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  • Photo du rédacteurNabil Z.

Yennayer : Polémiques et Controverses

La réhabilitation de la célébration de Yennayer depuis quelques années a été considérée comme une joie pour certains et un juste retournement des choses pour d’autres. Mais pour une certaine catégorie de gens, c’est un scandale qu’elle tient à dénoncer haut et fort. Qu’en est-il réellement ?

Yennayer est la célébration du Nouvel an Amazigh. Elle se fait depuis toujours, et bien malin celui qui pourra nous dire quand cet événement a commencé. Tout ce qu’en on sait, c’est qu’il indique le début d’une nouvelle année, basé sur un calendrier agraire, permettant de mieux maitriser les semailles, les plantations et les récoltes. Autour de ce calendrier, comme partout dans le monde, il y a des fêtes et des dates plus importantes, en fonction des saisons. La célébration de Yennayer donne lieu à des réjouissances, tant familiales que tribales et permet aux gens d’espérer une année nouvelle bénie, riche en eau et généreuse en conditions climatiques. Ces réjouissances, avec le temps, ont été plus ou moins formalisées en fonction des régions. Mais elles s’accordent toutes sur le principe de sa célébration. On y trouve ainsi un plat de partage, qui est en général un couscous ou un de ses dérivés, de la viande de poulet, des légumes, ainsi que des fruits secs. A côté, il y a aussi la part des enfants, avec la distribution de gâteaux et des friandises. Toujours en fonction des régions, en cette journée, on organise la première coupe des cheveux des nouveaux nés.  Mais tout cela est bien sûr encadré par l’Assemblée des Anciens, Tajmaat, qui tient au respect d’un certain nombre de règles et de procédures. Et les gestes accomplis ne manquent pas de symboles. Par exemple, celui du Poulet. On donne à manger aux garçons les cuisses, symbolisant la force et la vigueur, tandis qu’on donne aux filles les ailes, pour leur souhaiter de pouvoir s’envoler vers une nouvelle vie et fonder une nouvelle famille. Que le prince charmant vienne les prendre pour s’envoler vers leur destinée. Les enfants, durant cette fête, vont de maison en maison, chantent une chanson ou récitent un poème, et reçoivent en retour des friandises, pour les encourager à mémoriser les paroles et faire perdurer les traditions, socle de leur identité. Tout cela, dans un esprit festif et de bonne humeur. De plus, il ne faut pas oublier que cette fête tombe en début d’hiver, et que la rigueur du temps ne fait que commencer. Ce qui explique pourquoi toute la fête est entourée de feux et de sources de chaleur. Rites païens : L’un des reproches que les détracteurs de Yennayer avancent, est celui de l’exécution de rites païens. Il faudrait d’abord rappeler que Yennayer est une fête plusieurs fois millénaire, bien antérieure à l’Islam et au Christianisme. Peut-être même au judaïsme lui-même. Et à ce propos, il ne serait pas inutile de rappeler que les Berbères étaient eux-mêmes des païens, comme les autres peuples d’Afrique, d’Asie et d’Europe. Toutes les fêtes avaient une dimension religieuse, et les plus anciennes d’entre elles sont d’origine païenne. La célébration même de Noël est d’origine païenne, puisqu’elle tient ses racines dans la religion des romains, et qu’elle ne figure nulle part dans la Bible. C’est aussi le cas de plusieurs rites musulmans, qui sont d’origine soit du judaïsme, comme l’Achoura, du christianisme, comme le Mouloud, et même du paganisme pour les rites du Pèlerinage qui se faisait des décennies avant l’Islam. Yennayer et d’ailleurs, la seule fête que célèbrent encore aujourd’hui tous les berbères et qui ne soit pas d’origine musulmane, chrétienne ou juive. Et à ce propos, il faudrait rappeler que cette fête a été formalisée à l’occasion de l’accession d’un grand berbère au trône d’Égypte il y a de cela 2970 ans. Il s’agit du célèbre Chachnaq, dont la Bible nous raconte une partie de ses exploits. Quelque soit l’angle par lequel nous voulons analyser les événements sociaux, on ne peut échapper à la dimension religieuse, au sens large du terme. Mais Yennayer, tel que célébré aujourd’hui, exprime-t-il un aspect religieux ? Pratique-t-on des rites païens lors de cette célébration ? Pour tenter de répondre à ces questions, il faudra faire remarquer que la consommation du poulet le jour de la fête n’est pas soumise à un rite religieux quelconque. Il n’est pas question de sacrifier l’animal pour une quelconque divinité, et la plupart des gens achètent leur poulet au marché, sans se poser de questions relatives à la manière dont l’animal a été apprêté. Concernant la coupe de cheveux des enfants, il n’est dit nulle part qu’elle doit être faite par un quelconque imam ou prêtre. D’ailleurs, la circoncision elle-même ne se fait plus que par des médecins, à qui personne ne demande des comptes sur leurs convictions religieuses. La coupe des cheveux se fait en général par le père ou par un aîné, symbolisant l’autorité et la protection, non seulement de l’enfant, mais de la famille et de la tribu. Critiques malvenues et malhonnêtes Il y a certes une dimension anthropologique dans la célébration de Yennayer, comme de toute autre fête. Mais il serait particulièrement malvenu de lui attribuer une quelconque valeur religieuse. Il serait même malhonnête de la dénigrer sous prétexte qu’elle serait d’origine païenne. Car la joie et l’espoir ne connaissent ni religion ni appartenance ethnique.  Ceux qui s’opposent à la célébration de Yennayer en réalité, ont compris que le retour de cette fête dans les foyers amazighs est une annonce de retour en force de la culture et de l’identité amazighs, et que les celles qui nous ont été imposées depuis des siècles ont reçu le message que leur règne est en train de vivre le début de leur fin. S’opposer à Yennayer est clairement une tentative de nous garder sous un joug qui nous a fait tant de mal depuis des siècles. La réappropriation de nos valeurs permettrait à chacun de mieux comprendre ce qu’il est, et de connaître sa place au milieu des nations, une place qui autrefois a permis de produire des idées, des techniques et des traditions universelles, à l’exemple de cette fête de Yennayer que les irlandais, écossais et autres peuples du Nord ont reçue de nos ancêtres pour constituer les bases d’une autres fête appelée Halloween. Fête qui a pris depuis, une connotation spirituelle en Occident, sans en affecter les sources, le pays de Tamazgha.  Récupérer notre patrimoine Il n’y a d’ailleurs pas que Yennayer qu’il faudra pleinement récupérer. Tout ce qui est sorti de notre culture et qui a été transmis aux autres peuples devra être recensé, répertorié et pleinement réintégré dans notre culture berbère. Car une fois transmis, nous l’avons abandonné et considéré comme étant étranger à notre civilisation. L’ayant abandonné, nous nous sommes affaiblis, et nous avons ouvert la porte à d’autres traditions qui nous sont tellement étrangères et qui ont tout fait pour dénaturer notre identité, la changer et la pervertir, au point ou le nom même de notre peuple a été confondu avec les Barbares venus de toutes parts. Aussi bien d’Orient que du Septentrion. Oui, nous sommes Berbères, Amazighs et Libyens. Nous sommes des Hespérides, dits Maghrébins. Nous sommes le peuple de l’Afrique du Nord, et nous célébrons toutes les grâces et tous les bienfaits qui nous ont été accordés par le Créateur, en nous repentant d’avoir craché dessus. Nabil Z.


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