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Photo du rédacteurNabil Z.

La Nécropole Antique de Roknia près de Guelma

L’Afrique du Nord recèle de nombreuses traces de l’existence de civilisations successives, dont les plus anciennes sont probablement les peintures rupestres du Tassili et les grottes d’Afalu Burmel. Mais il y en a de nombreuses autres qui restent largement méconnues du grand public, à l’exemple de la nécropole de Roknia, dans la région de Guelma.


Cette région a été le témoin du passage de nombreuses civilisations berbères. L’antique Calama a été une terre de culture et de sciences, témoin du passage de nombreuses personnalités qui ont par la suite eu des influences d’une grande importance sur la civilisation humaine. N’eut-ce été sa situation géographique, elle aurait largement concurrencé Carthage qui bénéficiait de son littoral la rendant plus accessible.

En dehors de son amphithéâtre, et de la proximité de ses thermes, Guelma abrite également à une quarantaine de kilomètres, une immense nécropole qui s’étend sur plus de quatre kilomètres de long. Il semblerait que ce lieu ait servi à la sépulture des habitants de la région pendant des centaines d’années.


La Nécropole de Roknia est totalement amazighe, puisqu’elle date d’avant la période punique. Donc vieille de plus de trois mille ans. Elle est constituée de plus de trois milles dolmens et menhirs constitués de roches monolithiques. En passant à proximité, presque personne ne les remarque, notamment à cause de la particularité de ses caractéristiques.

En effet, les fouilles entreprises par René Bourguignat en 1858 laissent apparaître des cases quadrangulaires dont la hauteur varie entre 1 m et 1,30 m et la largeur de 0,60 m à 0,80. Elles sont délimitées par 4 à 6 supports le plus souvent monolithes, d’un mètre de hauteur posés sur chant, sans socle. La dalle qui les recouvre est de 2 m de mesure moyenne. Elles sont entourées de cercles en pierres. Elles échappent donc au regard des passants, justement parce que rien n’a été fait pour les faire connaître. Cet immense patrimoine qui témoigne de l’ancienneté de la civilisation berbère a été négligé, justement parce qu’il ne fait la promotion d’aucun envahisseur étranger. Ni punique, ni grec, ni romain, ni byzantin, ni arabe, ni espagnol, ni français. C’est un pur produit de nos ancêtres berbères, tout comme les tombeaux de Medghassen et de Massinissa.


L’absence de mise en valeur de ce site archéologique maintient les peuples d’Afrique du Nord dans une totale ignorance de leur histoire et de leur patrimoine, se sentant obligé d’en emprunter aux autres civilisations venues effacer l’originale, l’authentique. Le berbère d’aujourd’hui, faute de cette connaissance, se croit venu du Yémen, d’Arabie, de Turquie, d’Espagne ou d’ailleurs. Il ignore tout de ses véritables ancêtres et de ses origines plusieurs fois millénaires en terre de Tamazgha. Tous ces sites ont pourtant bien été répertoriés par le ministère de la culture. Et pourtant, rien n’est fait pour les faire connaître au grand public. Il n’existe dans nos librairies aucune trace sérieuse de livres et de guide touristiques qui font la présentation, et encore moins, la promotion de ce patrimoine.

D’autres sites non moins importants sont également passés à la trappe de la politique culturelle officielle. On peut aussi citer les Djeddars de Tiaret par exemple. Aujourd’hui, seuls des sites comme ceux de Timgad et de Djemila sont mis en avant. Et ils sont exploités de façon dangereuse, les mettant en danger de dégradation en y organisant des événements de grande ampleur, négligeant de les protéger pour les préserver. l’archéologue Nacera Benseddik ne cesse d’avertir les autorités sur cette situation, mais elle semble prêcher dans le désordre, tellement personne ne l’écoute.


Combien d’autres sites, à l’exemple de la Nécropole de Roknia sont ainsi ignorés du public et laissé à l’abandon par les responsables culturels et touristiques du pays ? A quand leur introduction dans les livres d’histoire de notre école ? A quand la réhabilitation de notre histoire, vecteur du développement de notre culture, et par là même, de notre identité ?

Rappelons tout de même que si à Roknia seulement on a dénombré plus de trois mille dolmens, il n’en existe dans toute la France qu’à peine plus, c’est à dire quatre mille cinq cents. Ce qui démontre la densité de la population en Afrique du Nord il y a trois mille ans. De plus, la similitude de ce genre de pratique sur les deux bords de la Méditerranée, tendrait à montrer l’existence d’un lien entre les populations des deux rives. Quelle a été la plus ancienne, et qui a influencé l’autre ? Y aurait-il eu une migration de l’une des rives vers l’autre, et dans quel sens ? La réponse à ces questions nous aiderait certainement à mieux connaître notre histoire et mieux envisager notre avenir. La culture n’est pas seulement une question de musique et de folklore, elle comprend toutes les composantes de la vie, y compris les lieux de sépulture.


Nabil Z.

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