Beaucoup de gens ignorent l’histoire prophétique de Tamazgha. Pourtant, il y a des légendes qui racontent que des prophètes, aussi bien bibliques que païens, auraient foulé le sol de l’Afrique du Nord.
Il y a une femme dans l’histoire berbère qui avait été reconnue comme ayant le don de prophétie. Elle n’était pourtant ni juive ni chrétienne,et a été reconnue par les siens comme une prophétesse, au vu des annonces qu’elle faisait et qui se seraient avérées réelles. Il s’agit de la mère de Massinissa.
On ne sait pas grand-chose de la mère du célèbre Aguelid. On ne connaît même pas son nom. Mais on disait d’elle qu’elle pouvait annoncer l’avenir aux hommes. L’historiographie romaine a signalé à maintes reprises que la mère de Massinissa exerçait sur lui un tel pouvoir qu’elle l’accompagnait même sur les champs de bataille, aussi bien en Espagne qu’en Afrique.
Silius Italicus qui était à la fois poète et homme politique du premier siècle l’avait signalé dans un livre qu’il avait consacré aux guerres puniques. « Punica » est une épopée de dix-sept chants et douze milles hexamètres qui a raconté la deuxième guerre punique, de Hannibal à Scipion l’Africain, sur le style de Virgile. Il avait raconté que Massinissa était souvent accompagné de sa mère qui lui augurait à l’avance de l’issue des batailles.
Selon lui, à la fin de la conquête de l’Espagne par les armées numides, Massinissa, allié des carthaginois, était terrassé par la fatigue. Il s’est retiré pour prendre quelque repos, après la défaite du père d’Hannibal Barca, Hasdrubal. Soudainement, des flemmes intempestives et inoffensives entourèrent sa tête. Sa mère, témoin de la scène, prédit que son fils allait devenir un grand allié des romains, et qu’il allait hériter d’un royaume plus vaste que celui que son père lui avait laissé. Le lendemain, une alliance fut conclue entre lui et le célèbre Scipion l’Africain, général romain.
De son côté, Dion Cassius qui a vécu un siècle plus tard, et qui était quelque temps Proconsul d’Afrique proche de l’empereur berbère de Rome Septime Sévère, avait écrit un livre intitulé « Sur les rêves et les présages ». Il avait découvert que certaines personnes pouvaient annoncer des événements futurs et les voir se réaliser. Il a découvert qu’en Afrique du Nord, il existait des personnes qui pratiquaient une sorte de prophétie, à l’exemple de la mère de Massinissa qu’il n’a pas pris la peine de nommer.
L’historien Zonaras a rapporté que Massinissa était constamment informé par sa mère des futures attaques des espagnols, et en informait les romains pour se préparer et surprendre l’ennemi. Les espagnols, alliés de Carthage ont fini par capituler.
L’historien grec Appien d’Alexandrie qui est né à la fin du premier siècle, auteur d’une « histoire romaine », avait donné une grande importance à la mère du roi numide, reconnaissant en elle une voyante capable de lire l’avenir.
Reste à savoir quel type de prophétesse était la mère du grand roi. Avait-elle des songes prémonitoires ? Ou bien avait-elle des visions ? Car le titre de prophète peut être attribué à plusieurs sortes de devins et de magiciens. Pratiquait-elle un quelconque art divinatoire ? Car des ce sont étrangers influents qui ont effectivement parlé d’elle, surtout parce que ses augures étaient tournées essentiellement en faveur de son fils. A cette même époque, des prophètes hébreux voyaient déjà l’avenir de l’Afrique du Nord, et plusieurs prophètes ont annoncé des oracles sur le monde entier.
La prophétie ne consiste pas seulement à prédire l’avenir, mais surtout à être le porte parole de quelqu’un. Une divinité, un roi, un chef de guerre. Mais elle permet aussi de lire dans les pensées et les signes à la fois de la nature que ceux du temps. Maman Massinissa restera-t-elle pour toujours une prophétesse mystérieuse ? Des recherches permettront-elles de mieux la connaître et de la comprendre ? Y a t-il eu d’autres « prophètes » berbères ? Y a t-il eu de véritables prophètes connus dans le monde, et qui auraient vécu en terre amazighe ?
Nabil Z.
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