu’à chaque fois qu’un génie est né chez nous, il a été considéré comme grec, romain, ottoman, arabe, français ou autre…


Nabil Z.

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