Les berbères ont beaucoup participé au développement de la civilisation occidentale dont ils faisaient partie. Ils ont fait de grands dons à cette civilisation avec des géants comme Apulée de Madaure, Juba II, des papes et plusieurs pères de l’Eglise. Parmi ces deniers, Victorinus.
Gaius Marius Victorinus Afer, était philosophe, grammairien rhéteur, encyclopédiste et enseignant à Rome. Il est né à Tipaza en Numidie vers l’an 288 et était appelé Afer, l’Africain. Il a formé des générations de penseurs et d’érudits latins dont le célèbre Saint Jérôme, traducteur de la Bible. Il eut un impact tellement important sur son époque que les romains lui ont érigé une statue sur le forum de Trajan.
Victorinus était philosophe néo-platonicien. Il a sélectionné, traduit et commenté plusieurs traités philosophiques. Saint Augustin qui le connaissait personnellement disait de lui : « Ce vieillard si savant et si compétant dans tous les arts libéraux, avait lu tant de textes de philosophes et en avait fait le tri critique ». L’immense travail que Victorinus a fait a été de lire une grande quantité de livres et d’en faire le tri et la sélection. Il en a traduit de larges extraits, en fonction de l’intérêt qu’il leur trouvait. Sa manière de traduire, disent les spécialistes, relève plus du commentaire que de la traduction pure et simple. Il ne pouvait se permettre de transmettre la pensée des anciens sans y avoir ajouté ses propres pensées et commentaires. Sa maîtrise de la philosophie néo-platonicienne en a fait le maître incontesté. Il a entre autres, traduit Platon et Aristote.
En plus de ces traductions, Victorinus a rédigé lui-même de nombreux livres. Parfois faussement attribués à d’autres, comme la célèbre et monumentale oeuvre philosophique De Definitionibus, attribuée à tort à Boèce. Il a aussi publié un manuel de prosodie, en quatre livres, et des traités concernant la métrique, la géographie, la médecine et la grammaire. On lui connait également un commentaire sur le De inventione de Cicéron, qui a été découvert au Vatican dans les années 1930, ainsi que des commentaires du Nouveau Testament, notamment les Épîtres de Paul de Tarse (Épître aux Galates ; aux Éphésiens ; aux Philippiens).
Victorinus a vécu une période religieusement très riche, puisque ce fut celle de la crise entre les donatistes et les catholiques. Quoi qu’encore non converti, il a utilisé ses connaissances philosophiques pour combattre l’arianisme et le manichéisme. Ce n’est qu’à un âge avancé qu’il s’est converti au christianisme. C’est à partir de cette période qu’il a fait en sorte que dans ses écrits, il combatte l'arianisme et tente d'harmoniser la foi
chrétienne et la métaphysique néo-platonicienne. Puis il se consacre à son œuvre majeure qui lui a valu la reconnaissance de l’Eglise, à savoir De Trinitate ou il expose, en utilisant la philosophie, le concept de laTrinité. D’ailleurs, il est intéressant de noter que ce fut un autre berbère, devenu lui aussi Père de l’Eglise, Tertullien, qui a inventé le terme de Trinité. C’est dire l’influence des penseurs amazighs sur la théologie, et le rôle qu’ils ont joué dans la fondation de la doctrine chrétienne telle que nous la connaissons aujourd‘hui. On connait de Victorinus également, un petit traité sur « Le soir et le matin sont un seul jour ». Certains poèmes chrétiens portent aussi son nom, comme les hymnes trinitaires.
Selon l’encyclopédie en ligne Wikipedia, on le range parmi les Pères latins de l'Église. Sa conversion a eu un grand impact sur celle de Saint Augustin. Son intérêt provient de deux choses : d'une part ce dernier dit que Victorinus lui avait fait lire des livres de "platoniciens" (on pense qu'il s'agit des Ennéades de Plotin); d'autre part, Victorinus qui connaissait assez bien les doctrines platoniciennes les a utilisées pour construire sa doctrine de la Trinité de Dieu, qui est sans précédent dans la théologie paléochrétienne.
Sur les trente-trois Pères de l’Eglise, on compte donc cinq qui sont berbères : Tertullien, Cyprien, Lactance, Victorinus et Augustin. Sans compter l’influence qu’ils ont exercé sur les autres qui sont devenus à leur tour des Pères de l’Eglise.
L’influence des berbères sur l’Occident s’est également opérée dans d’autres domaines, comme les arts, les sciences et les lettres.
Nabil Z.
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