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Photo du rédacteurNabil Z.

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Une cohabitation entre Français d’Algérie et Algériens a-t-elle été possible ? Quelles étaient les relations entre les communautés dans l’Algérie d’avant l’indépendance ? Comment vivaient les populations civiles d’origines différentes dans cette colonie française ?



C’est ce sujet brûlant que Roger Vétillard, en collaboration avec Nicole Lenzini, a abordé dans ce livre qui vient de sortir en France. L’auteur de ce livre est intéressant a plus d’un titre. Il est natif de Sétif. De parents et grands-parents originaires de la région de la petite Kabylie. Il est même possible que son grand-père, nous a-t-il dit, soit né à Béjaïa en 1830, c’est-à-dire avant même la prise de la ville par les forces coloniales quelques années plus tard.


Après une carrière médicale hospitalo-universitaire, il se consacre à l’étude et l’écriture de l’histoire de son pays natal. Il a publié à ce sujet plusieurs livres. Sétif, Guelma, mai 1945, massacres en Algérie (éditions de Paris, 2008, pour lequel il a obtenu le prix Robert Cornevin) et 20 août 1955 dans le nord-constantinois, un tournant dans la guerre d’Algérie ? Pour cet ouvrage publié aux éditions Riveneuve en 2012, il a obtenu le Prix Jean Pomier en 2014 et le prix spécial du Salon du livre de Toulouse, sa ville. Très peu de livres ont été consacrés à cette date, éclipsée qu’elle a été par celle du 20 août 1956, date de la tenue du Congrès de la Soummam.


Avec la contribution de Nicole Lenzini, également née en Algérie, Roger Vetillard a revisité cette partie de l’histoire commune aux deux peuples d’Algérie et de France. Nicole est membre actif du CDHA qui a pour but la conservation de la mémoire et des documents historiques concernant la période française au Maghreb. Elle a recueilli de nombreux témoignages et facilité l’exploitation de tous ceux qui y sont archivés.


L’écriture de ce livre a été faite selon une démarche inhabituelle. Car, il a fallu du courage pour remuer le passé, avec toutes ses douleurs et souvenirs amers. La persévérance a payé puisque l’auteur a reçu des témoignages inattendus. Ainsi, un certain Toufik G., dont l’auteur garde l’anonymat, a écrit ceci : «Ce livre doit absolument être disponible en Algérie. Il faut que nos jeunes puissent le lire.» Autre témoignage encore plus surprenant vient du Général Faivre : «L’auteur décrit une réalité complexe, plus riche qu’on ne l’imagine, où deux communautés différentes se côtoient et s’acceptent.» Quant à Jean-Marcel L. : «…Votre livre touche un point essentiel jamais abordé à ma connaissance. Il jette les bases de la réconciliation. Quand entre Français et surtout pieds-noirs et Algériens on ne se jettera plus la guerre d’indépendance et la conquête à la figure avec leurs cortèges d’horreurs bilatérales et qu’on parlera d’autres choses, et pourquoi pas du bon temps des colonies, un pas primordial aura été franchi…» Ce live a l’air d’avoir tout de suite eu de bons échos, puisque Pierre D. a assuré à l’auteur que «les Pieds-Noirs vont offrir ce livre à leurs enfants car il jette un regard souriant sur une cohabitation qui a trop été vilipendée.» Enfin, pour Mustapha M. universitaire algérien : «Votre livre est remarquable, il va circuler en Algérie, soyez en sûr. Les jeunes générations n’arrêtent pas de nous questionner.» Et puis, ajoute l’auteur que nous avons rencontré, il y a le commentaire d’un de mes fils : «Enfin tu nous parles de ta vie, de celle des pieds-noirs en Algérie et tu publies un texte ougrave,; pour une fois, il n’est pas question de guerre, de morts, de conflits…».


Pour Roger Vetillard donc, il serait temps de tourner la page de la guerre d’Algérie et de penser à partager avec les nouvelles générations autre chose que la période douloureuse. Il y a également eu de bons moments vécus par les différentes communautés, et il est temps d’en parler. Tourner la page n’est pas oublier. Bien au contraire, c’est replacer les choses dans leur contexte pour mieux en tirer les leçons. Il y a encore de l’espoir donc, pour que cette douloureuse guerre serve comme leçon à tous les peuples, surtout, pour que ça ne se reproduise ni ici, ni ailleurs. Car la Guerre d’Algérie a eu un écho dans le monde entier. La paix en Algérie, entre les communautés, devrait faire de même, dans ce cas.


Le livre «Français d’Algérie et Algériens avant 1962» est très riche en témoignages de toutes sortes de témoins qui ont connu cette période. Plusieurs anecdotes sont rapportées, certaines avec humour. Que ce soit du côté algérien, ou de celui des pieds-noirs. Certains de ces témoins ont, plus tard, occupé des postes importants dans les deux pays. Plusieurs écrivains de renommée ont également été cités. D’ailleurs, la bibliographie publiée à la fin est d’une grande richesse. Elle pourrait largement servir aux chercheurs pour approfondir cette étude et aller plus loin dans la réflexion. Le temps de la restauration serait-il arrivé ? Des photos et des facsimilés ainsi que du courrier viennent également enrichir cet ouvrage. Plusieurs aspects de notre histoire se trouvent ainsi dévoilés et même révélés, alors qu’ils auraient dû l’être depuis longtemps, tellement ils sont édifiants. Le livre a été écrit avec cœur et émotions. L’amour de l’Algérie se voit encore sur le visage de l’auteur, qui a encore gardé beaucoup de relations avec le pays et y conserve de solides amitiés. En tous cas, le livre ne passera pas inaperçu, et suscitera à n’en point douter beaucoup de débat.

N. Si Yani

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