Le Times Higher Education World University Rankings 2019 vient de publier son nouveau palmarès des meilleures universités dans le monde. En Algérie, celle de Béjaia se classe au premier rang.
Il existe plusieurs types de classement d’universités dans le monde. Chacun a sa méthode d’évaluation et de calcul. Certaines ont été créées juste pour valoriser des établissements bien précis, tandis que d’autres le font de façon plutôt rationnelle. C’est le cas du THEWUR qui vient de classer l’Université de Béjaia à la 810eme place sur 1250 université dans le monde, surpassant toutes ses homologues algériennes et devançant des universités américaines, françaises et japonaises.
Voici comment cet organisme décrit l’Université de Béjaia : « Fondée en 1983 avec 205 étudiants, l'Université Abderrahmane Mira ou Université de Béjaïa, se classe parmi les universités à la croissance la plus rapide au monde. S'il a fallu à cette institution algérienne jusqu'en 1992 pour obtenir le statut de centre universitaire, et 1998 pour devenir une université, en moins de 30 ans elle compte plus de 40.000 étudiants.
Du nom d'un natif de la province de Béjaïa, décédé en 1959 comme un des héros de la guerre d'indépendance de l'Algérie. L'université enseigne en français, en arabe et en tamazight (aussi appelé parfois berbère), reflétant ainsi la diversité linguistique de l'Algérie. Elle offre des cours de tamazight depuis 1991 et ses étudiants ont été parmi les militants les plus engagés en faveur des droits linguistiques.
Basée dans la ville portuaire méditerranéenne dont l'industrie de la cire a donné le surnom francophone - bougie - a donné naissance au mot français la bougie, l'université s'appuie sur deux campus, qui comptent à eux seuls plus de 30 laboratoires de recherche. Le campus de Targa Ouzemmour abrite la technologie, les sciences exactes, les sciences naturelles et de la vie tandis que le campus d'Aboudaou ouvert en 2003 sur la route entre Béjaïa et Tichy est occupé par la faculté de médecine ainsi que les facultés de droit, d'économie, de gestion et de commerce et des arts et langues. Un troisième campus est en cours de développement à Berchiche.
Il vise à combiner "le développement durable... en harmonie avec les défis de la mondialisation", et accueille des centres de recherche pour l'innovation et le transfert de technologie et la technologie alimentaire. Première université algérienne dans l'Indice Nature 2018, elle a été l'une des quatre universités algériennes, dont deux universités, à participer au projet Erasmus SATELIT, visant à développer les écosystèmes d'innovation des établissements d'enseignement supérieur dans la région du Maghreb ».
Des chiffes impressionnants Le site précise également que plus de 60 % des étudiants sont de sexe féminin. Et on compte en moyenne un encadrement de 25,8 étudiants par responsable technico-pédagogique. Par ailleurs, le nombre d’étudiants étrangers qui étudient dans cette université n’a pas pu être précisé. Sachant toutefois que nombre d’étudiants sub-sahariens fréquentent l’Université Aderrahmane Mira, ainsi que des étudiants européens qui y passent des séjours plus ou moins longs pour y terminer leur thèse de doctorat.
En réalité, les chiffres sont plus grands que ça. Il y a près de cinquante mille étudiants dans cette université, avec mil six cents enseignants tous grades confondus, dont quelques soixante-dix de rang professoral. Les laboratoires sont nombreux également et bien équipés, et les étudiants sortants, réussissent presque tous dans les concours nationaux des grandes écoles se permettant même d’occuper les premières places dans la majorité des cas. Même au niveau international, de nombreux étudiants issus de cette université s’en sortent haut la main. Ces étudiants, notamment les doctorants et les enseignants participent chaque année avec des centaines de publications scientifiques dans les plus grandes revues de leurs disciplines, aussi bien françaises qu’anglo-saxones.
Etudiants et Entreprises
Ces étudiants sont en réalité le véritable poumon de cette université. En plus de suivre leurs cours, ils s’engagent dans une multitude d’activités, dans le cadre des associations et des clubs scientifiques. Leur engagement ne se dément jamais, puisque sans eux, les activités para pédagogiques ne seraient pas ce qu’elles sont aujourd’hui.
L’Université de Béjaia a aussi un autre point fort. Il s’agit de sa relation avec le monde du travail. De façon régulière, des événements sont organisés avec de nombreuses entreprises, et beaucoup d’étudiants y trouvent du travail, devenant ainsi de véritables ambassadeurs de l’Université dans le monde économique. Il est aussi possible de parler des nombreux et innombrables colloques, séminaires, conférences et autres tables rondes organisées dans les différents campus, avec des thématiques aussi variées que celles des technologies, des sciences sociales, de la culture, de la médecine, etc. De plus, l’université de Béjaia a signé de nombreux protocoles et conventions avec d’autres universités aussi bien en Algérie que dans le monde, lui permettant d’avoir une ouverture très large sur l’évolution du monde, partageant ses connaissances et profitant de celles des autres.
Le travail engagé par les différentes équipes, notamment celles dirigées par le recteur commence donc à porter son fruit. Contacté à ce sujet, le Professeur Boualem Saidani assure que ce résultat est le fruit des efforts consentis par tous, étudiants, enseignants et personnel technico-administratif, sans oublier le soutient du ministère.
Nombreux problèmes
Pourtant, ce ne sont pas les problèmes qui manquent autour de cette université. L’explosion du nombre d’étudiants a obligé ses responsables à vite engager l’ouverture d’autres campus, à la fois pour contenir la demande et élargir les champs d’études et d’enseignements. Ainsi, en plus des deux campus initiaux, Targa Ouzemmour et Aboudaou, deux autres ont été programmés à Amizour et El Kseur. Malheureusement, le premier a connu des péripéties indescriptibles malgré tous les avantages qu’il offre, et le deuxième accuse des retards lamentables.
De plus, il faut noter le manque d’aide de la part des communes à l’environnement immédiat de ces campus : insalubrité, inondations fréquentes, impraticabilité de certaines rues, manque d’éclairage public, etc. Ce qui rend le mérite de cet établissement encore plus grand, c’est qu’il avance malgré tout. Il y a certainement un effort à faire par les différentes autorités pour intégrer l’université dans leurs activités économiques et culturelles, car on sent l’absence de la réflexion académique dans les projets envisagés ça et là, rejetant l’expertise au profit du bricolage.
Par ailleurs, l’engagement des étudiants et enseignants en faveur de Tamazight et des droits sociaux et politiques fait que cet établissement connaît en permanence des soubresauts revendicatifs, avec des grèves à rallonge, des fermetures de portes, des boycotts d’examens, etc. cette situations, malgré ses nombreux inconvénients finit toujours par être dépassée, et des solutions trouvées, afin de permettre aux cours de reprendre dans les meilleures conditions possibles et de terminer les programmes.
L’avenir de cette université est prometteur, surtout qu’elle commence à se faire un nom dans le monde, honorant ainsi le pays et sa ville, Béjaia. Le chemin est encore lent, car il faudrait remonter la liste des universités de dimensions mondiales pour se classer encore parmi les meilleures.
Nabil Z.
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