De son nom complet, Gaius Marius Victorinus Afer. Il était un grammairien berbère, enseignant de rhétorique, traducteur et philosophe néoplatonicien. Il serait né à Taghaste (peut-être entre 300 et 382) et Saint Augustin l’avait cité dans ses œuvres, rappelant qu’il était son compatriote.
Victorinus a vécu au quatrième siècle, aussi bien en Afrique qu’en Europe. A Rome, il enseigna la rhétorique et eu comme élève le futur Saint Jérôme auteur de la plus connue des traductions latines de laBible. Lui-même, ne s’est convertit au christianisme qu’à la fin de sa vie. Et avec ça, il a laissé un impact réel sur la théologie chrétienne. Mais avant cela, il était célèbre pour ses nombreux écrits, commentaires et traductions, notamment des œuvres de Platon, d’Aristote et de Cicéron. Il a abondamment commenté les Lettres de Saint Paul, et il a publié un traité sur la Trinité pour répondre à un autre berbère accusé d’hérésie, Arius.
On attribue aujourd’hui à Victorinus de nombreux ouvrages, traités et poèmes. Mais leur authenticité est parfois encore débattue. On a continué encore au 20eme siècle, à découvrir des manuscrits inconnus de ce célèbre auteur. Ce fut le cas par exemple, du commentaire « De inventione » de Cicéron, découvert au Vatican dans les années 1930. Son savoir était encyclopédique, puisqu’il ne craignait pas d’aborder les sujets les plus divers : la métrique, la géographie, la médecine ou la grammaire, sans parler de philosophie et de théologie.
Selon l’Encyclopédie en ligne Wikipedia, Victorinus est classé parmi les Pères de l’Eglise. Ce qui en ferait, à côté de Minucius Félix, Tertullien, Cyprien de Carthage, Lactance et Saint Augustin, le sixième berbère à porter ce titre. « Son intérêt provient de deux choses : d'une part saint Augustin dit que Victorinus lui avait fait lire des livres de "platoniciens" (on pense qu'il s'agit des Ennéades de Plotin); d'autre part, Victorinus qui connaissait assez bien ces doctrines platoniciennes les a utilisées pour construire sa doctrine de la Trinité de Dieu, qui est sans précédent dans la théologie paléochrétienne ».
Victorinus a connu en partie la persécution des chrétiens décidée par Rome. C’est ainsi que l’Empereur Julien publia vers 362 un édit interdisant aux Chrétiens de donner des cours, Victorinus a été obligé de fermer son école. Mais sous un autre Empereur, Trajan, une statue de Victorinus fut érigée en son honneur.
Certains écrivains modernes cherchent à trouver une influence de Victorinus sur la pensée et l’œuvre d’Augustin. Ils avancent l’idée qu’après sa conversion, le futur Evêque d’Hippone a du lire les œuvres exégétiques de Victorinus. D’après le témoignage des Confessions, Augustin savait que Marius Victorinus avait traduit les libri Platonicorum, qu’il était un ancien professeur de rhétorique de Rome, et qu’il « a entendu dire qu’il était mort chrétien ». Nulle part il ne laisse entendre qu’il aurait copié quoi que ce soit de son aîné. Mais il reconnait volontiers l’influence qu’il exerça sur lui, notamment en orientant ses lectures philosophiques.
Marius Victorinus nous laisse un riche patrimoine, à la fois philosophique que théologique. Dommage que personne dans son pays natal, Tamazgha, ne le connaisse ni ne l’enseigne. On aurait pu profiter de sa façon de penser et de raisonner et mieux comprendre ses motivations et ses inspirations.
Nabil Z.
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